Florennes Raum Sieben 1942-1944

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Bruxelles, le 30 mars 2015. Nous venons de terminer la lecture de cet imposant ouvrage commis par Roland Charlier et consacré à la création de l’aérodrome de Florennes en 1942 en tant que base de la chasse de nuit allemande dans le secteur (Raum) sept du système de détection radar « Himmelbett » établi sous l’égide du Général Kammhuber, l’organisateur de la chasse de nuit de la Luftwaffe.

Le livre est intégralement dévolu à la période allemande de Florennes; elle y est développée in extenso sur quelques 470 pages. Un tel volume d’informations ne se limite pas à n’évoquer que les opérations de la I./NJG 4 (I Staffel (escadrille) de la Nachtjagd Geschwader 4 (4ème escadre de chasse de nuit)) et de la I./JG 26 (I Staffel (1ère escadrille) de la Jagdgeschwader 26 (26ème escadre de chasse)), bien que celles-ci soient, globalement relatées avec équipages, types de missions et finalités, c’est-à-dire victoire aérienne essentiellement ou crash de l’assaillant. Les combats aériens se déroulèrent essentiellement contre les norias, nuit après nuit, des bombardiers de la Royal Air Force lancés vers leurs objectifs habituellement en Allemagne (et ultérieurement des appareils américains). Les engagements aériens sont narrés avec un luxe d’explications : type d’avion, immatriculation, unité (squadron ou staffel), équipage clairement identifié (nom, grade, fonction à bord, lieu d’inhumation si d’application) et point de chute dans la majorité des cas. Le mode chronologique adopté pour relater les événements aériens  permet aussi de révéler les actions et rapports de la résistance, mais également les souvenirs des protagonistes autant que des habitants de Florennes et de la région alentour vis-à-vis de l’occupant et de ses activités ainsi que de l’aide apportée par la population aux équipages abattus pour leur permettre d’échapper aux patrouilles ennemies lancées à leur poursuite afin qu’ils puissent regagner l’Angleterre et reprendre le combat.

Le quotidien des habitants est également dépeint au rythme de l’occupation ou des réquisitions des maisons et propriétés par l’occupant, tout autant que l’ambiance générale de la vie à l’époque grâce à des témoignages et à des carnets de notes personnels. Le point de vue allemand est aussi rapporté de façon circonstanciée par le biais des journaux tenus à l’époque au jour le jour par plusieurs aviateurs et auxquels l’auteur à eu accès.

Un Junkers Ju 88R-1 de la 10./NJG 3 avec les antennes du radar Fug 220 Lichtenstein B/C dans le nez. Il est identique à ceux qui opérèrent depuis Florennes. Cet appareil est décoré sous le cockpit de l’emblème commun à toutes les unités de la chasse de nuit allemande. (Archives Gebhard Aders)

A de nombreuses reprises, l’auteur établit aussi le parallèle entre la situation et les intervenants à l’époque et celle prévalant de nos jours, le parallèle le plus flagrant étant la nomenclature des stèles et monuments érigés pour commémorer et les événements et les individus.

Messerschmitt Bf 110C, première dotation de la 7./NJG 4 en France en 1942, similaire aux machines versées à la I./NJG 4 à Florennes à la même époque. (Profil M. Kit)

Comme tout ouvrage historique exhaustif et rigoureux – et c’en est un – il contient de nombreuses annexes factuelles et plusieurs index, en l’occurrence un index des noms de personnes et un autre des noms de lieux, outre les tableaux des avions alliés abattus et des pertes des I./NJG 4 et I./JG 26 récapitulés chronologiquement avec absolument toutes les données significatives s’y rapportant.

Une telle masse d’informations organisée de façon aussi pertinente fait incontestablement de « Florennes Raum Sieben 1042-1944 » l’ouvrage de référence incontournable sur le sujet et, à ce titre, intéressera tout chercheur ou historien mais également l’amateur d’aviation ou d’histoire locale qui y trouvera largement son compte car, outre sa grande valeur documentaire, l’ouvrage se lit aussi avec délectation par les diverses histoires parallèles ou humaines qui y sont développées.

L’emblème de la chasse de nuit moulé dans le béton d’un bâtiment construit par les Allemands tel que photographié en 1975; quoique décoloré, il existait toujours en 1986 avant d’être descellé pour être exposé au Musée Colonel R. Lallemant / Mémorial Spitfire implanté sur la base de Florennes. (Archives JP Decock)

C’est manifestement la somme d’une vie de chercheur assidu, opiniâtre et avisé, secondé par une équipe qui s’est impliquée à fond dans le projet, s’étalant sur quelques décades. Le résultat est magistral – et le mot est faible – et Roland Charlier mérite largement, comme on dit de nos jours dans les mass médias, une « standing ovation ».

Jean-Pierre Decock

« Florennes Raum Sieben 1942-1944 », un volume de 470 pages au format DIN A5, abondamment illustré de photos et croquis en noir et blanc, édité à compte d’auteur par Roland Charlier. L’ouvrage est disponible chez l’auteur pour la modique somme de 35 euros, frais d’expédition Belgique compris : un livre de cette qualité à ce prix-là, c’est une réelle aubaine !

Commandes et renseignements via rolandcharlier@live.be

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Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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