Gosselies, le 8 mai 2019. C’est en présence du ministre Jean-Luc Crucke en charge des aéroports wallons et d’un parterre de représentants politiques régionaux de diverses tendances (élections obligent) que la direction de Brussels South Charleroi Airport (BSCA) et la SOWAER (Société Wallonne des Aéroports) ont officiellement lancé les travaux d’allongement de la piste 25-07 qui sera portée de 2.550 m à 3.200 m. Les travaux de l’allongement de la piste ont en fait réellement débuté le lundi 25 février 2019.
Un investissement conséquent
C’est un dossier ouvert déjà en 1999 qui trouve ainsi son aboutissement à la suite du permis octroyé par le Gouvernement Wallon le 25 octobre 2018. Ces travaux s’inscrivent dans un plan plus global de 250 millions d’euros (comprenant entr’autre l’entretien des pistes et des balisages) entériné par le Gouvernement Wallon en 2016 concernant également l’aéroport de Liège. La SOWAER avait sollicité en 2017 un permis unique pour rallonger la piste de 650 mètres coté seuil 25 la portant ainsi à 3.200 mètres ainsi que pour la création de deux bretelles de liaison (taxiways N6 et M7), de deux nouveaux bassins d’orages supplémentaires ainsi que tous les aménagements nécessaires en termes de canalisations, accotements et balisage. Rien que les nouveaux câblages représenteront 176 kms. Les travaux devraient s’achever en juin 2021 et générer 1500 emplois.
Le permis unique accordé pose cependant un certain nombre de conditions à respecter en matière d’environnement tant au niveau du bruit que de qualité de l’air, de rejet des eaux usées et d’urbanisme et d’installations. L’allongement apporte ainsi une amélioration du cadre de vie des riverains qui voient les nuisances sonores réduites pour 4.408 habitations, les avions décollant de plus loin dans la direction de Jumet qui représente 88% des départs. La situation particulière de Ransart a été prise en compte avec des itinéraires de charroi en dehors des zones d’habitation et de travaux nocturnes limités.
Un vol de calibration a ainsi été réalisé le 25 avril dernier afin de déterminer l’impact de certains travaux de jour dans la zone de chantier la plus proche des habitations de Ransart. Comme l’explique la SOWAER, le but de vol était de démontrer que moyennant toute une série de précautions et de procédures à respecter, les travaux d’égouttage aux abords du futur bassin d’orage pouvaient être réalisés de jour et réduire les activités nocturnes ». Pour ce faire, plusieurs engins de chantier ont été disposés en différents endroits de la zone concernée pendant qu’un avion de la Flight Inspection de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile, DGTA Française) vérifiait une absence de perturbation du signal émis par l’ILS 24 (Instrument Landing System de la piste 24, équipement d’aide à la navigation pour les atterrissages par temps de brouillard). La conclusion de cette opération étant positive, plusieurs travaux prévus de nuit peuvent être réalisés de jour. L’accès du cimetière de Ransart entre la piste et la nouvelle aérogare est également préservé.
Des retombées économiques locales importantes
C’est un investissement très conséquent de 30 millions d’euros plus 5 millions de travaux divers d’entretien avec des retombées économiques non négligeables pour les sociétés locales dont les Etablissements Wanty (qui ont construit la nouvelle piste en dur de Temploux), Ecoterres, société du groupe belge DEME, spécialiste en dépollution, « Les enrobés du centre » de Strepy -Bracquegnies. Ces investissements devraient générer près de 1.500 emplois.
Comme l’enjoint le rapport des fonctionnaires rédigé fin août 2018 dans le cadre de l’étude d’incidences, la SOWAER propriétaire de l’aéroport s’est engagée à favoriser la communication avec les riverains par une information transparente et « en ligne » (www.sowaer.be) pour les riverains sur l’avancement du chantier. Dans cette perspective, une réunion d’information sur le déroulement du chantier a été organisée le 19 février 2019 à l’attention des riverains de Ransart situés dans un rayon de 300m de la zone de travaux comme imposé par le permis unique.
De nouvelles perspectives pour un aéroport en plein développement
Nous avions souligné dans notre article sur le lancement d’ Air Belgium il y a un an l’importance que revêt cet allongement de piste dans le plan de développement de BSCA. D’un côté l’accueil de nouveaux types d’appareils long-courrier au rayon d’action plus grand devrait attirer de nouvelles compagnies et permettre d’étendre l’offre en termes de destinations plus lointaines. D’autre part en permettant des décollages en pleine charge les compagnies pourront optimiser leurs vols « passager » par l’ajout de cargo.
Avec 8 millions de passagers enregistrés en 2018, BSCA en attend plus de 10 millions d’ici 2026 L’allongement de la piste vient donc à point nommé pour pouvoir répondre à cette augmentation du traffic aérien annoncée dans les prochaines années.
Le commencement des travaux coïncide aussi avec l’arrivée du nouveau CEO de BSCA, Philippe Verdonck. Fort d’une expérience de trente ans dans le milieu aéronautique en fret, logistique et passagers, il aura pour mission de poursuivre le développement de l’aéroport en attirant notamment des compagnies long-courrier tout en capitalisant sur le hub du « low-cost ». Il succède à Jean-Jacques Cloquet, dont il faut souligner l’importante contribution dans le développement de BSCA, parti relever un nouveau challenge dans un autre fleuron économique wallon, Pairi Daiza.
Robert Verhegghen