Florennes, le 24 juin 2018 : en flânant lors des Aviation Days vers le SONACA 200, présenté par Pierre Van Wetter, apparaît le stand commun aux deux entités de la SONACA, soit SONACA Aircraft qui a développé l’avion léger type 200 et SONACA Group, entité industrielle aérospatiale réputée. Cette dernière présentait un concept d’UAV (Unmanned Aerial Vehicle, appelé plus communément « drone »).
Confronté pour la première fois à ce projet novateur regroupant plusieurs partenaires tant en Belgique qu’à l’étranger, notre curiosité est piquée au vif et nous interrogeons le project leader de cette démarche, Jean-Philippe Crepin du SONACA Group de Gosselies, afin d’en savoir plus sur ce qui est, de prime abord, un projet manifestement de haute technologie et de grande envergure.
L’élément central qui sous-tend ce projet ambitieux est le support aérien, en l’occurrence le motoplaneur ES15 Ecarys conçu et fabriqué par Stemme AG, entreprise basée à Strausberg près de Berlin et dont l’actionnaire principal n’est autre que le Vicomte de Spoelberch, éminent pilote d’un Stemme S10 qui a pris la direction de l’aérodrome de Namur-Temploux il y a peu et où s’est implantée récemment la SONACA Aircraft pour y assembler les SONACA 200. L’avancée technologique et les performances étonnantes des motoplaneurs Stemme en matériaux composites renforcés de fibres de carbone sont reconnues depuis l’apparition en 1986/87 du modèle S10, toujours en production depuis et dont cette firme avait vendu pas moins de 180 exemplaires à fin 1999. Le modèle S15 s’intègre à cette association temporaire en tant que vecteur aérien avec ou sans pilote, auquel cas il devient un authentique UAV ou drone de haute volée. Ce motoplaneur de 18 mètres d’envergure et de 8,50 mètres de longueur est équipé d’un moteur Rotax de 115 CV entraînant une hélice tripale à pas variable; il dispose, en outre, d’un train d’atterrissage complètement escamotable qui en affine les performances, permettant à l’appareil de couvrir une distance de 1.300 kilomètres ou 2.500 en version « long range » (longue distance). Avec son moteur Rotax, ce motoplaneur plafonne à 4.877 mètres, mais une version avec l’extrados des ailes couvert de panneaux photovoltaïques est prévue et devrait donc augmenter ostensiblement la plafond de même que l’endurance de la machine, car ces panneaux emmagasineraient l’énergie solaire consommée au cours de la nuit.
Comme le montrent les photos, le S15 Ecarys comporte de nombreux conteneurs et carénages destinés à recevoir des instruments électroniques de mesure ou du carburant, outre la boule FLIR (Front Looking Infra Red) montée à l’avant du fuselage et les points d’ancrage de capteurs (sensors) sous voilure. Assurément une fine machine capable de voler d’affilée dix ou vingt heures (en version à longue portée), indépendamment des tronçons effectués en vol plané (sans moteur) toujours possible et des moyens exploitant l’énergie solaire dans un avenir rapproché. Des projections démontrent l’économie dans l’exploitation du drone Ecarys, celui-ci ne requérant qu’une équipe de trois personnes là où un hélicoptère en réclame huit !
Le partenaire dans le domaine électronique au sein du groupe n’est autre que l’entreprise belge Vito NV basée à Mol, laquelle est réputée pour son savoir-faire en termes de réalisation de capteurs à distance de données géographiques et électromagnétiques hyperspectrales, c’est-à-dire couvrant le spectre électromagnétique entier, lequel n’est pas perceptible à l’œil nu.
Jean-Philippe Crepin souligne que le projet en est à ses débuts avec comme leader le SONACA Group, dont les compétences dans le domaine aérospatial sont reconnues, en ce compris l’étude et l’usinage de pièces complexes en matériaux composites. Le programme est lancé et les essais du système devraient être bouclés en 2022 pour livraison des premiers systèmes opérationnels à partir de 2023.
A nouveau une belle illustration de l’esprit d’entreprise de la SONACA qui mérite d’être applaudie !
Jean-Pierre Decock