Journée du vol à voile à Beauvechain

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Beauvechain, Domaine de la Chise, le 7 novembre 2011. Sur la terrasse du mess des officiers de Beauvechain et sous les frondaisons automnales aux couleurs chatoyantes, deux planeurs blancs étincelants accaparent notre regard. C’est la deuxième fois qu’une journée du vol à voile parrainée par The Glider Pilot Shop est organisée en Belgique par Yves Jeanmotte, le vélivole bien connu des milieux de l’aviation belge. Cet événement ciblant les pilotes de planeur proposait un vaste éventail d’équipements et d’accessoires nécessaires à la pratique plus performante du vol silencieux ainsi que de magistrales présentations de cas vécus.

L’étonnant prototype du planeur tchèque HpH Shark 304 JS équipé d’un mini turboréacteur.

Planeurs hi-tech
Deux planeurs étalant leur longues plumes blanches sous les arbres étaient exposés: de bien belles machines, toutes deux de fine technologie mais cependant à des titres différents.
C’est le HpH Shark 304JS tchèque qui attira l’attention dès l’arrivée sur le parking. En effet, ce planeur entièrement en matériaux composites et affichant un coefficient de finesse de 51 est dérivé du Glasflügel allemand. HpH, producteur de modèles réduits à l’échelle 1/18 aux structures super détaillées et de « qualité musée », a aussi construit quelques 80 planeurs de ce type depuis 1998, lorsque cette société implantée en Tchéquie en racheta les moules. Le Shark 304JS prototype constitue néanmoins un développement particulier de HpH dans la mesure où ce planeur est structurellement doté d’un micro turboréacteur d’origine et le propulseur auxiliaire n’est donc pas, comme c’est fréquemment le cas, rapporté ultérieurement à la machine avec son bâti, modification qui pénalise plus ou moins fort l’aérodynamisme et donc les performances de l’aéronef.

La turbine TBS 400N-J40P a été développée par la firme allemande Binder fondée par d’anciens ingénieurs formés chez le grand motorise MTU, lesquels ont également conçu le moteur deux-temps Solo 2625-01 escamotable avec son hélice et qui équipe le planeur Shark 304 MS de HpH qui peut décoller par la force des 52 chevaux qu’il développe à 6.000 tours. Le petit turboréacteur équipant le Shark 304 JS de 40 kg de poussée (pour un poids à sec de 4 kg) ne permet pas le décollage autonome de l’appareil mais permet néanmoins un vol de croisière bien soutenu, souvent utile lorsque les ascendances se raréfient ou disparaissent afin de maintenir la ligne de vol pour retrouver des courants ascendants ou rejoindre un aérodrome. La consommation de ce turboréacteur est de 17 litres aux 100 km en assurant une vitesse de 165 km/h au planeur. Ses faibles poids et encombrement en permettent l’escamotage et le déploiement de façon simple, rapide et silencieuse. Toutes les commandes relatives à la turbine sont concentrées sur le sommet du manche à balai et un mini écran LCD en bas du tableau de bord en T affiche une icône du moteur lorsqu’il est sorti et indique tous les paramètres relatifs à son fonctionnement. Le planeur tchèque HpH Shark 304 JS est toujours à l’état de prototype aux essais, lesquels seront, sans aucun doute, concluants se sorte que les nombreux amateurs pourront avoir accès à cette machine géniale par sa technologie et ses performances vélivoles.

Gros plan sur le réacteur escamotable TBS 400N-J40P de 40 kg/poussée (420N) et à double flux (la paroi extérieure demeure froide lorsque le réacteur fonctionne) du Shark 304 JS. Celui-ci mesure 320 mm hors tout et son diamètre est de 156 mm. Les deux représentants de HpH prennent la pose avec, à gauche, Jaroslav Potmesil, l’un des deux fondateurs de cette firme tchèque.

Le deuxième planeur que les visiteurs pouvaient examiner de près était également hi-tech du fait que cet SG 29 immatriculé D2729 en Allemagne était doté de panneaux photovoltaïques sur le dos, juste à l’arrière de la canopée. C’est une grande idée, car un planeur ne peut disposer des servitudes fournies par le moteur dont il est dépourvu. Ces plaquettes exploitant l’énergie solaire viennent donc bien à point pour alimenter l’électronique de bord et pas seulement la radio, mais aussi l’informatique et les logiciels de planning et d’analyse de vol spécialisés pour le vol à voile dont cet SG 29 était généreusement équipé.
Voici pour la partie extérieure, à l’intérieur de la véranda attenante, divers matériels spécifiques au vol sans moteur étaient présentés et pouvaient éventuellement être testés par les visiteurs. L’avionique de pointe était bien représentée, mais il y avait aussi des stands concernant des parachutes et même des sous-vêtements adaptés à la pratique de ce beau sport !

Le tableau de bord du Shark 304 JS est particulièrement ergonomique avec, au centre et en haut de la jambe du T, le display affichant les paramètres relatifs au moteur à réaction.
Les panneaux photovoltaïques installés de façon aérodynamique au dos du planeur allemand SG 29.

Szeged: des Belges sur le podium !
Les derniers championnats du monde de vol à voile se sont déroulés l’été dernier à Szeged en Hongrie avec la météo variable typique de juillet et d’août en Europe, c’est-à-dire avec autant de journées de temps formidable que de celles au temps exécrable. Cette compétition mondiale comptait 192 pilotes inscrits pour 150 qui y prirent effectivement part dans les trois catégories: classe ouverte et classes 15 et 18 mètres (d’envergure du planeur).

Tableau de bord du SG 29 étoffé en termes d’avionique avec son display central (GPS, planning et tracking du vol, etc.).

Les Belges Pierre de Broqueville et son neveu Arnaud faisaient équipage dans le planeur EB Edition biplace (à moteur escamotable produit par Binderflug) pour prendre part aux épreuves de la classe ouverte. Leurs compétences de bons vélivoles furent dûment établies par la constance de leurs prestations, ce qui leur permit de figurer dans le peloton de tête dès le premier jour et d’y demeurer. C’est ce que Pierre de Broqueville, également pilote de ligne et ancien commandant de bord à la Sabena, exposa avec brio et humour pour chacune des diverses épreuves inscrites au programme de ce concours mondial. Ils s’étaient dits que s’ils se classaient dans les dix premiers, les bouchons de champagne sauteraient et que si, par chance, l’équipage figurait parmi les cinq premiers, le champagne coulerait à flots. C’est dire s’ils étaient motivés, condition indispensable en complément au talent pour se propulser en tête du palmarès.

L’un des stands d’avionique avec un public averti.

Images du tracking intégral du vol de la toute dernière épreuve à l’appui, Pierre de Broqueville nous amena littéralement dans l’habitacle de son planeur pour expliquer, de façon tantôt pointue, tantôt truculente, les phases successives de vol en spirale dans les thermiques, les vides d’ascendance et la recherche désespérée d’une nouvelle pompe… trouvée in extremis. Sa description du vol en train de planeurs avec les participants allemands était également à couper le souffle. Ce vol mémorable permit aux de Broqueville, grâce à leur habileté, leur sixième sens et un poil de chance aussi, de terminer l’épreuve avec honneur et d’accéder ainsi à la troisième place au classement général ou, en d’autres mots, de décrocher la médaille de bronze dans la classe ouverte au championnat du monde 2010 en Hongrie… le champagne a donc dû couler à torrents.

1st Belgian Masters
Le dernier week-end du mois d’août et le premier de septembre 2010 a eu lieu le premier Belgian Masters de vol à voile à l’aérodrome de Saint-Hubert. Yves Jeanmotte en était le directeur de la compétition et il en présenta les grandes lignes et les résultats les plus significatifs. Plus ou moins calqué sur le schéma des Belgian Nationals qui s’étaient déroulés au même endroit en début d’été, les épreuves étaient toutefois recadrées pour mieux correspondre aux prestations de haut niveau s’inscrivant dans le contexte quotidien d’une compétition de durée relativement limitée.

Yves Jeanmotte, ancien pilote de F-16 à la 2ème escadrille, actuellement pilote de Boeing 737 chez TNT, vélivole réputé et organisateur avec le sponsor Pilot Glider Shop Bénélux de cette journée dédiée au vol à voile.

Au total, 22 participants y alignèrent 13 types différents de planeurs avec un score moyen de 950,37 points pour 902,60 en classe ouverte et 929,31 pour la classe des 15 mètres en comparaison au championnat national de Belgique. C’est dire si ce type de challenge sportif était bienvenu.

Une assemblée nombreuse et captivée par l’exposé, tout à la fois pointu et empreint d’humour, de Pierre de Broqueville concernant sa participation, avec son équipier et neveu Arnaud, et leur podium aux championnats du monde vol à voile l’été dernier en Hongrie.

En finale, une journée dont le bilan est globalement positif et gratifiant pour la centaine de personnes qui avaient fait le déplacement jusqu’à La Chise, la plupart pratiquants assidus du vol à voile, le tout dans une ambiance très club, c’est-à-dire très sportive et empreinte de franche camaraderie.

Jean-Pierre Decock
Photos: Paul Van Caesbroeck

 

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Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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