Bruxelles, le 13 novembre 2018. Nous sortons de la boutique du War Heritage Institute (jusqu’il y a peu Musée Royal de l’Armée) avec, sous le bras, le livre « Quand les aviateurs militaires dépendaient du Génie » conçu et rédigé par le trio composé de Thierry Cardon, Philippe Doppagne (l’actuel président de l’association de amis du musée de l’air de Bruxelles) et Vincent Scarniet. Ce qui est inusité, c’est que le livre est édité conjointement par les asbl « Les amis du musée de l’air et de l’espace » et « Musée du Génie », ce qui explique qu’il est préfacé par le Général Aviateur e.r. Gérard Van Caelenberge, président de l’asbl « Les Vieilles Tiges de l’aviation belge » et par le Lieutenant-général e.r. Hedwig Van Remoortel, président de l’asbl « Musée du Génie ».
Cette inhabituelle alliance de compétences a donc engendré l’édition de ce livre, fort de 300 pages de grand format et sous couverture cartonnée, extrêmement pertinent et richement documenté sur l’aviation militaire belge, de sa gestation en 1910 jusqu’à ses interventions au début de la 1ère Guerre Mondiale. Les auteurs, spécialistes en matière d’aviation, n’ont ménagé ni leur peine, ni leur ténacité dans les recherches approfondies dans les archives d’époque, il y a donc un siècle, tant sur le plan militaire que civil (journaux quotidiens, comptes-rendus parlementaires et autres sources accessibles). Le résultat est époustouflant et met à jour tout un pan des débuts de l’aviation militaire belge, jusqu’ici peu traité, du moins en profondeur et avec des illustrations en abondance, lesquelles sont judicieusement distribuées dans l’ouvrage et soutiennent et renforcent le texte amplement détaillé et d’une lecture agréable.
De nombreux chapitres font le tour de questions qui avaient déjà fait l’objet de courts articles, généralement dans le Brussels Air Museum Magazine, de la main de feu le Colonel Aviateur Mike Terlinden, cofondateur du Musée de l’Air de Bruxelles. Mais cela ne bride en rien le mérite des auteurs qui se sont donnés à fond pour produire cet ouvrage remarquable.
Plusieurs chapitres du livre peuvent être considérés comme d’authentiques pièces d’anthologie tant ils sont bien documentés et écrits en textes bien ciselés. Les deux exemples qui ont éveillé notre attention et qui font réellement le tour de la question sont incontestablement ceux consacrés, d’une part, aux grandes manœuvres de l’automne 1913, que l’on peut considérer comme fondatrices de l’aviation militaire belge, et, d’autre part, à la défense de la position fortifiée d’Anvers (après celles de Liège et de Namur) par laquelle notre jeune aviation militaire a été projetée dans la Grande Guerre.
Des annexes très intéressantes terminent l’ouvrage; la première comprend trois tableaux synoptiques du personnel navigant de la Compagnie des aviateurs du 1 septembre 1910 jusqu’au 15 mars 1915, avec dates de naissance, numéros de brevet civil et militaire, grades, armes d’origine et situation au 15 mars 1915. La seconde annexe reprend les avions utilisés par ordre d’entrée en service sous forme de fiches par type avec commentaire et photos concis et précis, permettant ainsi de faire la part des choses entre les variantes d’avions produits par un même constructeur et qui sont parfois fort peu différentes : une nomenclature bien agencée et pointue consacrée au matériel volant de l’aviation militaire naissante est enfin disponible.
Jean-Pierre Decock
On peut se procurer l’ouvrage au prix de 30 euros à la boutique du War Heritage Institute tous les jours (sauf le lundi) de 9 à 12 heures et de 13 à 16 heures 45. Commande et envoi postal via museumpromotion@warheritage.be