La SABENA et l’aviation en Belgique

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Bruxelles, le 15 juillet 2015. Nous avons un entretien plaisant avec Jacques Gorteman qui a mené une carrière entière, soit plus de trente et un ans, à la SABENA en tant que steward – ou commis de bord, comme on les appelait alors avec déférence – dans la désormais défunte compagnie aérienne nationale. Jacques Gorteman a commencé comme steward le 7 janvier 1957 et a gravi tous les échelons pour partir à la retraite, le 1er mai 1988, en tant que « flight safety inspector & instructor » en totalisant plus de 20.000 heures au compteur, essentiellement lors de ses vols vers l’Afrique et les Etats-Unis. Comme pour de nombreux professionnels de l’aviation, Jacques Gorteman a exercé ce métier avec enthousiasme et passion, avec des liens quasi viscéraux le liant à la SABENA, qui représentait donc bien davantage qu’un employeur.

C’est donc très logiquement – et même passionnément – que l’idée de retracer l’histoire de l’entreprise belge de transport aérien s’est mise à trotter dans sa cervelle jusqu’à l’obnubiler au point de consacrer l’essentiel de son temps de retraité à rédiger un ouvrage sobrement intitulé « La SABENA et l’aviation en Belgique ». Si le titre est sobre, le contenu est loin de l’être tant il est prolifique en se développant sur plus de six cents pages !

Jacques Gorteman effectua son premier vol de steward à bord du Convair CV 440 Metropolitan immatriculé OO-SCN. (Archives Jean-Pierre Decock)
A Melsbroek sur la passerelle du Metropolitan, Jacques Gorteman inaugure son uniforme tout neuf à l’occasion de son premier vol : c’était le 28 mai 1957 à destination de Londres. (Jacques Gorteman)

Jacques Gorteman relate extensivement et avec beaucoup de cœur l’histoire de la SABENA par le grand bout, et parfois le petit bout, de la lorgnette, autant en ce qui concerne les individus que les avions et les infrastructures. Mais ce qui rend le contenu extrêmement prenant et dense, c’est que sa narration se déroule dans le contexte global de l’évolution de l’aviation belge, majorée de régulières incursions dans l’histoire de l’Aviation (avec un grand A).

Dans cette aventure exaltante dont le point de départ était la volonté d’éviter « que le souvenir ne s’en perde », Jacques Gorteman a été assisté par Marc Vandermeir, journaliste freelance, et le but a été atteint, voire largement dépassé.

Le premier vol en Boeing 707 de Jacques Gorteman a eu lieu à bord de l’OO-SJD de Bruxelles à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi) au Congo et celui-ci a duré 10 heures 17 minutes. (Archives Jean-Pierre Decock)

Nous avons compulsé ce livre – plutôt cette « brique » – sur l’aviation belge avec ravissement et pris grand plaisir à (re)découvrir de nombreux pans de la riche histoire de l’aviation en Belgique, petite nation entreprenante et extrêmement aérophile, comme l’ouvrage de Jacques Gorteman en atteste si bien par le texte et l’iconographie abondante. Il l’a écrit avec « un cœur grand comme ça », lui qui nous a avoué qu’ayant durant sa longue carrière vécu de l’intérieur la grande évolution des avions de ligne depuis les hélices jusqu’aux réacteurs, tous comptes faits, son avion préféré était le Boeing 747 Jumbo Jet et sa ligne aérienne de prédilection était Bruxelles – New York.

L’avion préféré de Jacques Gorteman qui avoue avoir été en extase face au Boeing 747 Jumbo Jet dont la SABENA acquit quatre exemplaires (celui-ci est le second et est immatriculé OO-SGB). (SABENA)

Il convient de mettre au crédit de l’ouvrage, une chronologie explicative et très circonstanciée de la faillite de la SABENA, de même que des tableaux récapitulatifs détaillés reprenant, par type d’avion et par immatriculation, tous les appareils mis en ligne par des compagnies civiles belges, tant immatriculés en Belgique qu’à l’étranger.

Petit reproche cependant pour un tel ouvrage au contenu si vaste qui en fait un ouvrage de référence sur l’aviation civile belge, l’absence d’index des noms propres (individus, lieux, avions, etc.). Quoi qu’il en soit, il nous semble que cette lacune peut être rapidement comblée dans un proche avenir.

Dernier vol… Jacques Gorteman débarque du Douglas DC-10 immatriculé OO-SLE après avoir couvert le trajet Kigali/Bujumbura/Bruxelles en 9H15 le 28 avril 1988. (Jacques Gorteman)

Nous ne saurions que vous recommander chaudement de compulser les nombreux chapitres du livre « La SABENA et l’aviation en Belgique » par Jacques Gorteman et Marc Vandermeir; il est disponible dans son intégralité (624 pages) et téléchargeable gratuitement sur ce site, il suffit de cliquer son icône sous l’onglet « Project » à gauche de la page d’accueil.

Jean-Pierre Decock

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Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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