Bruxelles, le 11 octobre 2018. La Belgique semble être prédestinée à accueillir sur son sol des artistes français inspirés par l’aviation. Après Jean-Luc Béghin, qui débuta dans les années soixante en publiant ses premières planches graphiques de cockpit d’avions, notamment dans les hebdomadaires belges de bandes dessinées « « Tintin » et « Spirou », c’est dans les bureaux de l’EBAA (European Business Aviation Association) à Bruxelles que nous avons découvert un nouveau jeune talent de la peinture aéronautique.
Arthur Thomas travaille en effet pour cette association, installée dans la capitale européenne depuis quarante années, et qui défend les intérêts de l’aviation d’affaires auprès des différentes institutions européennes. Il y exerce les fonctions de « Market Intelligence Manager », préparant et fournissant toute une série d’informations statistiques et factuelles sur la flotte d’avions d’affaires et l’importance de ce secteur dans le trafic aérien en Europe. Et aux murs des bureaux du siège d’EBAA, quelques superbes tableaux d’avions nous révèle l’autre talent d’Arthur: il est aussi peintre de l’air!
Un parcours surprenant ou « le droit mène à tout »
Le parcours d’Arthur ne semblait pourtant pas le prédestiner à cette double carrière aéronautique. Agé de trente ans, il grandit dans la petite ville de Le Mans, un désert aéronautique rarement survolé. A part un baptême de l’air à l’aéro-club local dont il ne garde aucun souvenir en raison de son très jeune âge, son premier et seul contact avec l’avion date de ses dix ans, lors d’un vol en Airbus A320 vers une destination de vacances. Puis, plus rien avant ses 26 ans. Jusque-là, l’aviation était auréolée du sentiment de « merveilleux que l’on ressent comme lorsqu’on n’a jamais vu la mer et qu’on se l’imagine. De façon étrange, il est attiré par l’aviation sans jamais vraiment avoir vu de près un avion entre son enfance et la phase finale de ses études universitaires.
Il entame des études de droit au Mans puis à Bordeaux où il est très vite attiré par le droit aérien, une matière qui faisait partie du programme de droit public international. Il y découvre des sujets qui le fascinent:les libertés de l’air, les conventions régissant les droits de trafic, les diverses institutions, dont l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale). Diplômé d’un Master 1 en droit international et d’un Master 2 en droit de l’Union Européenne, Arthur décide, sur les conseils de son professeur, de tenter sa chance à l’ENAC (Ecole Nationale d’Aviation Civile) à Toulouse, qui propose une formation Master 2 spécialisée en management en transport aérien. Malgré un profil atypique en raison de son manque total d’expérience dans le domaine aéronautique, sa candidature est acceptée.
Coup de chance qui influencera la suite, Bertrand d’Yvoire, patron de Dassault Falcon Service et de l’EBAA-France accepte sa demande effectuer le stage de six mois imposé par l’ENAC au sein de la branche française de l’EBAA. Et d’abord à Toulouse à l’ENAC, ensuite à Paris avec l’EBAA, là il entre enfin en contact direct avec les avions et c’est le flash! Une première visite à EBACE, l’incontournable salon européen de l’aviation d’affaires organisé annuellement par l’EBAA à Genève depuis 2001, et c’est la découverte d’un nouveau monde passionnant. Et il est engagé par l’EBAA à Bruxelles début 2015.
Peintre de l’Air
En parallèle, Arthur avait commencé à peindre pendant ses études. Son premier tableau, non aéronautique, fut un cadeau pour une de ses amies. Et sa première œuvre aéronautique fut une peinture d’un Dassault Falcon 7X qu’il offre à Bertrand d’Yvoire. Les six tableaux suivants seront offerts à l’EBAA pour symboliser les six mois de période d’essai préalable à son engagement.
Arthur Thomas, devant un de ses premiers tableaux, un Dassault Rafale, exposé dans les bureaux de l’EBAA à Bruxelles. (Photo Guy Viselé) |
Ces premières œuvres lui permettent de mettre le pied à l’étrier dans le monde restreint des peintres aéronautiques. Ses talents sont bien vite reconnus par ses pairs français, et il fait partie depuis septembre 2017 des « Peintres de l’Air et de l’Espace », titre reconnu par l’Armée de l’Air et décerné au terme d’un parcours devant un jury, et officialisé par un arrêté du Ministère français de la Défense.
Le style et la technique d’Arthur Thomas sont assez unique. Partant d’une photo noir et blanc, il travaille au niveau des contrastes. Arthur dessine alors l’image en utilisant la technique de la grille, et ensuite applique la peinture. Il travaille exclusivement en noir et blanc, dans un style « photo-réalisme », qui caractérise son œuvre et contribue à son « identité » artistique.
99% du travail est fait au pinceau, et le dernier pourcent, le plus important, est fait aux stylos à peinture. L’encre qui en sort, c’est de la peinture, mais le stylo agit comme un pinceau très précis, extrêmement fin (0,7 mm), ce qui permet de bien gérer les détails. Et trois-quarts des dégradés sont faits au doigt. Depuis peu, il rajoute une petite touche personnelle en mettant en couleur un petit détail du dessin, par exemple le HUD (Head-Up Display) d’un Rafale.
Ce photo-montage illustre la technique utilisée par le peintre, partant d’une photo et utilisant la technique de la grille. (Photo Arthur Thomas) |
Arthur est fasciné par la beauté visuelle de certains avions. Il a choisi son style « photo-réaliste » car il ne veut pas réinterpréter la façon dont ils ont été conçus. Un Rafale ou un Falcon est d’abord et avant tout tel qu’il a été imaginé et développé par ses concepteurs, avec des dimensions exactes qui les rendent aussi fascinants, et où un simple millimètre de différence dans sa reproduction artistique changerait inévitablement les proportions. Dès lors, si l’on veut respecter ce qu’on aime dans l’avion, il faut que sa peinture reflète au plus près la réalité. L’utilisation du noir et blanc permet par contre à l’artiste de jouer sur les nuances de gris et les contrastes.
Arthur Thomas aime les beaux avions. Outre le Rafale de Dassault, dont il admire les courbes, il a découvert de par son métier principal la beauté et la diversité des avions d’affaires, qui auparavant n’avaient que rarement été peints.
Arthur a à son actif une quarantaine d’œuvres « aéronautiques », Elles se retrouvent fort logiquement principalement en Belgique et en France. Il a notamment exposé au Casino de Knokke (« Contemporary Aviation Art Show ») lors du Zoute Air Trophy du 14 au 17 juin 2018, et plus récemment lors du Gala cinématographique « Hurricane » organisé par Flying Group à Anvers le 24 octobre 2018. Une fierté aussi, une de ses œuvres a été utilisée par Dassault pour la décoration de son chalet au Salon de Farnborough en juillet 2018!
Allier un talent de peintre à un boulot temps plein et une vie privée nécessite une bonne gestion de son temps. Arthur, devenu résidant belge, habite fort habilement au centre de Bruxelles, à proximité de son bureau à l’EBAA qu’il rejoint à pied. Il peut donc épargner le temps des navettes pour consacrer plus de temps à son art chez lui. Il peint sur la table de son salon jusqu’à trois heures par jour de semaine, et jusqu’à dix heures le week-end. En fonction du format de l’œuvre projetée et de la complexité du sujet traité, il faut compter entre 40 et 100 heures de travail par tableau. Son talent est particulièrement apprécié par les pilotes et autres passionnés d’aviation. Pour mieux se faire connaître, outre ses contacts privilégiés dans le monde de l’aviation d’affaires, il utilise aussi les moyens techniques modernes de communication que procurent l’internet et les réseaux sociaux. Il dispose d’ailleurs d’un très beau site où l’on peut découvrir un certain nombre de ses œuvres: www.lapeintuture.com L’artiste peut être contacté en direct par mail à lapeintuture@gmail.com .
Guy Viselé