Saint Hubert, le 27 août 2016. Ce samedi s’annonce bien. La météo prévoit un week-end avec un soleil radieux comme la Belgique n’en a pas connu beaucoup cet été. Depuis plusieurs mois la sympathique équipe qui organise l’Aerovintage sur le terrain de Saint Hubert a entretenu une campagne de promotion intensive sur les réseaux sociaux. Même un public qui ne s’intéresse pas d’habitude aux évènements aéronautiques a reçu par un canal ou un autre l’information qu’un « fly-in »aura lieu dans les Ardennes. Quelque part c’est déjà un beau succès.
Sur la route, une légère brume baigne les forêts, reliquat de l’humidité des semaines précédentes.
A notre arrivée, les de Havilland Chipmunk de Didier Campion et de Gérard Cauberg sont déjà au parking et les planeurs du Centre National de Vol à Voile sont mis en piste. Profitons-en pour visiter les amis du RSAB et de la BAPA et fureter dans les hangars.
Les planeurs et moto-planeurs du Centre National de Vol à Voile vont enchaîner décollages et atterrissages toute la journée. |
L’organisation a demandé aux pilotes de rallier le terrain pour midi mais des conditions météo locales vont retarder certains décollages. Les arrivées vont s’étaler entre 11 et 15 heures. Il n’y aura donc pas embouteillage pour rejoindre le parking qui est d’ailleurs parfaitement organisé par une poignée de jeunes bénévoles. Les équipages avec qui nous avons pu discuter nous ont tous parlé de l’excellente organisation de l’Aerovintage et du personnel de la tour particulièrement amical et efficace. Saint Hubert, c’est tout un état d’esprit.
Parmi les avions qui sont finalement offerts à la curiosité du public, du très bon ! L’intérêt que suscitent Benoit Dierickx et son Bücker ne se dément pas. Le magnifique biplan vert attire toujours autant les curieux et les spécialistes. Benoit nous gratifiera durant l’après-midi de jolis vols ou on oubliera un instant l’appareil photos pour profiter du spectacle. Comme il commence à se faire une jolie réputation, il s’éclipsera quelques heures pour aller montrer son savoir-faire dans un meeting en Allemagne. Mais la grosse surprise du « fly-in » sera l’arrivée d’un second Bücker immatriculé en Autriche et propriété d’une sympathique équipe basée à Temploux. C’était une des premières présentations du OE-CFG. Il s’agit d’un Bücker 131 Jungmann (s/n 115). L’avion sera équipé dans le futur d’un kit fumigène, qui a été acquis avec l’avion. Les propriétaires ont le projet de présenter cet avion en meeting l’année prochaine.
Toujours concentré mais souriant au public, Benoit Dierickx ramène au parking son Bücker 133 Jungmeister à l’issue d’un de ses vols. |
Autres bonnes surprises la visite d’un magnifique Stinson Voyager (F-BFPM) et du Stearman (N4561N) en provenance de l’association Vintage Aero Passion de Soisson en France. Le Voyager qui se fait rare sur nos terrains a lui aussi suscité beaucoup d’intérêt chez les pilotes et les visiteurs.
Cet Aero Vintage fut un excellent millésime. Cette année a d’ailleurs de manière générale permit d’assister à de très bons « fly-in » d’un intérêt parfois fort supérieur aux meetings classiques ou finalement on voit toujours la même chose. Pour l’instant ces manifestations ont échappés à la tentation d’un certain gigantisme (enfin 50.000 personnes pour un meeting en Belgique, peut-on parler de gigantisme ?). Des organisations plus lourdes génèrent inévitablement des problèmes de sécurité inextricables et la menace d’annulation si les risques d’attentats perdurent. Situation qu’ont vécu plusieurs rassemblements aéronautiques en France cet été. Enfin tomber dans le piège de confier un « airshow » à des professionnels n’a pas démontré sa plus-value en Belgique et on a plutôt assisté à des situations ubuesques qu’on ne voit que chez nous. Par contre, lors de plusieurs « fly-in » en Belgique, on a pu constater un certain renouveau de l’aviation privée que l’on croyait à l’agonie. Une autre bonne nouvelle, la présence d’une nouvelle génération dont l’enthousiasme et la motivation n’ont rien à envier à leurs anciens. C’était aussi le cas lors de ce troisième Aerovintage.
Peu connu, ce Pilatus P3, immatriculé F-AZHG est basé au Pays-Bas malgré son immatriculation française. |
C’est toujours un plaisir de voir ce Vans RV-6 immatriculé F-PHAT, (C/N 25304), un visiteur régulier et toujours apprécié des « Fly-in » en Belgique. |
Nouveau à Aerovintage, quelques belles voitures anciennes étaient aussi exposées. Ici une Alvis. Vu l’intérêt du public, une expérience à renouveler les prochaines années. |
Il est cependant un problème qu’il faudra tenter de résoudre pour la saison 2017. Il n’a pas été rare cette année d’avoir quatre rendez-vous aéronautiques le même week-end. Même un passionné ne peut être à deux endroits en même temps et par la force des choses, s’il va à deux « airshow », il va diviser son budget par deux. J’imagine que le même souci de savoir si on va à A ou à B se pose aussi pour les propriétaires d’avions. Ainsi alors que le public semble s’intéresser à nouveau à l’aviation, on risque de fragiliser les organisations en réduisant le public qui s’y rend. La situation n’est pas meilleure si on tient compte de ce qui se passe dans les pays limitrophes. Cette pléthore d’évènements qui donne un peu l’impression d’être désorganisée va aussi inévitablement pousser, d’un jour ou l’autre, les autorités à imposer des mesures de sécurité qui risquent fort de tuer de belles initiatives.
En conclusion, Aerovintage 2016 a tenu toutes ses promesses, nous n’étions pas moins de cinq membres de la rédaction de Hangar Flying à déguster ce qui nous fut offert. Je vous invite à découvrir les photos de Jean-Pierre réalisées le dimanche, journée tout aussi occupée et agréable que le samedi.
Le quatrième Aerovintage, c’est en 2017 avec le plaisir de, sans doute, vous y rencontrer.
Yves Duwelz