Florennes, le 17 novembre 2016. L’exercice multinational Black Blade vient de débuter le 14 et devrait se terminer le 30 novembre. Cet exercice se tient annuellement dans l’un des pays membres de l’EDA (European Defense Agency). En 2016, c’est la Belgique qui organise l’événement placé sous le commandement du Lieutenant-colonel Aviateur Stéphane Roobroek, commandant du groupe de vol du 1er Wing Héli de Beauvechain. C’est la deuxième fois que la Belgique héberge un exercice Blade, la première fois concernait l’opération Green Blade qui s’est tenue à Kleine-Brogel en octobre 2012. La toute première du genre a eu lieu en 2003 dans le Midi de la France.
Black Blade regroupe 375 participants (en ce compris les 130 militaires des troupes spéciales d’intervention), parmi lesquels 20 Slovènes, 75 Belges et presque autant d’Autrichiens qui mettent en œuvre 13 hélicoptères durant les deux semaines que dure cet exercice européen. Les voilures tournantes mises en ligne se composent d’un Agusta-Bell AB 212 et de deux Sikorski UH-60 Black Hawk autrichiens, d’un Eurocopter AS532 Cougar slovène et de neuf appareils belges Agusta A109 et NH90 MTH (Medium Transport Helicopter).
L’emblème au bouquetin (très évocateur des hautes Alpes) figurant sur le nez de l’Agusta-Bell AB212 autrichien immatriculé 5D-HX. |
Hormis les équipages impliqués concrètement dans l’exercice, huit nations membres de l’EDA (qui en compte 13 depuis 2013) y sont associées au titre d’observateur ou de responsable du coaching de diverses missions. Il s’agit des Pays-Bas, de la Hongrie, de l’Allemagne, de la Suède, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de la Tchéquie et des USA. Par ailleurs, l’OTAN avait délégué plusieurs observateurs.
Les missions dévolues aux participants durant la durée de l’exercice correspondent essentiellement à la mise en place rapide et au transport tactique des forces spéciales lors d’un coup de main destiné à neutraliser des factions terroristes et libérer d’éventuels otages. Pour ce faire, les planificateurs de la mission peuvent compter sur les renseignements préalables recueillis par un Falcon 20 ECM (Electronic Counter Measures) opéré par une société civile britannique sous contrat de l’OTAN. Pour mieux accomplir la tâche qui leur incombe, les forces projetées dans la mission disposent également d’hélicoptères armés pour préparer l’assaut des forces spéciales en neutralisant les éléments hostiles avant et pendant l’aérocordage et la dépose des forces spéciales. La mission comporte aussi des appareils médévac (évacuation de blessés éventuels). Ces deux derniers types d’intervention sont, en l’occurrence, assurés par des Agusta A109 belges avec des mitrailleuses de sabord fixées dans les embrasures des portes ou marqués de la croix rouge avec des portes élargies permettant l’emport de civières.
La patrouille des deux Black Hawk autrichiens, 6M-BA en tête suivi du 6M-BB, se dirige vers la piste. |
Au total, dix grandes missions COMEO (formations composites d’appareils de types différents) sont programmées, de jour comme de nuit, dans le cadre de Black Blade. Les premières actions se déroulent le 17 novembre dans la région de Gesves/Mozet en province de Namur, au départ de Florennes par des Black Hawk autrichiens, toutefois, les conditions météo exécrables ne l’ont pas empêchée mais en ont fortement réduit la voilure. La seconde opération de grande ampleur se déroule dans la région d’Arendonk en Campine anversoises le vendredi 18 et développe le scénario intégral assaut/extraction. Celle-ci devait se répéter le 24 novembre dans les Hautes Fagnes à proximité de la frontière allemande, au départ du camp d’Elsenborn. Il était prévu que des missions d’envergure plus réduite se déroulent quasi quotidiennement dans diverses HTA (Helicopter Training Area). Toutes les opérations étaient conçues de manière à éviter tout survol de réserves naturelles et avec le souci d’éviter les nuisances sonores pour les populations en optant pour des régions à faible densité de population.
En conclusion, Black Blade est un exercice qui génère des profits considérables en termes d’interopérabilité des machines à voilures tournantes et de leurs équipages entre les nations membres de l’European Defense Agency. Dans l’optique d’une collaboration encore renforcée, il est prévu que l’exercice 2020 soit organisé conjointement par la Belgique et les Pays-Bas avec les Flandres comme zone d’action.
Le détachement des deux Agusta A109 belges comprenait l’hélicoptère immatriculé H22 pour l’observation et H26 médévac. |
Le contrat concernant les exercices Blade prend normalement fin en 2022 mais, vu les grands bénéfices qu’en retirent les nations membres à divers niveaux, il est plus que concevable que le contrat soit reconduit par l’EDA au profit de davantage d’Europe de la défense.
Jean-Pierre Decock
Remerciements aux Adjudants-chefs Philippe Van Huyck et Jozef Vanden Broeck et au Capitaine Kurt Verwilligen de COMOPSAIR-IPR pour leur assistance.