Overboelare, le 30 juillet 2019: le stage de vol à voile d’été qui a commencé la veille explique l’intense activité vélivole de l’aérodrome de Grammont.
Tous en piste!
Pour ce stage destiné en priorité aux novices et jeunes recrues, le VZP (Vlaams Zweefvliegcentrum Phoenix) a mis en œuvre ses huit planeurs qui ont été amenés, dès le petit matin, vers l’aire de départ située au seuil de la piste 21, le treuil pour lancer les planeurs se trouvant à l’opposé, soit le seuil de la piste 03, quelques 600 mètres plus loin. Tous les départs se font par treuillage, étant donné que le seul remorqueur du club, le Bellanca Scout OO-RTP, est actuellement en révision. D’autre part, le lancer par treuil est plus écologique (pas de bruit) et plus économique que par avion remorqueur, mais ce dernier permet d’atteindre une altitude de largage supérieure pour le planeur.
Sous la férule de quatre moniteurs chevronnés (Jean-Pierre, Didi, Tom et Johan), les rotations de planeurs se suivaient à cadence rapide et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cela tournait bien et même sacrément rond ! Belle organisation des vols comme on sait le faire seulement dans les clubs où des passionnés dévoués se donnent à fond pour faire voler une douzaine de novices ayant déjà effectué un stage ou quelques vols au sein du VZP auparavant ainsi que quatre recrues récentes avides de découvrir le vol à voile et ses techniques de pilotage.
Coup de chance, la météo était clémente et le vent soutenu mais régulier et bien dans l’axe de la piste: des conditions permettant d’aller faire quelques gains d’altitude grâce aux thermiques purs et pas trop turbulents. En outre, Overboelare se trouvant dans la Flight Information Region (FIR) de Bruxelles, les vols en planeur n’y sont autorisés à monter que jusqu’à 2.500 pieds (750 mètres) en temps ordinaires et, exceptionnellement, à 4.500 pieds (1.350 mètres). C’était le cas en ce 30 juillet, l’aérodrome ne se trouvait pas dans l’axe de descente d’une des pistes en usage à Zaventem, c’était donc tout bénéfice pour les activités du jour au VZP et ses vélivoles s’en sont donné à cœur joie.
Un club trentenaire
Le Vlaams Zweefvliegcentrum Phoenix fut fondé en 1988, il y a donc plus de trente ans qu’il entama son existence vélivole à l’aérodrome d’Aalst-Ter Kluizen. Sa présence sur ce terrain fut relativement éphémère, car l’aérodrome fut frappé de fermeture en 1990, obligeant le VZP à émigrer vers le nouveau champ d’aviation qui venait de se créer à Zottegem, lequel fut contraint de cesser ses activités en 1996. Mais, comme le phénix renaît toujours de ses cendres, le VZP établit alors ses pénates à Overboelare, l’aérodrome privé qui était la propriété d’Armand Coesens. Etant lui-même un fervent aviateur et un entrepreneur dynamique, il avait mis sur pied sa plate-forme aérienne en 1972. EBGG (tel est le code OACI d’identification de l’aérodrome) attira bien vite les curieux, surtout par la présence, sur ce terrain dont la piste était longue d’à peine 500 mètres, un énorme DC-4 quadrimoteur qu’il avait acquis aux domaines et qui y fut véhiculé pour y devenir le bar-club house pour les pilotes locaux ou visiteurs. Ce gros avion existe encore de nos jours mais uniquement comme attraction, le maintenir comme bar était par trop problématique, notamment en termes de sécurité.
Armand Coesens accueillit les vélivoles du VZP à bras ouverts en 1996 et il eut, lors de son départ à la retraite, la générosité d’offrir son aérodrome d’Overboelare au VZP qui, à son tour, gère depuis lors ce patrimoine « en bon père de famille ».
Un chouette vol en Scheibe
Pieter Loman, pilote remorqueur, moniteur et l’un des animateurs du VZP m’avait proposé un vol dans son motoplaneur Scheibe SF.28A Tandem que je me suis empressé d’accepter. Cette belle machine montre à l’envi ses origines de planeur: de grandes plumes (ailes à grand allongement), un fuselage aérodynamique et un capot de nez profilé couvrant un moteur Limbach de 65 CV, en réalité un moteur Volkswagen adapté à l’aviation. Après fixation du capot moteur en matériaux composites et l’external check, nous grimpons à l’intérieur de la carlingue sans trop de problèmes de contorsion et Pieter lance le moteur et le laisse chauffer avant de débloquer le frein et de remonter la piste pour atteindre le seuil de la piste 21. Une fois les pre-flight checks exécutés, la manette de gaz est poussée à fond et l’avion décolle comme une fleur, selon mon estimation sur moins de 80 mètres. Le Scheibe grimpe allègrement, le pilote stabilise le motoplaneur et m’explique les particularités de son hélice à pas variable. Il y a trois positions de pas d’hélice présélectionnées dans le Scheibe, à savoir décollage, croisière et drapeau, contrairement aux systèmes habituels où l’on peut régler la pression à l’admission et le nombre de tours à l’hélice dans la position voulue. Par ailleurs, le moteur du Scheibe SF.28A est fixe et non escamotable comme de nombreux planeurs motorisés qui sont généralement monoplaces et plus légers que le SF.28A. Le Scheibe est donc une excellente machine pour enseigner à coût abordable les rudiments du vol à voile aux élèves car son moteur peut être coupé en vol avec mise en drapeau de l’hélice en vue d’une bonne leçon réunissant toutes les conditions d’un vol sans moteur. Si les conditions aérologiques se détérioraient, le pilote peut relancer le moteur, auquel cas l’appareil se comporte comme un avion léger, mais de grande finesse.
Durant une heure, nous avons survolé la Flandre Orientale et Occidentale et redécouvert toute la beauté de notre plat pays, les méandres de l’Escaut et le typique hôtel de ville d’Audenarde ainsi que Renaix et le Mont de l’Enclus. Mais je n’ai pas fait que du tourisme, Pieter m’a invité à piloter le Scheibe pendant un gros quart d’heure, ce qui m’a permis de redécouvrir l’action positive sur les commandes et la réaction tout aussi positive des gouvernes de profondeur et des ailerons et de lacet induit caractéristiques des planeurs. Sinon, le vol du Scheibe est plus stable que je m’y attendais, malgré sa grande surface alaire et je ne le pilotais qu’avec deux doigts sur le manche à balai.
Ce fut pour moi une belle journée de vol à voile en compagnie du VZP et un moment de vol en Scheibe agréable et très rafraîchissant qui m’a rappelé tant de bons souvenirs et j’en suis reconnaissant vis-à-vis de Pieter Loman et du VZP que je remercie du fond du cœur.
Jean-Pierre Decock