The White Bison

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Liège-Bierset, jeudi 12 mars 2009. Une fois les formalités accomplies, me voilà à l’intérieur des quartiers de Bierset faisant face à l’aérodrome et, d’emblée, m’apparaissent un vénérable Auster AOP MK VI, le tout premier appareil de la Light Aviation (aviation légère de l’armée de terre) et un Britten-Norman BN2a Islander qui est le dernier appareil à ailes fixes ayant équipé cette même arme.

Les avions érigés en monuments à l’entrée du quartier de Bierset : l’Auster  AOP MK VI et le Britten-Norman BN2a Islander témoignent de l’affectation de la base à la Light Aviation de l’armée de terre depuis 1993.

Il ne fait aucun doute que c’est une base de la Light Aviation, laquelle est devenue Wing Heli de la composante air des forces armées belges en 2002, et celle-ci occupe les lieux depuis 1993. Il n’en a pas toujours été ainsi et Bierset a d’abord existé en tant qu’aérodrome de l’Aéronautique Militaire et base de la Force Aérienne, du reste, le White Bison est là pour en témoigner.

Une collection complète de (très) belles maquettes en bois d’avions ayant opéré à Bierset depuis 1953, toutes réalisées à la main par l’Adjudant retraité Hubert Sermon.

Au départ, une fraternelle…
Me portant un peu plus loin, j’arrive au musée White Bison qui a établi ses quartiers dans les caves du bâtiment occupé autrefois par l’état-major du 3ème Wing et j’y suis accueilli cordialement par son président actuel Roger Scarsé, ancien UDA/Air commando et Adjudant de corps du 3ème Wing ainsi que par Jean Loncelle, ancien Adjudant armurier du 3ème Wing (et auparavant à la patrouille acrobatique des Diables Rouges) et l’une des chevilles ouvrières de l’association.

Il y a un commencement à tout, celui du White Bison fut plutôt sympathique, dans la mesure où un groupe de sous-officiers du 3ème Wing Tactique décida en effet en 1987 de former une fraternelle qui leur était ouverte, de même qu’aux anciens sous-officiers de la  base de Bierset. Très tôt, et conformément au souhait du Chef de Corps, le Colonel Jardon, la fraternelle s’élargit à tous les membres et anciens du 3ème Wing mais aussi à ceux de toutes les autres unités qui y ont été opérationnelles (le Flight VSV (vol sans visibilité) sur T-33, la 42ème Escadrille sur RF-84F et le 9ème Wing de chasse de jour sur Hunter, Meteor et F-84E Thunderjet).

En pénétrant dans l’antre du White Bison, on est accueilli par un sergent navigateur en uniforme RAF des années 40 et… un casier de Jupiler: on est bien en région liégeoise!Pilote et siège éjectable Martin-Baker de Mirage V; à droite sur le panneau en forme de parachute figurent les photographies des 14 pilotes de Bierset sauvés par leur siège éjectable avec la date et l’immatriculation de l’appareil évacué.

La fraternelle devint dès lors une ASBL dûment actée comme telle en 1989. Elle se choisit le nom « The White Bison », étant donné que le bison avec la devise « ardor et valor » constitue l’emblème du 3ème Wing Tactique et que la plupart de ses membres étaient blanchis sous le harnais, d’où le bison, mais devenu blanc. Simultanément, une salle historique a été créée et, pour modeste qu’elle était avec ses 36 m², elle n’en recélait pas moins de nombreuses pièces d’une valeur historique et didactique certaine. Cet embryon muséal s’accrût rapidement au point qu’une salle d’exposition et 300 m² lui furent consacrés à la caserne De Cubber construite en 1922 et revendue par les Domaines en 2007.

Cette vente obligea le White Bison à vider les lieux en 2008 et à chercher un nouvel espace afin d’héberger son patrimoine. Conscient de la valeur historique et des traditions véhiculées par le White Bison, le Ministre de la défense André Flahaut offrit un nouveau gîte à l’association et à ses collections dans l’enceinte des quartiers de la  base de Bierset qu’elle occupe avec l’assentiment des chefs de corps successifs du Wing Heli. Ce relogement a nécessité de gros efforts car les caves étaient en permanence inondées et il a fallu pomper et pomper encore afin de les assécher et qu’elles soient dans un état potable qui est le leur à présent.

 La salle fort étoffée des armes à feu et blanches, des munitions et engins pyrotechniques et autres…

Des pièces rarement vues ailleurs
La disposition des nouveaux locaux du White Bison l’a obligé à répartir ses collections entre les diverses caves du bâtiment ce qui, d’une certaine façon, permet des regroupements d’objets par thème mais, à l’opposé, devient totalement rédhibitoire à l’exposition de pièces ou d’objets de grandes dimensions. Il y a, hélas, un revers à toute médaille !

Un des promoteurs du White Bison, l’Adjudant retraité Jean Loncelle, montre le panneau consacré au bombardier Halifax (HR734/NP-B) du 158 squadron de la RAF qui s’est écrasé à Loncin le 4 juillet 1943 et dont le navigateur et bomb-aimer, le Warrant Officer Redman, s’est parachuté. Recueilli par la résistance, il a survécu à la guerre et est revenu à Liège dans les années 90.

Les objets constituant le patrimoine du White Bison sont très variés et couvrent les diverses périodes et zones d’activités de l’aérodrome : l’entre-deux-guerres, la 2ème guerre mondiale (période allemande et américaine), l’après-guerre et la Force Aérienne (9ème et 3ème Wings) et la light aviation/wing heli (de 1993 à nos jours). Chaque période est évoquée et illustrée par des documents photographiques avec légendes montés sur de grands panneaux, des maquettes d’appareils, des mannequins avec uniformes ou tenues de vol, du matériel aéronautique mais aussi militaire : armement, déminage, secours, mécanique et autres… le tout à profusion et pourvu de nombreuses explications, de façon à se faire une bonne idée de l’évolution (armement et sièges éjectables, par exemple). Les kits de survie des aviateurs en opérations constituent aussi une présentation d’une valeur didactique indubitable et que l’on rencontre rarement dans d’autres établissements du même type…

Tableau de bord complet d’un RF-84F Thunderflash avec voyants allumés; l’écran central n’est pas un écran radar mais une sorte de viseur permettant au pilote de voir et de suivre ce qu’il photographiait.

En outre, les gestionnaires du White Bison, tous bénévoles et volontaires, ont ouvert les vitrines et salles de l’ASBL à tout ce qui concerne l’aéronautique en région liégeoise, ce qui étoffe encore la diversité des thèmes couverts et donc l’attrait des expositions, notamment pour ce se rapporte aux événements qui s’y sont produits durant la dernière guerre.

Un must pour modélistes et chercheurs de tous poils
Comme déjà mentionné, les collections du White Bison sont très étoffées mais elles sont surtout très complètes et permettent d’apprécier, au cours d’une simple visite, l’évolution dans le domaine de prédilection d’un chercheur, d’un historien ou d’un maquettiste/modéliste, quelles que soient leurs spécialités. Les uniformes, par exemple, vont de ceux des militaires de l’aviation ou non d’avant-guerre jusqu’à nos jours; on y trouve même des uniformes de gendarmes dont celui à vareuse et képi genre shako en vigueur jusque dans les années 70.

La galerie des avions et unités basés à Bierset dans l’entre-deux-guerres sous la garde d’un lieutenant-colonel en uniforme de l’Aéronautique Militaire de la fin des années 30.

Pour ceux que passionne l’armement, celui des militaires de la base est pour ainsi dire exhaustif et s’y ajoute un berceau de canons DEFA de Mirage V ainsi que divers lance-roquettes ou bombes et engins d’exercice. Un autre objet surprenant est le berceau des caméras d’un Mirage V BR (utilisant les mêmes caméras que le RF-84F) flanqué d’un tableau de bord complet d’un Thunderflash, auquel le Mirage a succédé. Et la liste est longue… le meilleur moyen est donc de se rendre sur place; une des caves étant aménagée en bar où les anciens se réunissent tous les jeudis, vous aurez la chance d’obtenir des explications idoines sur l’un ou l’autre élément de la bouche même de ceux qui ont effectivement, et pendant de nombreuses années, eu « la main dessus ». Ils savent donc pertinemment bien de quoi ils parlent… et rien que cela mérite le détour jusqu’au White Bison (www.whitebison.be).

Jean-Pierre Decock

 

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Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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