Buzet, le 21 juillet 2018. Agréé en 1982 l’aérodrome de Buzet a été le tout premier aérodrome officiel pour ULM en Belgique. Né de l’initiative de pionniers du vol libre et de l’ULM il vient de connaitre un changement majeur avec le rachat de la SCRL Confluence par un nouvel actionnaire et gestionnaire: Lotfi Hedhili.
Cet homme d’affaires se passionne pour l’ULM, apprend à piloter à Baisy-Thy et obtient dès 1992 sa licence de pilote sur Aviasud Mistral. Depuis des années, il rêve d’avoir son propre terrain. Ce n’est pas facile vu la complexité des règlementations tant sur les baux fermiers qu’aéronautiques. Après quelques années aux Etats-Unis, il revient au pays et décide de vendre son entreprise pharmaceutique pour se consacrer à sa passion. Il vole alors à Buzet sur Rans Coyote et entame de longues négociations avec les trois actionnaires et fondateurs de Confluence: Dimitri Caloussis, Pierre Saint Germain et Luc Borremans. Elles aboutissent il y a un peu plus de deux ans et au travers de Confluence, Lotfi devient propriétaire du terrain et des activités de Confluence.
Passionné et « puriste », son objectif est de retrouver l’esprit sportif et l’ambiance « aéro-club » des débuts du mouvement ULM. Et de le rendre ce sport aérien à nouveau accessible à un prix abordable. Pas facile avec l’évolution du secteur vers des machines certes beaucoup plus performantes que les ULM du début, mais aussi devenues plus chères.
Lotfi Hedhili, le nouveau propriétaire et gestionnaire de l’aérodrome de Buzet et de la société Confluence, devant un des Rans Coyote utilisés en écolage et en location. |
Son objectif final est de créer une fondation pour permettre aux gens d’apprendre à piloter de façon abordable et de retrouver le plaisir du vol ULM. Entretemps, il entame des travaux de remise à neuf de la base et espère arriver à ce que l’exploitation du terrain et de ses activités arrivent à s’auto-financer. Et il investit dès 2017 dans une remise à neuf de l’infrastructure: réfection et amélioration des chemins d’accès et des aires de parking (tant avions que voitures), création de deux hélipads, rénovation des terrasses, installation d’une « tour » abritant le « contrôle » de l’aérodrome. En projet, la rénovation de la ferme du Patriarche (avec possibilités de chambres d’hôtes), l’agrandissement du restaurant, la création d’un nouveau club-house, et la construction de hangars supplémentaires. Les démarches administratives tant au niveau communal que régional ralentissent le long parcours en vue d’obtenir les autorisations règlementaires nécessaires mais la volonté est bien là.
Les activités pré-existantes continuent et se développent. Confluence (www.confluence.be) propose une large gamme de services: vols d’initiation en ULM (tant multiaxes que delta pendulaire motorisé), école de pilotage, vente d’appareils neufs et occasion, écolage parapente, et plus récemment écolage et circuits touristiques en hélico (en Robinson R-44 et/ou Guimbal Cabri via la société Black Helicopters). L’abbaye de Villers-la-Ville, le lion de Waterloo ou le plan incliné de Ronquières sont tout proches et accessibles à un prix raisonnable.
En écolage Confluence propose plusieurs formules de formation complète de pilote ULM ou DPM. L’entreprise met à disposition en location plusieurs appareils multi-axes: le Rans Coyote pour la formation de base, mais aussi les véritables avions légers que sont le très rapide JMB Aviation VL-3 ou le FK 14 Polaris. Pour les plus sportifs, Confluence propose également une école de formation complète de pilote de parapente.
La flotte de Confluence comprend pas moins de quatre Rans Coyote, machines idéales pour l’écolage et la pratique du sport aérien, ainsi qu’un VL-3 (OO-G48) plus rapide pour les voyages plus longs. |
Outre la représentation du Rans Coyote, la société de Buzet est également autorisée à la vente des appareils VL-3 de JMB Aviation et FK-14 Polaris de B & F Technik en Belgique. Confluence dispose de pas moins de six hangars (6.500 m2 d’emplacements de parking) pouvant accueillir une cinquantaine d’appareils, et peut prendre en charge l’entretien et les réparations. Et un sympathique restaurant italien, le Resto « Barone 21 », avec terrasse et vue sur la piste, propose une cuisine de qualité (tél.: 071/84.28.11 ou 0476/274.811).
Historique
Pour les plus jeunes, il convient de rappeler que l’ULM est né de l’évolution du vol libre. Les ailes delta non-motorisées ont connu un développement prodigieux suite aux travaux de la NASA dans le cadre du programme aérospatial américain des années soixante et septante. De nouveaux profils aérodynamiques et l’évolution des matériaux permettent des qualités de vol plus qu’intéressantes. Quelques pionniers lancent le mouvement en Belgique au début des années septante. La Fédération Belge de Vol Libre est créée en 1976 à l’initiative de Dimitri Caloussis, et de quelques autres complices dont beaucoup se feront ensuite un nom dans l’histoire de l’ULM belge.
La Belgique n’est pas très montagneuse et il n’y a pas beaucoup d’endroits permettant des performances en vol libre. Très vite, nait l’idée d’adjoindre un petit moteur et une hélice à une aile et les premiers delta pendulaires motorisés (DPM) apparaissent en 1979 (Pierrot Mezzapesa, Patrick Dupont, Thomas De Clerck), bientôt suivis par les premiers « chariots » DPM belge (Bernard Gosselet et Maurice Lebrun). C’est une route du zoning industriel de Wavre qui accueille ces tout premiers ULM. Pierre Saint-Germain, Luc Borreman et Dimitri Caloussis s’associent pour créer « Vole Pétrole », la première école de pilotage ULM en Belgique, avec un delta pendulaire motorisé biplace côte à côte et enseignent sur des routes de campagne.
Dès 1981 une partie des pilotes Delta se lance dans l’ULM. Marc d’Ursel fait agréer la première piste ULM de Belgique sur le terrain de hockey de la ferme de Lucien Patriarche, le futur Ulmodrome de Buzet. Les ULM décollent après les matches ou à la mi-temps! A partir de 1982, on assiste à l’apparition des premiers ULM multi-axes.
Il n’y a à ce moment aucun cadre règlementaire pour cette nouvelle discipline. Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines sont les pionniers d’un nouveau sport de l’air. Après le premier Tour de Belgique en ULM en 1983, on assiste à la naissance de la Fédération ULM en 1984, et à la création de l’asbl « Aéro-club du Patriarche » (administrée notamment par Lucien Patriarche, Marc d’Ursel, Norbert Miseur, Baudouin della Faille, Pierre-Bernard Velge). C’est le début de l’aventure pour le premier terrain ULM du pays. Pierre Saint-Germain, Luc Borreman et Dimitri Caloussis y enseignent dans le cadre de leur asbl « Vole Pétrole ».
C’est aussi là que Jacky Tonet (créateur de Dynali) met en production son ULM « Chickinox Kot Kot » (Chicken – Inox – côte à côte) qu’il a conçu en 1982. Disponible d’abord en version deux axes, il est rapidement proposé en trois axes. Cet appareil en tube et toile deviendra l’avion belge le plus produit, avec plus de 1.000 exemplaires vendus dans le monde entier. Il sera utilisé pendant de nombreuses années à Buzet, formant des centaines d’élèves et accumulant des milliers d’heures de vol. Jacky Tonet met au point le premier hélicoptère ULM, le Dynali H-1 (prédécesseur des Dynali H-3 produits à Nivelles) sur le terrain de Buzet.
Au décès de Lucien Patriarche, ce mécène de l’ULM, la ferme et le terrain de Buzet sont mis en vente. Pierre Saint-Germain, Luc Borreman et Dimitri Caloussis rachètent l’ensemble et créent la société coopérative Confluence. A l’époque, la piste est longue de seulement 120m et il n’y a qu’un seul hangar (en pente!) L’écolage se fait en Chickinox pour les ULM et en DPM Cosmos. Après la belle aventure du Chickinox, Confluence devient importateur du Rans Coyote.
Le terrain accueille toutes les catégories d’ULM, du pendulaire aux trois axes, dans une atmosphère « club » très conviviale. |
Deux hangars supplémentaires sont construits et la piste de Buzet est allongée à 220 m. Elle sera encore allongée dans les années suivantes pour arriver actuellement à 448 m de long. L’équipe des débuts gère l’aérodrome et ses activités jusqu’à la rencontre avec Lotfi Hedhili et la conclusion en 2016 d’un accord qui permet un passage de relais entre les pionniers et la nouvelle génération, garantissant la continuité et le développement du plus ancien terrain ULM belge.
Infrastructure
Situé à proximité de l’autoroute Bruxelles-Charleroi et tout proche de Nivelles, l’aérodrome de Buzet est ouvert 7 jours sur 7 (de 09h00 au sunset).
Cette vue aérienne récente de l’aérodrome de Buzet montre les six hangars et l’infrastructure du terrain. (Photo Confluence) |
Le code ICAO EBBZ lui est attribué. Il dispose d’une piste en herbe de 448 x 40 m, orientée 15/33. L’aérodrome est « PPR » (Prior Permission Required). Les arrivées se font avec une intégration par le nord uniquement, à 1.500 ft QNH, suivie d’un circuit au nord-est, aussi près que possible de la piste, à 850 ft QNH. La précision est de rigueur vu la proximité de la CTR de l’aéroport de Charleroi (EBCI) au sud de la piste! Pour les GPS la localisation est: N50° 32’ 36 », E4° 22’ 54 » ». La fréquence radio (obligatoire) est de 124.050 MHz.
Pour plus d’informations, voici les coordonnées de Confluence:
Chaussée de Nivelles 629 6230 Buzet. Tél.: 071/84 36 50, info@confluence.be, www.confluence.be
Tout comme dans le cas de l’aérodrome de Namur-Temploux, récemment revendu par ses fondateurs, l’événement est une bonne nouvelle pour les amateurs d’aviation sportive. La pérennité du terrain est assurée.
Et le « retour aux sources » que constitue l’objectif du nouvel actionnaire de retrouver le plaisir de voler dans des machines simples mais abordables, dans une infrastructure accueillante et de qualité, devrait permettre d’attirer de nouveaux amateurs pour ce merveilleux sport de l’air qu’est l’ULM.
Guy Viselé
Photos: Guy Viselé et Confluence