« 2e FLEA-IN » à Temploux en 1998

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C’est à Namur-Temploux, les 22 et 23 août 1998, qu’a eu lieu le 2ème rassemblement de Pou du Ciel de Belgique et même d’Europe ! Hormis les rassemblements du RSA (Réseau des Sports de l’Air) français réunissant annuellement les constructeurs amateurs, dont ceux de Pou du Ciel, il n’y en eut qu’un seul dévolu à la formule Mignet à Popham (Grande-Bretagne) en août 1995 afin de commémorer le soixantenaire de la traversée de la Manche en Pou du Ciel avec Henri Mignet – le Saint Patron – aux commandes. L’événement, demeuré unique depuis, avait rassemblé 3 Poux du Ciel et 3 Balerit, version ULM (ultraléger motorisé) moderne de la formule Mignet : de petits biplans aux ailes décalées, dont l’aile supérieure pivote pour assurer le contrôle en tangage et en roulis.

Un Pou du Ciel bondissant lors du display de Philippe Balligand qui en est aussi le constructeur et seul détenteur au monde d’une « display authorization Flying Flea » de la très sérieuse CAA (Civil Aviation Administration) britannique. Les silhouettes tricolores de Mirage sur la dérive indiquent que P. Balligand fut actif sur le programme MIRSIP à la SABCA de Gosselies.
Ingénieur aéronautique, constructeur amateur, pilote de démo de Pou du Ciel et… mécano : Philippe Balligand entame son one-man-show de l’homme volant…

Pour cette deuxième édition du Flea-In (Flying Flea était le nom anglais du Pou du Ciel), la première ayant été tenue en septembre 1996, on peut dire une fois de plus que la Belgique se distingue dans un domaine aéronautique, en l’occurrence la construction amateur circonscrite à la formule Mignet, en d’autres mots le légendaire Pou du Ciel…
En effet, on n’en compte pas moins de 123 qui ont été mis en chantier dans le Royaume depuis 1935, date de l’avènement de la formule Pou du Ciel et de nombreux parmi ceux-ci ont volé ou volent encore sous nos cieux.
Ce Flea-In fut organisé à l’initiative de Philippe Balligand, ingénieur à la SABCA et constructeur du splendide Pou du Ciel HM 293a immatriculé OO-96 et le seul pilote au monde – nous pensons pouvoir l’affirmer – détenteur d’une très officielle « display authorization » émise par la très sérieuse CAA britannique (Civil Aviation Authority). Le co-instigateur de l’événement n’est autre qu’Alain Blondiau, pilote privé et restaurateur du Pou du Ciel qui fut immatriculé OO-02 en 1949, mieux connu en tant qu’auteur de l’excellent ouvrage « Histoire du Pou du Ciel en Belgique de 1935 à nos jours » paru en 1997, un livre très documenté et complet et donc éminemment recommandable à tous ceux qui se passionnent pour la construction amateur et l’aviation belge plus généralement.

Construit et piloté par Robert Legendre de Virton, un ancien de Florennes, ce HM 293a de très belle facture est basé à Marville, d’où son immatriculation en ULM 55- (indicatif du département français de la Meuse).
Construit, mais inachevé, par trois Hollandais et provisoirement immatriculé PH-MIG, ce HM 293 gréé d’un moteur DAF 33 de 850cc a été racheté par Patrick Mertens qui l’a fait rouler le samedi 22 août 1998 et comptait le faire voler bientôt… Devant l’engin, un autre concepteur-constructeur de 2 prototypes de formule Mignet modifiée, Guy Picardat qui pilotait des B-26 Marauder en 1945…

Malgré le temps maussade du week-end (larges averses entrecoupées de brèves éclaircies, à l’inverse de ce que disent habituellement les bulletins météo), pas moins de 12 machines de la formule Mignet étaient visibles à Temploux et, pour y parvenir, certains de leurs pilotes avaient audacieusement autant qu’astucieusement louvoyé entre les nuages hostiles qui plombaient le ciel ardennais (n’est-ce pas Robert Legendre).

Venu par la route, le HM 293 de Claude Adam de Thuin qui en a entamé la construction en 1995. Cette superbe réalisation se compose d’une coque moulée en plastique fixée sur un châssis en bois classique et donne à l’appareil une finesse à laquelle peu de Pou du Ciel peuvent prétendre. Les ailes sont de construction conventionnelle. Immatriculé en ULM dans le département du Nord de la France (59), ce prototype devait prendre l’air peu après.

En soi, le nombre et la qualité des machines présentées étaient formidables, car leurs pilotes ou futurs pilotes ont tous construit leur engin au prix de milliers d’heures de travail et d’application à résoudre les problèmes en cascade. Chaque Pou du Ciel est un appareil unique et fascinant, car il a son histoire, véritable tranche de vie d’un fou d’aviation…

Le HM 1000 Balerit, version ULM récente du Pou du Ciel à habitacle ouvert, avec Jean Preud’homme aux commandes, lequel nous salue d’un large geste de la main.
Toujours immatriculé en Charente-Maritime (où se trouvent les ateliers de Pierre Mignet, le fils du Saint Patron), ce Balerit appartenant au Dr Candeur de Bruxelles montre à souhait  l’astucieux système de pliage des ailes en permettant le remorquage par la route. A gauche en veste de vol, Alain Blondiau, co-organisateur du Flea-In.

Le grand moment de l’après-midi du samedi fut la réunion avec les grands anciens : Fernand Noiset qui trimballa, durant les années 70, son Pou du Ciel immatriculé OO-11 dans tous les cieux de Belgique mais aussi de France et de Navarre (celui-ci est actuellement préservé au Musée de l’Air de Bruxelles) ainsi que Nicolas Lempereur, le promoteur et pilote du tout premier HM 14 Pou du Ciel de Belgique en 1935. Celui-ci, au sein de son entreprise Saroléa, développa les moteurs d’avion de faible cylindrée destinés aux avionnettes. Nombre d’autres anciens, à l’enthousiasme intact malgré leurs cheveux blancs, étaient aussi au rendez-vous pour un phénoménal discutage du coup.

Au décollage, le tout nouvel HM 1100 Cordouan avec Patrick Mertens au manche, l’agent Mignet pour le Bénélux. Propulsé par un Rotax 912 de 80 CV, le Cordouan a un fuselage en fibre de verre et époxy et des ailes à structure métallique recouvertes de Dacron. Avec son confort et ses performances, il est parmi ce qu’on fait de mieux comme ULM pour l’heure…
Au taxi sur le sol imbibé de Temploux (voir sillages derrière les roues avant et de queue), ce HM 14 façon « années 30 », a été construit par Henri Quintens qui rêvait d’en assembler un depuis 1939… mais dut attendre 1988 pour le concrétiser. Ce très bel appareil est piloté avec maestria, depuis 1990, par son neveu Dominique Morenne et est basé à Hannut-Avernas.

Lors d’une timide éclaircie en fin d’après-midi, Philippe Balligand épongea les gouttes de pluie étalées sur son magnifique Pou afin de gratifier l’audience d’une démonstration époustouflante prouvant ainsi, aux commandes de son OO-96, qu’un petit Pou du Ciel est capable de vol musclé… A l’issue du barbecue, une splendide éclaircie préludant un grandiose coucher du soleil, Philippe Balligand remit le couvert et régala l’assistance d’une nouvelle présentation en vol de son HM 293a, laissant tous les vieux et moins vieux briscards littéralement pantois d’admiration!

Au tout début des années 60 à son port d’attache de Temploux, le Pou du Ciel OO-11 de Fernand Noiset qui allait devenir le Pou le plus célèbre de Belgique mais aussi de France et de Navarre en participant à de nombreux meetings et rassemblements de constructeurs amateurs, de l’été 1961 à l’été 1980, comme en témoignent les nombreux autocollants plaqués au fil des ans sur les flancs du zinc, lequel est à présent exposé au Musée de l’Air de Bruxelles (Fernand Noiset en fit don en septembre 1982 après avoir effectué quelques 1.055 heures de vol à son bord).

Les dieux de la météo n’étaient pas avec les organisateurs de ce 2ème Flea-In à Temploux mais bien l’enthousiasme et la super ambiance… c’est peut-être pour cela que ce fut un rassemblement… du tonnerre !

Jean-Pierre Decock

Epilogue navrant :
au terme d’une longue maladie, endurée avec courage et stoïcisme, Fernand Noiset  s’est éteint en décembre 1998…
Autre épilogue navrant :
le 14 août 1999 dans la matinée, alors qu’il rejoignait la Suisse pour le rassemblement annuel des constructeurs amateurs, le Pou du Ciel OO-96 s’est écrasé sur une laiterie de Recogne, suite au très mauvais temps et aux bourrasques soufflant en rafale sur les Ardennes belges, tuant sur le coup son pilote et constructeur Philippe Balligand…

 

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