Wevelgem, le 7 mai 2016. Dans notre domaine, il nous est parfois permit de rencontrer des légendes. Courir à Paris pour voir des reliques du Lightning de Sain Ex. Visiter le Science Museum à Londres pour voir un Spitfire et un Hurricane de la Bataille d’Angleterre auxquels on n’a pas touché depuis 1940. Oui mais voilà, rencontrer des légendes de l’aviation en Belgique, ça n’arrive pas tout les jours.
21 mars un post de Vintage Dream Factory sur Facebook annonce un « Meet and Greet with Christina Olds, daughter of Gen. Robin Olds».
Robin Olds, que de souvenirs. Dans les années 1970, lorsque je dépense mon argent de poche en revues d’aviation, l’aviateur américain est déjà une légende pour son rôle pendant la guerre du Vietnam. Mais j’étais loin d’imaginer des liens entre cet aviateur hors du commun et notre Belgique.
Le 7 mai, vers 17 heures, nous sommes une cinquantaine à nous retrouver au clubhouse de l’aéroport de Wevelgem. Parmi l’assistance des têtes connues, de vrais passionnés et, heureuse surprise, des jeunes.
Vers 18 heures, un son caractéristique nous annonce qu’un Mustang est dans les environs. Le warbird survole la piste, amorce un virage puis un passage bas et à 18:08 très précisément , le pilote, Lieven Lavaert, pose Scatt VII comme une fleur. Les organisateurs ont eu la bonne idée d’associer le concessionnaire Ford local à l’évènement et c’est escorté de Mustang à quatre roues que le P-51 s’arrête sur l’apron face au clubhouse. Nous étions un peu inquiet, car si les organisateurs avaient annoncé que les participants pourraient approcher l’avion, nous n’étions pas sans ignorer que les mesures de sécurité actuelles rendent pratiquement impossible l’accès aux pistes des aéroports aux personnes non autorisées. Mais nous avons affaire à des professionnels qui ont organisé l’accès au parking avion avec la police locale.
S’en suit une longue séance autour de l’avion. L’équipage se prête au jeu des questions/réponses et les spectateurs peuvent ausculter le P-51 sous toutes les coutures. La veille, Lieven et Christina Olds ont visité Kleine Brogel avec Scat VII et ont été accueilli avec enthousiasme par le 10e Wing. Aujourd’hui, c’est Jenny, la fille de Christina qui a occupé la place arrière du Mustang. Le trajet de Deurne à Wevelgem est son premier vol sur l’avion sur lequel son grand père s’est illustré à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Elle est très impressionnée.
A 19 heures, il est temps de prendre place pour assister aux présentations que nous ont préparé nos hôtes.
Lieven ouvre le bal en présentant l’équipe de Vintage Dream Factory qui assure les opérations du North American TF-51 Mustang en Belgique. L’avion est bien celui utilisé par le alors Major Robin Old à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Olds a détruit au sol 4 appareils de la Luftwaffe avec le 44-72922 dans les dernières semaines de la guerre. Acquis en 2009 par Jan van der Flier. Il est importé des Etats-Unis vers les Pays-Bas et transporté jusqu’à Lelystad ou il est réassemblé par la Stichting Vroege Vogels. Il gagne ensuite Deurne d’où il vole toujours et est entretenu depuis son arrivée en Belgique par la société FAST (Flying Aces Services and Training) de Frédéric Vormezeele.
En 2015, son propriétaire néerlandais met l’appareil en vente et des rumeurs se propagent au sujet du retour du Mustang aux Etats-Unis. Il est finalement acheté par The Vintage Dream Factory vzw et reste basé à Deurne. L’asbl a pour but l’entretien du warbird mais aussi de permettre à ses membres d’effectuer des vols sur cette légende volante. Supportée par des investisseurs locaux, elle offre la possibilité de voler sur le seul P-51 biplace basé en Europe. Cette exclusivité permet également la formation d’un futur pilote de Mustang de collection sans être obligé de se déplacer aux Etats-Unis.
L’ASBL a été relativement discrète depuis sa création et l’avion est assez rare en meeting mais cette année, on pourra admirer Scat VII aux journées de la Force Aérienne à Florennes et pourquoi pas se faire membre de l’association et booker son vol.
Le film du vol de Christina de Deurne à Kleine Brogel est aussi présenté. Les images montrent très bien l’émotion qu’elle a ressenti au cours de cette courte liaison. Elle a particulièrement apprécié de voler au-dessus des paysages que son père lui avait si souvent décrits. A son arrivée à KB, la base lui réservait une chaude réception et aussi une escorte de F-16. La surprise de la passagère découvrant un jet aile dans aile avec le Mustang fut aussi un grand moment de l’après-midi. A noter que si la presse télévisuelle flamande a couvert l’évènement, celui-ci n’a pas suscité l’intérêt des chaines francophones qui n’en ont pas soufflé mot.
Le Lockheed P-80 Shooting Star Scat X piloté par Robin Olds lors de la Thompson Trophy Race. (Kevin Grantham Collection, www airrace com) |
Lieven passe ensuite la parole à Christina qui va nous faire découvrir un personnage hors du commun.
Robert Oldys Junior est né à Honolulu (Hawaï) le 14 juillet 1922. Il était le fils du capitaine Robert Oldsys, qui transformera son nom en Olds. Le père de Robin fut instructeur en France pendant la Première Guerre mondiale et l’aide de camp du fameux Brigadier General Billy Mitchell de 1922 to 1925. Il témoigne en faveur de Mitchell lors de son procès à Washington. Son fils de 3 ans l’accompagne en uniforme de l’Army Air Force. Une photo du père et du fils fait la première page des journaux américains. Robert Olds senior jouera un rôle majeur dans la constitution de l’aviation stratégique américaine. Il commandera la première unité de B-17 et réalisera plusieurs vols à longue distance aux USA et en Amérique du Sud pour convaincre une opinion publique isolationniste de l’intérêt de ce que l’on appelle l’Air Power. Parmi les collègues proches et voisin de Robert Olds, Carl Spaatz qui deviendra le premier chef d’état-major de l’Air Force. Le père initie le fils au pilotage à partir de 8 ans. Robyn décide très tôt qu’il suivra les traces de son père et ne rêve que de l’académie militaire de West Point et de Football. Ses qualités sportives attirent l’attention de plusieurs universités. Ses performances sportives lui vaudront en 1985 d’être fait membre de la College Football Hall of Fame. L’épisode du procès Mitchell et les relations de son père avec les officiers qui ont créé l’Air Force joueront un rôle majeur dans la vie de Robin Olds qui ne ratera jamais une occasion de pourfendre l’un ou l’autre bureaucrate et de tout faire pour que ses pilotes disposent du meilleur matériel, du meilleur training et des meilleures chances de survie au combat. Préoccupations de tout les jours, aussi, de notre Force Aérienne.
En 1939, Robin tente de s’engager à la Royal Canadian Air Force mais son père refuse de le laisser partir et Robin intègre West Point le 1er juin 1940. Après Pearl Harbor, il fait partie d’un groupe de cadet qui suivent une formation accélérée au pilotage. Il est breveté à Noël 1942, puis retourne à West Point dont il sort diplômé en 1943 après avoir reçu ses ailes du General Henry « Hap » Arnold.
Olds est sélectionné pour suivre une formation de pilote de chasse au sein du 329th Fighter Group, une OTU sur P-38 basée à Central Air Terminal à Glendale en Californie. Après avoir accumulé 650 heures de vol dont 250 sur P-38, il est assigné au nouveau 434th Fighter Squadron du 479th Fighter Group, sur le terrain de Lomita.
Le 15 avril 1944, c’est enfin le grand départ pour le Royaume-Uni que Robin et son groupe atteigne le 14 mai. Le 479th FG effectue sa première mission de combat le 26 mai à partir de RAF Wattisham. Robin vole sur un P-38J qui porte le surnom de Scat II. Scat était le sobriquet d’un de ses condisciples à West Point qui n’avait pas été retenu pour l’Air Force. Robin lui avait promis que son avion porterait son surnom. Promesse tenue jusqu’à Scat XXVII, un F-4 Phantom, dernière monture de Olds. Son camarade de promotion versé dans l’infanterie sera tué en Belgique.
Dès son arrivée sur le théâtre d’opération, notre pilote insiste auprès de son crew chef pour participer à toute travaux qui peut améliorer les performances de son Lightning. Ainsi ils poliront ensemble, à la cire, Scat II pour gagner les quelques kilomètres par heure qui font la différence au combat.
Dans les semaines qui précèdent le débarquement, ce sont des missions d’attaque au sol ou d’escorte qui occupent le 479th Fighter Group. Le 24 juillet, Robin est promu capitaine et devient flight leader puis squadron leader. Il a 22 ans. Le 14 aout, lors de l’attaque d’un pont, le vent tourne et notre futur ace abat 2 Focke Wulf 190. Le 25 aout, lors d’une mission d’escorte sur Wismar, le 479 FG affronte 50 Bf 109. Olds manœuvre son groupe pour le mettre en position au-dessus des chasseurs allemands. Dans la mêlée qui s’en suit, les moteurs de son Lightning s’arrêtent. Dans l’excitation du combat il a oublié de passer sur ses réservoirs internes. Cela ne l’empêche pas d’endommager un 109 puis de piquer, de relancer ses moteurs et de remonter rejoindre ses ailiers. Lors de son piqué, il a perdu une partie de sa verrière mais rentre en Angleterre avec 3 victoires supplémentaires et devient le premier as de son groupe.
Mi-septembre 1944, le 479 Fighter Group se convertit sur Mustang. Robin clôture son premier tour d’opération le 9 novembre 1944 avec 6 victoires et 270 heures combat. Il est renvoyé en congé pour 2 mois aux Etats-Unis et fait des pieds et des mains pour rejoindre son unité le plus rapidement possible. Convoqué chez Carl Spaatz, il a la surprise d’y retrouver les amis de son père : Eaker, Vandenberg, Quesada, Nordstadt, Doolittle et d’être reçu en privé par Spaatz plutôt que de recevoir un savon. Il est de retour en Europe le 15 janvier 1945. Le 8 mai 1945, il a totalisé 12 victoires aériennes, détruit 11,5 avions au sol et reçu 2 Silver star.
Il retourne aux Etats-Unis ou il est affecté à West Point comme assistant coach de l’équipe de football.
En février 1946, il passe au 412th Fighter Group basé à March Field, California, unité qui vole sur Lockheed P 80 Shooting Star. En avril de la même année, Olds et le Colonel John C. « Pappy » Herbst forment la première patrouille acrobatique sur jet de l’Air Force. Lors de l’opération Comet, le groupe de chasse réalise une tournée de 9 villes américaines qui se termine par un vol transcontinental de Californie à Washington en 1 journée. Robin participe ensuite à la Thompson Trophy Race (Jet Division) des Cleveland National Air Races toujours sur Shooting Star.
En 1947, Olds épouse Ella Raines, une actrice d’Hollywood qui mettra sa carrière entre parenthèse pour élever leurs trois enfants.
En 1948, Robin est désigné pour partir en squadron exchange à la Royal Air Force. Il sera le premier étranger à commander une unité de la RAF en temps de paix en l’occurrence le prestigieux Squadron 1 sur Gloster Meteor à RAF Tangmerre. Il en conservera de solides amitiés chez les aviateurs britanniques. La mission se termine en octobre 1949 et c’est au sein du 1st Fighter Group sur F-86A Sabre qu’il est muté.
Basé à Pittsburg, il fait plusieurs demandes pour être affecté en Corée qui n’aboutiront pas. D’après Christina, sa mère qui avait le bras long au Pentagone ferra bloquer toute mutation vers une unité de combat en Asie. A la place des dogfights, notre aviateur va accumuler les postes dans des bureaux. Il est nommé Lieutenant-Colonel en 1951 puis Colonel en 1953. Il est finalement affecté à Landstuhl en Allemagne ou il commande le 86th Fighter-Interceptor Group d’octobre 1955 à aout 1956. A ce moment, il va se découvrir une nouvelle vocation lorsqu’il prend le commandement du Weapons Proficiency Center à Wheelus Air Base en Lybie. Il va pouvoir inculquer aux pilotes qui viennent s’entraîner ses méthodes de combat, déjà considérées comme iconoclastes par les huiles du Pentagone. En juillet 1958, un bureau l’attend justement au Pentagone comme Deputy Chief, Air Defense Division, Headquarters USAF. Il va à nouveau faire parler de lui en défendant la nécessité de développer des munitions conventionnelles alors que l’Air Force ne pense qu’armes atomiques et en insistant sur la formation tactique des chasseurs alors que ses chefs ne voient les pilotes que comme des livreurs de bombes nucléaires. Sa vision se révèlera prophétique pendant la guerre de Vietnam ou la pénurie de bombes classiques handicapera l’Air Force. En 1959, son équipe travaille d’arrache-pied sur le programme qui donnera le jour au SR-71. S’en suit une période au National War College dont il est diplômé en 1963.
Le Colonel Robin Olds et des hommes du 8 Tactical Fighter wing à Ubon pendant le séjour en Thaïlande de Robin Olds. (Source unknown) |
En septembre 1963, retour au Royaume-Unis pour commander le 81st Tactical Fighter Wing équipé de F-101 Voodoo à RAF Bentwaters. D’après Christina, Olds qui ne cache pas son dégout des armes nucléaires dont son wing est censé être le vecteur, déclare à qui veut l’entendre que si on lui donne l’ordre de bombarder avec ces armes, il sera de la première mission sans retour. Il a emmené avec lui du Pentagone, une autre future légende, le Colonel Daniel « Chappie » James, Jr qui sera un ami de toujours et le premier général 4 étoile d’origine afro-américaine de l’Air Force.
La prochaine étape logique de la carrière de Robin est une première étoile de général et donc la fin de tout espoir de voler au combat. Les nouvelles qui viennent du Vietnam sont très mauvaises. Les pertes de l’Air Force sont lourdes et le moral des unités est au plus bas. Olds forme une patrouille acrobatique sur Voodoo et organise un airshow à Bentwaters, tout cela sans en avertir personne dans sa hiérarchie. La légende veut que la présentation des Voodoo est un immense succès mais que les habitants se souviennent encore des bris de vitre que cette prestation a causé. Et voici donc notre futur général convoqué comme un vulgaire trouffion chez le patron de la USAF Europe. Celui-ci ne mâche pas ses mots, déchire la proposition de promotion et dit vertement à Olds qu’il est « le genre de cowboy que l’on envoie en Asie du Sud Est ». Exactement ce que voulait Olds qui est muté sur le champ.
Le Major General W E Lynd remet la Distinguished Service Medal au Major Robin Olds du the 479th Fighter Group. (American Air Museum) |
Il passe par le 4453rd Combat Crew Training Wing, à Davis-Monthan Air Force Base, Arizona ou James est Deputy Commander of Operations et en 5 jours Robin est laché sur F-4C dont le syllabus normal contient 14 étapes à franchir en plusieurs semaines. Son instructeur William L. Kirk n’est autre qu’un de ses anciens pilotes de Bentwaters qui finira commandant de l’United States Air Forces Europe. Les deux aviateurs prennent même le temps de qualifier Olds au tir missile AIM-7 Sparrow and AIM-9 Sidewinder. Olds ferra transférer Kirk en Thaïlande, à sa demande, en 1967.
Le 30 septembre 1966, Robin Olds prend le commandement du 8th Tactical Fighter Wing, based at Ubon Royal Thai Air Force Base. Le nouveau patron se fait immédiatement remarquer en se faisant inscrire comme ailier de pilotes plus jeunes sur la feuille de vol. Olds peut compter sur un adjoint solide en la personne du Colonel Vermont Garrison , as de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Ils seront rejoint par « Chappie » James avec qui Olds formera un duo de leaders sous les sobriquets de « Blackman and Robin ».
Mais à l’instant, les choses vont toujours mal. Pratiquement chaque jour et à chaque mission les F-105 Thunderchief sont attaqués par la chasse Nord Vietnamienne. Assisté de conseillers soviétiques, dont on apprendra bien plus tard, qu’ils ne dédaignent pas à voler au combat, la chasse de Hanoï a repéré les calls signs, les fréquences radio et les procédures des bombardiers US. Résultats des pertes d’avions et de jeunes pilotes et des missions avortées. En Décembre 1966, l’USAF perd 14 Thunderchief abattus par les Migs.
Il ne faut pas très longtemps à Olds, qui a insufflé un esprit agressif à son unité qui sera bientôt connue comme le Wolfpack (la meute des loups), pour échafauder avec ses hommes un plan pour retourner la situation.
Le Mustang Scat VII 44-72922 sur le parking avion de Wevelgem. L’avion porte toujours son immatriculation néerlandaise PH-VDF. |
Le 2er janvier 1967 a lieu l’opération « Bolo ». Le plan est assez simple en apparence. Les Phantom du 8 TFW mené par le Colonel Olds volent équipés de contremesures électroniques comme les F-105 en utilisant les mêmes fréquences radio, callsigns et routes qu’utilisent les Thunderchief. Le piège consiste à faire croire aux Nord Vietnamiens qu’ils ont affaire à un nouveau raid de bombardement. Dans le même temps, un autre groupe de F-4 va se positionner entre les bases des Migs et la frontière chinoise pour éviter que les Migs se réfugient en Chine. L’opération met en œuvre toute une armada qui comprend même des F-104 en protection de Super-Constellation qui opèrent comme radar volant. Le groupe de Olds se dirigent vers les aérodromes ou sont basés les Migs et donnent ainsi l’impression que ces bases sont les cibles des bombardiers. Le piège fonctionne, Mig 17 et 21 se précipitent à la curée et tombe sur les F-4. Dans le combat qui suit, 7 Mig 21 sont abattu en 12 minutes, la moitié de la flotte de ce modèle de Mig en service au Nord Vietnam. L’Air Force n’a aucune perte à déplorer. Un des Mig 21 s’ajoute au tableau de chasse de Olds.
L’opération est un succès et la menace des Migs est temporairement écartée. Le 4 mai, Olds ajoutera un autre Mig 21 à son palmarès. Le 20 mai, ce sont 2 Mig 17 qui sont les deux dernières victoires « officielles » de Robin. Christina nous confirmera que pour éviter d’être renvoyé aux Etats-Unis s’il obtient 5 victoires et le statut d’As, l’aviateur va laisser planer le doute sur des victoires supplémentaires. De la même façon, son tour d’opération est limité à 100 missions. Il va donc réaliser, à de nombreuses reprises, cette fameuse dernière mission. On « corrigera » la feuille de vol après chaque mission, ramenant le compteur à 99. Cette dernière mission a finalement lieu le 23 septembre 1967. Il est établi aujourd’hui que c’était sa 152e mission au Viêt-Nam.
C’est à ce moment de son récit que Christina aborde la fameuse affaire de la moustache. Sur les photos prises au Vietnam, Robin Olds arbore une magnifique moustache qui permet de le repérer dans n’importe quel groupe. La légende ou l’histoire vraie veut que c’est pour respecter une superstition héritée de ses amis anglais qu’il laissa pousser une « bullet proof moustache » censée protéger des balles. L’Air Force ne laissait aucune place à la créativité capillaire. Tant qu’il était en opération, son supérieur laissa faire. Bientôt d’autres aviateurs du 8th TFW adopteront le même signe de reconnaissance. De retour aux USA, les jours de la moustache était compté et un « Take it off !» fut, d’après Olds, l’ordre formel et militaire le plus explicite qu’il reçut en 24 ans de carrière.
La moustache « effacée » et les convenances étant respectées, Olds est invité à rencontrer le Président Lyndon Johnson à la Maison Blanche. Dans son style assez direct, il va droit au but et demande au Président « de nous sortir de cette guerre ». Réponse de Johnson « et comment faire colonel ? », réponse de Olds « C’est très simple, Monsieur le Président, gagnons-la ! ». Le présidant reste pensif et finit par lâcher « Mais ça c’est impossible. »
La prochaine affectation de Old est le commandement de l’académie de l’air de Colorado Springs, Colorado, fin 1967. Il y passera trois ans à insuffler son fighting spirit. En juin 1968, il est promu Brigadier General.
La fin de sa carrière le verra directeur de l’agence chargée de la sécurité des vols de l’USAF puis être inspecteur général de l’Air Force. Deux rôles qui lui permettront de passer une grande partie de son temps sur les bases opérationnelles et de faire quelques vols « non officiels » au Viêt-Nam.
Il quitte le service actif le 1er juin 1973.
Robin Olds passera les dernières années de sa vie au Colorado à pratiquer la pêche, le golf et le ski. Il aura l’honneur d’être fait membre du National Aviation Hall of Fame et de voir Scat XXVII, son F-4 de l’opération « Bolo » être exposé au National Museum of the United States Air Force, Wright-Patterson Air Force Base. Il insistera auprès des responsables du Musée pour que l’avion ne soit surtout pas restauré et « laissé dans son jus. »
Il est assez rare de pouvoir approcher de si près un avion aussi rare et précieux que Scat VII. Bel exemple de l’excellente organisation mise en place par Vintage Dream Factory pour l’évènement. |
Sans cesse relancé par son entourage et ses amis, Robin commencera à écrire l’histoire de sa vie. Début 2007, le mal qui va l’emporter se déclare. Christina décide de mettre sa carrière en sommeil et passe avec son père les derniers mois de sa vie, recueillant ses souvenirs et fouillant dans plus de cinquante ans d’une vie d’aviateur. Le 14 juin 2007, Robin Olds décède. A l’occasion de la cérémonie du dépôt de ses cendres à l’académie de Colorado Springs, 4 QF-4 survolent l’assistance. L’ailier quittant la formation pour exécuter la manœuvre Missing Man, disparaitra dans le soleil à la vue des spectateurs. Tout un symbole.
Je vous avoue que malgré mon cuir épais, Christina a presque réussi à m’arracher quelques larmes lors de son exposé. Elle a parfaitement réussi à transmettre la philosophie de son père. Je ne suis sans doute pas le seul à avoir compris son message car Robin Olds et Scat VII seront également honoré aux Belgian Air Force Days de Florennes comme une parfaite illustration de la devise des pilotes de chasse de l’USAF : « no guts, no glory » et finalement cette maxime s’applique aussi chez nous.
A la fin de son exposé poignant, Christina reçoit une ovation de l’assistance. Elle se prête ensuite à une très longue séance de dédicace du livre « Fighter Pilot: The Memoirs of Legendary Ace Robin Olds « qu’elle a écrit avec Ed Rasimus en partant des brouillons de son père.
Pour les amis présents, un dernier très long moment à tourner autour de Scat VII dans le soleil couchant et un retour avec le sentiment avoir participé à un évènement exceptionnel. Pouvoir admirer l’avion d’un pareil personnage chez nous est tout à fait hors du commun.
Tout mes remerciements à l’équipe de Wevelgem qui nous admirablement reçu et celle de Vintage Dream Factory qui a eu l’idée de cette rencontre. Je vous invite à visiter leur site internet et leur page facebook. Qui sait peut être serez vous aussi saisi d’une de ces envies que nous connaissons tous dans notre passion : Voler enfin en P-51. Ils sont là pour nous offrir ce genre de moment inoubliable et ça c’est très belge.
Un dernier regard à Scat VII avant de rentrer. Les membres de Vintage Dream Factory font découvrir l’avion aux participants. |
Sources:
www.facebook.com/vintagedreamfactory
www.vintage-dream-factory.be/
http://vintage.flights/our-aircraft/mustang-p51/
www.facebook.com/vintage.flights
https://en.wikipedia.org/wiki/Robin_Olds
Fighter Pilot: The Memoirs of Legendary Ace Robin Olds by Christina Olds (Author), Ed Rasimus (Author), Robin Olds (ISBN 0312560230 ISBN13: 9780312560232)
Merci à Serge Nemry pour le partage de photo.
Yves Duwelz