Journée de l’aérostation / Ballonvaardersdag 2012 à Eeklo

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Eeklo, le 1er décembre 2012. Le hall sportif de la ville flandrienne est envahi par des passionnés d’aérostation et, plus particulièrement de montgolfières, qui y tiennent en quelque sorte leur salon bisannuel sous l’égide de la Fédération Royale Belge d’Aérostation/ Koninklijke Belgische Ballonvaart Federatie, elle-même rattachée à l’Aéro-Club Royal de Belgique.

Cet événement se déroulant chaque fois en un endroit différent du pays permet aux pratiquants du ballon à air chaud de découvrir les nouveautés relatives à leur sport préféré, car les agents belges des grands fabricants de montgolfières y viennent à leur rencontre avec des appareils et tous les accessoires et produits annexes pour ceux qui sont férus de vol lent, silencieux et à très basse altitude au gré des brises crépusculaires.

Un côté nettement didactique renforçait également cette manifestation, dans la mesure où elle se couplait à un séminaire sur la sécurité et une réunion des aérostiers centrée sur le Ballonmeeting annuel d’Eeklo, l’un parmi les cinq ou six meetings annuels majeurs de la discipline en Belgique.

Des innovations chez tous les fabricants

Lindstrand, un fabricant britannique de montgolfières parmi les plus importants, y présentait sa gamme. Le représentant de la marque pour la Belgique, Peter De Bock, lui-même pilote de ballon à air chaud totalisant quelques 1.300 heures de vol, n’hésitait pas à satisfaire la curiosité des visiteurs en répondant à toutes leurs questions.

Un ballon suspendu dans le hall d’exposition induit parfaitement qu’il s’agit de la journée de l’aérostation.
Le stand du constructeur Lindstrand suggère bien les activités de l’entreprise.

Ultra Magic, la grande marque européenne, marquait l’événement de son importante présence. En effet, comme le signalaient les importateurs de la marque espagnole en Belgique, Filip Audenaert et Benoit Siméons, Ultra Magic est la deuxième marque du marché et se doit donc d’aller constamment de l’avant. Un des progrès majeurs d’Ultra Magic est le ballon dit écologique, car consommant 40% de gaz en moins par rapport aux montgolfières classiques (dont l’enveloppe n’est exécutée qu’avec une seule couche de tissu) grâce à son enveloppe à double paroi. Ce fabricant est spécialisé dans les nacelles de grande capacité pouvant emmener jusqu’à dix passagers, outre les nacelles d’osier plus petites destinées aux ballons de compétition. Ici aussi, Ultra Magic propose du neuf avec une nacelle « poids plume » dont le matériau essentiel est le carbone. Les représentants belges d’Ultra Magic ont vendu sept ballons en 2012 et environ cinquante depuis l’implantation de la marque dans le royaume. En tant que marque co-leader du marché, Ultra Magic s’astreint sans cesse à innover et, dans ce but, participe au grandes montgolfiades européennes et mondiales, ce qui lui permet de demeurer à l’écoute des compétiteurs. C’est grâce à cela que l’entreprise développe actuellement un dispositif de détection des lignes à haute tension afin de prévenir l’aérostier de la proximité de ce type d’obstacle létal pour les ballons.

Devant le stand Lindstrand, Peter De Bock, 1.300 heures de vol en montgolfière et distributeur pour la Belgique (à droite) avec Lowie » « Ballon », un adepte du plus léger que l’air.
Sous le ballon eye-catcher d’Ultra Magic et devant un échantillon de voilure à double paroi, les distributeurs belges de la marque espagnole, Benoit Siméons (à gauche) et Filip Audenaert (à droite).

Le fabricant britannique Cameron est le leader incontesté sur le marché européen et l’ampleur de son stand ne laissait guère de doute à ce sujet. Le distributeur pour la Belgique est AB Ballonvaart implanté à Gand. Son manager Koen Audenaert (rien à voir avec son homonyme chez Ultra Magic) est lui-même pilote de ballon et riche de 3.400 heures de vol accumulées en 23 ans de pratique. Il déclare que 84% des ballons construits dans le monde l’ont été par Cameron qui en a vendu près de six mille depuis sa création, dont trois cents en Belgique parmi lesquels environ cent cinquante disposent encore actuellement d’un certificat de navigabilité. Cameron est également connu et reconnu comme fabricant de montgolfières dirigeables ou dont l’enveloppe est de forme inusitée pour des besoins publicitaires spécifiques. Les ventes en Belgique se montent à huit unités en 2012, ce qui en fait une année normale sur le plan commercial.

Leader du marché, Cameron maintient ce qui l’a rendu célèbre, c’est à dire ses compétences à produire des enveloppes en étoffe à la fois très légère et très résistante, facteur décisif pour des engins volants dits plus légers que l’air. L’innovation présentée au salon consistait en une nacelle mono ou biplace repliable avec le brûleur maintenu en place, facilitant son transport, en particulier lors de la récupération à l’issue d’un vol en campagne. Cameron propose encore une autre nouveauté, à savoir les bonbonnes en aluminium, beaucoup plus légères que les bouteilles classiques en titane.

L’agent belge de Cameron Koen Audenaert, pilote depuis 23 ans et titulaire de 3.400 heures de vol en ballon à air chaud, insiste sur la finesse et la solidité du tissu de l’enveloppe des ballons de ce fabricant.
La nouvelle nacelle de Cameron pliable avec son brûleur permettant de former un paquet compact facile à transporter.

La firme tchèque Kubicek compte parmi les fabricants majeurs de ballons à air chaud en Europe. L’agence belge de ce fabricant est la firme Step in ballooning bvba dirigée par Kris Houtmeyers qui inaugurera ses nouvelles infrastructures le 15 décembre 2012 à Molenstede près de Diest. Six montgolfières Kubicek ont été vendues durant 2012 sur un total de 21 depuis que ce concessionnaire existe en Belgique. Autre particularité, Kubicek est l’un des rares fabricants de ballons à air chaud à produire lui-même l’étoffe en polyester des enveloppes de ses ballons. Autre fait qui mérite d’être souligné, Kubicek Belgique est le seul du royaume titulaire d’une CAMO (Continuous Airworthiness Management Organisation) attribuée par la très sérieuse EASA (organe de l’aviation sportive de l’Union Européenne), confirmant ses compétences et son sérieux en termes d’entretien des plus légers que l’air.

La surprise au détour de la route

En cheminant sur la nationale menant de Gand à Eeklo, la surprise – ou le bonus – du périple est apparue lors de la traversée de Zomergem. Et celle-ci était de taille : un quadriturbopropulseur Vickers Viscount 813 monté sur pylônes à côté d’une discothèque à l’enseigne de Kokoriko… L’avion immatriculé G-AZNA au Royaume-Uni est relativement en bon état. Il porte la mention « Viscount Banjul » (comme la capitale de la Gambie, autrefois Bathurst, enclavée dans le Sénégal).

Bonus sur la route menant à la journée de l’aérostation/ballonvaardersdag à Eeklo, le Vickers Viscount 813 érigé en attraction devant la discothèque Kokoriko à Zomergem.
Enthousiaste et très démonstratif, Marnix Dobbelaere est commissaire sportif de la fédération belge d’aérostation; il expliquait fort bien les mécanismes et les conditions de la compétition annuelle à laquelle les pilotes de ballons à air chaud peuvent participer.

Les recherches pour en savoir plus ont révélé que cet appareil portait le numéro de construction 350 lors de sa sortie d’usine en 1958. Il fut essayé muni de l’immatriculation G-AZNA avant de rejoindre l’Afrique du Sud où il fut immatriculé ZS-CDX avant de revenir en Grande-Bretagne pour reprendre son indicatif initial le 9 juin 1988 et être radié d’office par la Civil Aviation Authority le 17 juin 1992. Il totalisait 52.120 heures de vol à fin décembre 1989. Nul ne sait par quel sortilège ce Viscount a atterri là, mais il s’y trouve en tous cas depuis une bonne quinzaine d’années, si pas davantage.

Le panneau au stand Kubicek est illustré des nombreuses montgolfières construites par ce fabricant tchèque pour des clients belges.
Le jeune aérostier (400 heures de vol) Bjorn Drees animait fort bien le stand de Kubicek Belgique.

En guise de conclusion

La journée de l’aérostation qui s’est tenue à Eeklo a démontré la vitalité de l’aérostation grâce aux ballons à air chaud apparus il y a une quarantaine d’années et qui sont bien plus économiques et faciles à mettre en oeuvre autant qu’a récupérer après un vol que les ballons à gaz à l’origine de ce sport aérien enthousiasmant. Ce ne sont pas les deux cents membres de la fédération d’aérostation et les cent cinquante aérostiers belges qui le démentiront.

Texte et photos: Jean-Pierre Decock

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Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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