Wallonie Aerotraining Network

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Charleroi-Gosselies, le 8 mai 2009. Nous sommes accueillis dans les locaux modernes du Wallonie Aerotraining Network (WAN) par Madame Anna Cecconello qui en est la Secrétaire Générale et CEO (Chief Executive Officer). Celle-ci nous fait un exposé clair, complet et parfaitement structuré concernant cette institution d’enseignement technique wallonne totalement dédiée à l’aviation et qui est de création récente.

Le camion spécial pour les exercices d’identification et d’extinction des incendies.

Le Centre de Formation Aéronautique ou CFAé a été fondé à Charleroi en 1999 pour devenir rapidement le Centre de Compétence (aéronautique) mis en place par le gouvernement de la région wallonne. C’est sous le nom de Wallonie Aerotraining Network que le centre fut officiellement inauguré en 2005 par la Ministre Arena. Malgré de nouveaux et vastes locaux, le centre de formation commence à se sentir à l’étroit en 2009 et vient d’entamer de nécessaires travaux d’agrandissement. Heureusement, une réserve de terrain avait été prévue dès le début à la lisière sud-ouest de l’aérodrome de Gosselies, laquelle fait face aux récentes extensions de la SONACA.

Le conseil d’administration du WAN se compose de représentants de l’EWA (entreprises wallonnes de l’aéronautique), des entreprises de transport et de logistique par voie aérienne, des aéroports et aérodromes de Wallonie, d’Agoria, du FOREM, des organisations syndicales, de l’Université de Liège et de l’Université du Travail de Charleroi. Pour l’essentiel, un conseil d’administration constitué de professionnels de l’aviation, tant en ce qui concerne la construction que la gestion et l’exploitation et, par conséquent, garant de la pertinence et de la qualité de l’enseignement et des stages proposés par le WAN.

Le Boeing 727 de DHL sur le tarmac face aux locaux du WAN; l’appareil est toujours opérationnel (moteurs, avionique, hydraulique, commandes) et tourne régulièrement dans le cadre de la formation des élèves.

Des formations multiples et complètes aux métiers de l’aviation
L’enseignement dispensé au sein du WAN se répartit entre deux grands secteurs aéronautiques, à savoir tous les métiers techniques d’une part et tous les métiers du transport aérien d’autre part, toute formation au pilotage est donc exclue.

Le premier volet couvre toutes les formations techniques requises dans l’aviation, tant civile que militaire et tant en matière de cellules que de motorisation et d’avionique. Cela va de modules de formation relativement courts à l’ajustage et au rivetage dans l’industrie aéronautique jusqu’à la formation plus complexe et plus longue d’ingénieur de bureau d’études, sans oublier les techniciens moteurs, instruments, commandes et autres domaines technologiques pointus.

L’atelier cellules avec le cockpit d’un Dornier, des panneaux et structures d’ailes d’Airbus.

L’autre volet de formation est plus spécifiquement dédié au transport aérien dans son acception la plus large. Le WAN est, du reste, le seul organisme complet en matière de formation aéronautique en Belgique, sinon en Europe continentale. La partie majeure de ce volet est consacrée au « cabin crew training », c’est-à-dire à la formation du personnel de cabine des avions de ligne. Le WAN y a d’ailleurs conquis une position enviable et reconnue unanimement, car l’école se conforme aux normes et aux changements/évolutions fréquents dans ce secteur caractérisé par des avancées technologiques fréquentes. Le WAN dispose bien entendu du matériel ad hoc et grandeur nature (sections de cabines de Boeing 737 et d’Airbus pour exercices d’évacuation d’urgence) mais aussi de matériel peu ou pas courant comme, par exemple, des mannequins animés pour les exercices de réanimation ; le WAN dispose même d’un « mannequin-accoucheur » pour initier le personnel de cabine à faire face à une naissance inopinée dans un avion en vol…

De plus, et toujours dans le domaine de l’aviation civile, le WAN forme également aux métiers aéroportuaires qui, s’ils ne sont pas spectaculaires, n’en sont pas moins vitaux pour le bon déroulement des opérations des compagnies aériennes. De plus, encore, le WAN vient de conclure un accord de partenariat avec Belgocontrol en matière d’exigences préliminaires au métier complexe de contrôleur aérien. On pourrait donc conclure en affirmant que le WAN maîtrise, sous un même toit, le spectre intégral de la formation aux métiers de l’aérospatial.

Un réacteur Pratt & Whitney JT8D à double flux et compresseur à six étages identique à ceux qui équipent entre autres les Boeing 727, 737 et Douglas DC-9.

L’industrie et les opérateurs aéronautiques comme sources de matériel didactique
En arrivant au WAN, le regard est d’emblée accaparé par le Boeing 727 qui jouxte les locaux. Ce triréacteur de ligne, toujours aux couleurs de DHL, a été cédé par cette compagnie à l’institution. Il est entier et en parfait état de fonctionnement : moteurs, avionique, hydraulique et commandes, le tout est vérifié et éprouvé à intervalles réguliers par des groupes d’élèves et leur encadrement professoral. Un camion destiné exclusivement aux exercices anti-incendie se trouve également sur le parking. Celui-ci est parfaitement sécurisé et permet aux élèves une formation à l’identification des matières combustibles à l’origine du feu afin de maîtriser l’incendie au mieux au plus vite.

Une panoplie de matériels didactiques complémentaires se trouve sous abri (tentes ou hangars) et notamment des sections réelles de cabines d’Airbus A320 et de Boeing 737 avec déploiement des toboggans gonflables et sorties de secours cabine opérationnelles pour les exercices d’évacuation des avions accidentés, et ce en présence de figurants inconnus des élèves et de leur encadrement pour plus de réalisme. Pour les exercices d’évacuation en mer, des accords ont été pris avec une grande piscine en région flamande afin d’y effectuer les exercices en milieu aquatique impliquant donc gilets de sauvetage et dinghies pneumatiques.

Toujours l’atelier des moteurs où, sous les ailes d’un SIAI-Marchetti SF 260, se trouvent des hélices à pas variable, un moteur à pistons Lycoming de six cylindres opposés à plat et un réacteur Turboméca Marboré comme ceux du Fouga Magister.

Un vaste hangar abrite l’atelier cellules ou construction aéronautique avec des portions et panneaux de cabines d’avions de transport mais aussi la pointe avant du Jet Squalus ATTA-3000 toujours équipée de ses instruments de vol et de ses deux sièges éjectables ainsi qu’une section consacrée à la construction de volets de courbure et de bord d’attaque, la Belgique s’étant taillé une réputation de premier plan concernant ce type de pièces, essentiellement pour les diverses versions d’Airbus.

L’autre partie de ce même hangar est le repaire de la section moteurs où l’on trouve des réacteurs de gros porteurs mais aussi d’avions d’entraînement ainsi que divers moteurs à pistons équipant les avions de tourisme et d’affaires. A l’extrémité du hangar, juste devant les portes, se trouve un Cessna 150 entier, moteur décapoté.

Plus particulièrement, la formation aux logiciels de type CAD se fait en commun et dans une salle informatique adaptée et totalement équipée chez le motoriste Techspace Aero.
Tout ce matériel didactique, outils et bancs divers mais aussi l’essentiel du cadre professoral proviennent de l’industrie aéronautique et les élèves du WAN travaillent donc sur et avec les éléments qu’ils retrouveront bientôt pour de vrai en atelier ou en usine !

L’intérieur de la cabine d’un Airbus A320 destinée aux exercices d’évacuation d’urgence en conditions réelles avec des figurants inconnus des élèves et de leurs enseignants.

Partenariats internationaux
L’aviation a rétréci la planète et le WAN a donc, très opportunément, établi des collaborations et partenariats sur plusieurs continents. C’est ainsi que la WAN fait partie, depuis sa création, du conseil international de la formation aérospatiale qui regroupe des institutions de formation et des entreprises du secteur sur tous les continents (à l’exception de l’Asie). Des liens étroits existent avec des instituts techniques aéronautiques se conformant aux normes PAR (européennes) ou JAR (nord-américaines), lesquels permettent des échanges d’étudiants du WAN avec ses confrères canadiens ou américains, de même que l’harmonisation des cours via un comité dont la présidence est exercée par Madame Cecconello qui en est, du reste, à son second mandat. Parallèlement, des accords de consultance visant à garantir l’agréation des spécialistes ou techniciens aux normes européennes PAR 147 viennent d’être conclus avec des établissements au Canada et en Afrique du Nord.

L’internationalisation et l’ouverture sur le monde sont donc des réalités auxquelles le WAN souscrit et ne sont donc pas uniquement des affirmations vides de contenu, ce qui ne peut qu’accroître la crédibilité et la valeur de l’enseignement qui y est dispensé.

Poste de commande pour l’éjection et le gonflage des toboggans d’évacuation.

Le WAN : pour qui et avec quels débouches ?
Le WAN vise trois groupes cibles, à savoir et en premier lieu les étudiants des écoles techniques pour leur permettre de décrocher un bac en aérotechnique (construction, maintenance et avionique) conjointement à un graduat en électromécanique, comme c’est déjà le cas avec l’Université du Travail de Charleroi. Le certificat du WAN, en plus du diplôme officiel, est reconnu par la direction du transport aérien et les métiers techniques sont ainsi valorisés dans la mesure où les étudiants obtiennent ipso facto leur licence professionnelle. Dans le même ordre d’idées, le WAN développe actuellement un baccalauréat aérotechnique en association étroite avec l’Institut Aérotechnique de Montréal au Canada.

Le deuxième groupe cible potentiel se compose des travailleurs déjà en entreprise dans le contexte d’une formation complémentaire ou continue, voire initiale en matière de personnel de cabine ou aéroportuaire.

Le troisième groupe concerné est celui des demandeurs d’emploi via le FOREM dans le but de leur octroyer une formation technique accélérée et spécifique afin de les replacer rapidement dans le circuit du travail, mais côté aviation.

Il s’avère que les personnes formées au WAN sont très prisées par l’industrie mais aussi par les forces armées et les compagnies aériennes aux quatre coins du monde : la formation dispensée au WAN débouche donc à brève échéance sur un travail valorisant dans uns secteur en pointe…

Madame Anna Cecconello, Secrétaire Générale et Chief Executive Officer du WAN devant l’un des toboggans d’évacuation de l’Airbus.

D’ailleurs, les statistiques sont éloquentes dans la mesure où le WAN comptabilise pratiquement 150.000 heures/stagiaires par an, que 3 à 5.000 élèves y sont formés annuellement et qu’ils sont déjà 3.800 à l’être pour les quatre premiers mois de 2009 ! Centre de Compétence, et même pôle d’excellence, en matière d’enseignement technique aéronautique, le Wallonie Aerotraining Network ou WAN est assurément un pari réussi sur l’avenir dont la Wallonie et la Belgique peuvent s’enorgueillir.

Jean-Pierre Decock
Photographies: Paul Van Caesbroeck

Pour plus de renseignements: www.wan.be

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Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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