Charleroi-Gosselies, le 26 juillet 2013. Dans l’un des nouveaux bâtiments de l’Aéropole, face à la nouvelle aérogare de Brussels South-Charleroi, Jean-Claude Streel, business development manager chez Venyo, nous fait un topo circonstancié sur le nouveau prototype du simulateur Boeing 737NG, une innovation technologique wallonne dont la stratégie marketing bien affûtée ne peut que la mettre sur les rails du succès.
Technologie aérospatiale de pointe sous label Wallonie
La société Venyo a été constituée avec des capitaux wallons tant publics que privés. Elle a travaillé cinq ans en sous-marin afin de bien étudier toutes les composantes et dimensions du marché vaste et complexe des simulateurs de vol. C’est donc avec une connaissance avérée de l’offre et de la demande que Venyo, sous la férule de Fabrice Cornet son chief executive officer, a lancé la fabrication du prototype de son simulateur B737NG ou Boeing 737 Nouvelle Génération. Contrairement aux simulateurs traditionnels – si on peut ainsi les qualifier – qui nécessitent de six à huit semaines à dater de leur livraison (pas de leur commande qui se fait des mois si pas des années plus tôt) pour devenir opérationnels, alors que le simulateur de Venyo l’est dans un laps de temps n’excédant pas les 48 heures parce que, entre autres choses, le Venyo ne requiert pas de source extérieure d’énergie. Ce n’est pas qu’une affirmation de fabricant, dès lors que Venyo a amené son prototype au Salon du Bourget en juin dernier, lequel était effectivement mis en action moins de deux jours plus tard. C’était le premier simulateur de vol jamais présenté « life » au Salon du Bourget: si ce n’est pas un exploit, c’est à tout le moins une prouesse technique!
Une stratégie de marketing affûtée
La connaissance approfondie du marché acquise ces dernières années ainsi que le vif intérêt qu’a suscité le prototype du simulateur auprès des clients potentiels lors du Salon du Bourget entraînent logiquement le management et les actionnaires de Venyo à établir le dossier d’industrialisation (en quelque sorte la bible technique) du simulateur afin de lancer sa fabrication en série. Préalablement et parallèlement, Venyo s’est attelée à obtenir les reconnaissances officielles indispensables à la commercialisation du simulateur créé par l’entreprise wallonne. Sur base d’un dossier bien ficelé, Venyo s’est vu décerner l’attestation ATO (Approved Training Organization) par la très rigoureuse EASA (European Aviation Safety Agency ou Agence Européenne de la Sécurité Aérienne). Le sérieux de la certification EASA a incité la DGA belge (Direction Générale de l’Aviation) a reconnaître le statut d’ATO à Venyo mais également à lui conférer un statut « d’éclaireur » face aux nouvelles réglementations instaurées supra nationalement par l’EASA.
Les trois premiers simulateurs de Venyo seront utilisés en propre en tant qu’ATO dans le cadre de la formation MCC (Multi Crew Coordination) dans le courant du 1er trimestre 2014.
Les études de marché ont clairement révélé la complexité de mise en œuvre des simulateurs mais aussi de leur coût d’exploitation et de mise à jour grevant les budgets des utilisateurs. Conscient de ces paramètres contraignants pour les clients potentiels, Venyo offre non seulement un simulateur moderne et d’une mobilité extrême, car opérable sans logistique lourde (une simple prise mono de 19 ampères est amplement suffisante) et qui est sans équivalent sur le marché, mais qui est aussi – et surtout – d’un coût opérationnel réduit et totalement maîtrisable. Venyo propose effectivement le simulateur Boeing 737NG en leasing full service sur une base « pay for use » ou payement proportionnel à l’utilisation, ce qui devrait séduire les compagnies aériennes autant que les écoles de pilotage, car remplaçant de lourds frais fixes par des frais strictement proportionnels et donc beaucoup plus supportables.
Philippe et Marvin de la production posent devant les certificats EASA/ATO obtenus de haute main par Venyo pour son nouveau simulateur B737NG. |
La stratégie de marketing élaborée par Venyo sur des bases concrètes permet de prévoir la première livraison d’un simulateur B737NG pour la fin du 3ème, sinon le début du 4ème trimestre 2014. Cette stratégie de conquête du marché anticipe le placement d’une trentaine d’autres exemplaires au cours des deux années suivantes, l’objectif réaliste, et faisable, à terme de cinq ans étant d’en commercialiser une centaine.
Le simulateur Venyo en action: on vient de s’aligner sur la piste et on pousse les manettes des gaz à fond. A gauche: l’instructeur Maxime Lambrechts, à droite, l’auteur de l’article. |
Une approche grand public
Les réactions du public observées lors du Salon du Bourget ont incité Venyo à développer également un volet grand public. Cette entreprise jeune et dynamique propose à tout pilote ou individu lambda un accès à son simulateur lors d’une session de deux heures scindée en une heure de briefing et une autre de pratique dans le siège de droite du simulateur, le tout pour la modique somme de 219 euros, tout compris. Chaque souscripteur peut être accompagné de deux personnes en tant qu’observateurs. Le simulateur Boeing 737NG sera accessible de la sorte à Gosselies à partir du 17 août 2013. Tous les détails sur www.venyo.aero.
La main sur le manche
Lors de cette visite chez Venyo, j’ai eu l’opportunité d’essayer le simulateur Boeing 737NG durant une petite demi-heure aux côtés de l’instructeur Maxime Lambrechts.
Ce qui surprend au premier abord, c’est le super réalisme du cockpit: du tableau de bord, bien entendu, mais aussi de l’environnement du poste de pilotage, en ce compris les sièges. L’instrumentation est du type « glass cockpit » auquel je ne suis guère accoutumé, ayant effectué toutes mes heures de vol avec des instruments analogiques et fait un peu de simulateur sur PC avec des logiciels de première génération, à la fin des années 90. Dès que la séance de pilote a débuté, il s’est avéré que les décors extérieurs sont saisissants de réalisme. Les commandes sont extrêmement légères et précises et l’horizon bascule selon la cadence affichée au tableau de bord dès qu’un virage est entamé. J’ai pu faire un décollage avec rotation à 145 nœuds, un petit vol de routine (entendez: sans incident provoqué) et un atterrissage avec approche à 170 nœuds et arrondi à 140. Toutes les conditions étaient réunies comme pour de vrai, y compris le chuintement des réacteurs tel que perçu dans la cabine, la pente de l’avion lors de l’approche de même que l’inclinaison des ailes. Du reste, en virant à forte cadence pour rejoindre la longue finale sur la piste d’un aérodrome côtier, j’ai un court moment confondu le scintillement nocturne des vagues avec des reflets de lumière sur un front nuageux compact et me suis dit, dans mon for intérieur, que je n’allais quand même pas éprouver ma première désorientation spatiale de pilote à bord d’un simulateur!
Cette journée chez Venyo s’est avérée extrêmement instructive à de nombreux points de vue et le moindre n’est, certes pas, le sens profond du marketing dont témoigne cette jeune entreprise wallonne. On pourra dire veni, vedi et, très bientôt, vici chez Venyo.
Jean-Pierre Decock
Photos: Guy Viselé