Antwerpen, 22 janvier 2018. Tel le Phoenix renaissant de ses cendres, VLM Airlines conviait la presse et d’autres invités à l’ouverture de sa deuxième ligne régulière, desservant désormais la ville de Zurich, une nouvelle destination au départ d’Anvers.
Inaugurée notamment par le bourgmestre Bart De Wever, cette liaison bénéficie de deux aller-retour par jour de semaine et est opérée par un des six Fokker 50 de VLM Airlines. Zurich vient ainsi s’ajouter à la liaison Anvers-London City, reprise le 30 octobre 2017, soit seulement trois jours après l’arrêt de cette desserte par Cityjet. Et VLM Airlines annonce qu’ils voleront dès le 12 février 2018 sur Birmingham, Munich et, en prolongation de ce vol, aussi vers Maribor en Slovénie. La compagnie annonce des tarifs extrêmement compétitifs (à partir de 59 euros par trajet) par rapport à ceux pratiqués au départ de Bruxelles. Avec un horaire particulièrement adapté aux besoins des hommes d’affaires (départs d’Anvers à 07h15 et 17h35; départs Zurich à 9h25 et 20h00), VLM Airlines espère attirer du trafic entre la grande métropole financière suisse et le pôle économique anversois, avec ses activités portuaires et diamantaires.
Une longue histoire
La longue saga de VLM a débuté par sa création en 1992 par Freddy Van Gaever, récemment décédé. Sa flotte de bi-turbopropulseurs Fokker 50, d’une capacité de 50 sièges passagers, a desservi la liaison emblématique Anvers-London City sans interruption de 1993 à 2008. Elle a connu plusieurs changements majeurs de son actionnariat, et a d’abord été vendue à l’homme d’affaires hollandais Jaap Rosen Jacobson, qui rachète la compagnie en 1996 pour 4,83 millions d’euros. Elle développe un important réseau de lignes régionales et la flotte grandit jusqu’à atteindre les vingt Fokker 50 en 2007, année marquée par son rachat (178 millions d’euros) par Air France KLM. Depuis 2010, VLM volait sous la marque CityJet, principalement depuis London City, et à destination de nombreuses villes européennes dont Amsterdam, Anvers, Dublin, Edimbourg, Luxembourg, Paris et Rotterdam. Avant la reprise par Air France KLM, VLM avait enregistré des bénéfices pendant dix ans sans interruption.
La marque VLM est associée depuis 36 ans à l’aéroport d’Anvers. Le OO-VLJ (cn 20105) est un des six Fokker 50 en service et attend ses passagers face à la tour de contrôle. |
Son changement de statut en fait un fournisseur de services pour CityJet, et la lourdeur de fonctionnement d’un grand groupe par rapport à la dimension d’une compagnie aérienne régionale entraîne des pertes et le groupe met la compagnie en vente en 2012.
Lorsque CityJet décide de se défaire de sa filiale belge, elle est reprise en 2014 par le groupe allemand Intro Aviation. La flotte se compose alors de 12 Fokker 50, et VLM est désormais un important prestataire de services ACMI et de vols charter, occupant près de 300 collaborateurs. Il ne faudra malheureusement même pas deux ans pour que la faillite soit prononcée le 22 juin 2016, en raison d’erreurs de management et de mauvaises décisions stratégiques.
La curatelle s’efforce de retrouver un repreneur, et la société néerlandaise d’investissements SHS Aviation B.V.( 60 % du capital est hollandais, et 40% proviennent d’investisseurs canadiens) entre en négociations dès septembre 2016. Ils rachètent la flotte et les actifs de VLM et créent une filiale belge, SHS Antwerp Aviation.
Karl Rickard CEO VLM et Marcel Buelens CEO Antwerp Airport lors des discours de l’inauguration. A l’arrière-plan, Yves Panneels, en charge des relations publiques de VLM. |
L’obtention d’une licence d’exploitation (A.O.C.) belge sera un long parcours du combattant. Afin de permettre à la compagnie de démarrer ses activités, une filiale slovène est créée sous la dénomination VLM Airlines et obtient en cinq mois un A.O.C. slovène. En effet, SHS Aviation gère aussi l’aéroport de Maribor, situé en Slovénie, près des frontières autrichiennes et hongroises. Cette opération lui permet de faire voler une partie de la flotte de Fokker 50 (toujours immatriculés belges) en charter. Les choses s’accélèrent fin 2017, avec dès le 30 octobre la reprise (sous A.O.C. slovène, mais avec équipages belges) de la ligne phare de VLM, Anvers-London City, soit à peine trois jours après le retrait le 27 octobre de CityJet. Et le 14 novembre 2017, la Direction Générale du Transport Aérien belge marque son accord à la reprise de l’A.O.C. belge de Thomas Cook, avec deux Airbus A320 (180 sièges passagers) et une quarantaine de personnes.
La délivrance d’un second A.O.C. belge, couvrant les opérations des Fokker 50, suivra quelques jours plus tard. La flotte actuelle comporte six Fokker 50 en ordre de vol, plus un utilisé comme source de pièces de rechange, et deux Airbus A320. Trois des Fokker 50 sont sous A.O.C. slovène (mais immatriculés belges). Au total, VLM Airlines emploie une centaine de personnes.
Désormais titulaire de pas moins de trois A.O.C., VLM Airlines affiche ses ambitions d’abord dans le créneau des liaisons régionales européennes au départ d’Anvers, mais avec une stratégie plus réaliste que ses prédécesseurs.
En charter, la reprise de ce qui restait de Thomas Cook Airlines of Belgium lui assure une base de développements intéressante. Enfin, le groupe annoncera dans les prochaines semaines ses plans pour de nouvelles liaisons vers la Chine, avec deux Airbus A330. Les actionnaires canadiens de SHS Aviation B.V. ont en effet entretemps revendu leurs parts à des investisseurs chinois, et le développement potentiel du marché des liaisons aériennes entre les villes secondaires chinoises et l’Europe apparait très prometteur, même si la concurrence s’annonce très active (Cathay Pacific sur Hong Kong-Bruxelles dès fin mars, Hainan Airlines vers non seulement Beijing, mais aussi Shanghai et Shenzhen, et potentiellement Air Belgium)
Texte et photos: Guy Viselé