Brussels Airport, le 11 mars 2019. Avec ses 25.7 millions de passagers et 732.000 tonnes de fret, Brussels Airport compte parmi les aérodromes importants d’Europe et affiche de grandes ambitions. Il avait déjà séduit les spotters en leur offrant deux plateformes idéalement situées pour photographier les avions. Aujourd’hui l’aéroport inaugure deux nouvelles casernes de pompiers ultramodernes et écoénergétiques. Elles accueillent un corps de 145 pompiers. Celui-ci a également doté d’un équipement à la pointe de ce qui se fait de mieux afin d’offrir à ses clients, compagnies aériennes, passagers ou autres intervenants, une sécurité maximale lors d’un événement que personne ne souhaite mais sur lequel il faut toujours être prêt à intervenir.
« Nos nouvelles casernes font partie des meilleures en Europe, ont été développées pour pouvoir opérer encore plus efficacement en cas d’intervention d’urgence et sont équipées des dernières technologies. Elles offrent à notre corps de sapeurs-pompiers tout le confort dont ils ont besoin pour pouvoir réagir rapidement et correctement aux interventions. Une attention spéciale a été portée à la durabilité de ces bâtiments pour qu’ils aient une haute performance énergétique, et soient très économes en eau » déclare Arnaud Feist le CEO de Brussels Airport Company.
Départ en 30 secondes sur alerte
Les deux nouvelles casernes remplacent les anciennes qui étaient situées au nord et au sud et à côté du terminal, construites à la fin des années cinquante. Les nouvelles ont été repositionnées à l’ouest et l’est, entre les pistes 25R et 25L, sur les cotés du site de l’aéroport d’où le temps d’intervention et l’accès aux pistes est plus rapide. La législation aérienne fixe des temps d’intervention auquel l’aéroport doit se conformer. Ainsi en cas d’incident sur le tarmac ils disposent de trois minutes pour intervenir, durée portée à 5 minutes en cas de problème dans le terminal ou autre bâtiment de l’aéroport. Il en a bien entendu été tenu compte lors de l’étude des nouvelles implantations.
Les deux casernes disposent chacune d’un grand garage central accueillant tous les véhicules d’interventions et autre matériel tels des robots-pompiers ou systèmes de protection anti-crash. La caserne principale « ouest » abrite jusque 25 véhicules contre 5 pour la caserne à l’est. Suivant le principe « drive-through » les véhicules sortent et rentrent sans avoir à manœuvrer ou même se croiser. Cette conception des infrastructures permet des temps de réaction très rapides de l’ordre d’un départ dans les 30 secondes sur alerte.
Le confort du personnel n’a pas été négligé avec locaux techniques, cuisine, salles de repos ou de détente ainsi que des derniers perfectionnements technologiques dans les salles de réunion et de briefing. Plutôt qu’un poteau que l’on voit souvent dans les casernes de pompiers c’est un tobogan qui permet la descente rapide entre les niveaux.
Les bâtiments disposent aussi de locaux pour la formation, la coordination de l’aide médicale urgente et le service de prévention incendie.
Un investissement de 18 millions en infrastructure et 4 millions d’euros en matériel
Construites en béton (afin de faciliter le recyclage en fin de vie) les nouvelles casernes sont très écoénergétique très autonomes en énergie et en eau car tout été a été pensé dans un souci de durabilité et d’économie Quelques 800 panneaux solaires assurent l’approvisionnement en électricité soit jusque 208.000Kwh par an. Cela représente les besoins de 60 ménages. Des chauffe-eau solaires assurent la fourniture de l’eau chaude et les systèmes de chauffage et de refroidissement des casernes sont assurés par des pompes à chaleur. De plus afin de limiter la climatisation active en été de grandes baies vitrées ont été installées du côté nord de la caserne ouest.
L’eau de pluie est bien entendu collectée et stockée dans une citerne souterraine de 230.000 m³. Elle sera réutilisée à des fins sanitaires, d’extinction des incendies ou de lavage des véhicules ou « baptême d’avions ». Les collecteurs des deux casernes peuvent collecter jusque 230.000 litres de quoi remplir deux fois les 8 crash tenders.
La caserne « ouest » est la plus grande avec une emprise au sol du bâtiment de 4.632 m et 7.800 m de toiture contre 1.413 m² et 2.500 m² pour la caserne à l’est.
Un entrainement permanent
Les pompiers de l’aéroport assurent une permanence 24h/24 dans l’attente d’un évènement que personne ne souhaite. Les 145 pompiers sont répartis en 5 équipes opérationnelles. Chacune est composée d’un chef d’équipe et son adjoint, 4 techniciens, 17 sapeurs-pompiers, et 6 ambulanciers. En 2018, 540 interventions ont eu lieu pour diverses raisons. 42 % concernent des interventions liées aux avions qui peuvent aller d’atterrissages d’urgence pour motifs techniques suspectés, à des défectuosités de train d’atterrissage, etc… Le reste des interventions concerne des alarmes d’incendies (28´% dont seul 1/3 est réel), des interventions techniques, logistiques ou sur des produits dangereux. Même si la dernière grande catastrophe au bilan lourd (73 victimes) remonte au 15 février 1961 avec le crash d’un Boeing 707 de la Sabena en phase d’atterrissage, des accidents potentiellement très graves se produisent tel le décollage raté d’un Boeing 747 cargo de Kalitta Air le 25 mai 2008, heureusement sans victimes, qui aurait pu tourner à une véritable catastrophe vu l’environnement urbain de l’aéroport. Pour rester à niveau à tout moment et éviter la monotonie, les pompiers s’entrainent journellement sur des carlingues d’avions déclassés. Maitriser le matériel et les tactiques ne s’improvise pas.
Les pompiers de Brussels Airport sont salariés de l’entreprise et sont distincts du corps de pompiers militaires de la base de la Force Aérienne de Melsbroek mais la coopération et la coordination sont bien entendu de mise. Tous les deux ans un grand exercice est organisé avec les services du Brabant flamand en vue de parer à une catastrophe majeure. Les autorités aéroportuaires sont en effet tenues d’organiser tous les deux ans un exercice de grande ampleur tel que prévu par l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) et décrit dans le PPUI (Plan Particulier d’Urgence et d’Intervention). Ce genre d’exercice a pour but d’évaluer efficacité du plan d’urgence mis en place et des techniques utilisées, la coordination entre diverses équipes mobilisées (autres corps de pompiers, hôpitaux, police …) et les moyens de communication.
La veille de la présentation des nouvelles casernes à la presse, une chaine de télévision francophone bien connue avait fait un reportage sur l’état de délabrement de nombreuses casernes de pompiers en Wallonie. Le contraste est saisissant. C’est avec beaucoup de satisfaction et de fierté que les pompiers de Brussels Airport ont pris possession de leur nouvel environnement de travail et on ne peut que de réjouir que la sécurité reste une des priorités du management de Brussels Airport dont 75 % de l’actionnariat est privé.
Texte : Bob Verhegghen
Photos : Brussels Airport, Kevin Cleynhens, Bob Verhegghen, Archives Frans Van Humbeek