Bruxelles, le 6 août 2019. L’European Business Aviation Association (EBAA), créée en 1977, est installée à Bruxelles depuis 1984. Elle regroupe plus de 700 membres, essentiellement des opérateurs d’avions d’affaires et des fournisseurs de service de ce secteur. L’EBAA (www.ebaa.org) défend les intérêts de ses membres, notamment par un travail intense de communication et de collaboration avec les autorités européennes, tant au niveau de l’Union Européenne et de ses trois constituants (la Commission, le Conseil et le Parlement européens) que de l’EASA (European Aviation Safety Agency) et d’Eurocontrol, qu’au niveau mondial dans le cadre de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), via l’International Business Aviation Council (IBAC) dont elle est membre.
Pour soutenir ses positions dans la défense des intérêts du secteur, l’EBAA publie régulièrement de nombreux documents, permettant de mieux connaître l’importance de l’aviation d’affaires. Et notamment les statistiques tant économiques qu’opérationnelles de l’activité globale, européenne et par pays.
L’édition 2018 des « Country Profiles » nous a permis de découvrir toute une série de données couvrant l’importance de l’aviation d’affaires en Belgique.
On y découvre les chiffres de 2018. La croissance en nombre de mouvements a été de 4,5% en 2018 (par rapport à 2017), et de 14,2% pour la période de 2010 à 2018. Le trafic « bizav » représente en 2018 7,1% de l’ensemble du trafic aérien contrôlé belge.
L’aviation d’affaires est composée de deux éléments: les opérateurs commerciaux (avions loués ad hoc ou par contrat) et les opérateurs privés (« corporate aviation », volant uniquement pour les besoins de l’entreprise). La répartition entre les deux catégories est quasi à parts égales, avec 51,1 % de vols commerciaux et 48,9% de vols privés.
Certains avions « corporate » volent à la fois en privé pour compte de leur propriétaire, et en commercial sous couvert d’un Air Operator Certificate (AOC). Cela permet au propriétaire de mieux amortir l’investissement que représente son avion grâce à un nombre d’heures de vol annuel supérieur généré par la mise en exploitation commerciale de son avion via une entreprise spécialisée titulaire d’une licence d’exploitation. L’exploitant commercial bénéficie ainsi d’une flotte plus importante sans devoir réaliser l’investissement conséquent que représente l’achat d’un avion supplémentaire. Le propriétaire, outre le revenu locatif qui en résulte, peut au travers d’un contrat de management avoir accès au pool d’équipages, bénéficier des avantages de faire partie d’une flotte, avec les services de gestion opérationnelle, les facilités de hangar et de maintenance, et l’accès à des conditions « flotte » pour les assurances et le fuel.
Certains propriétaires gardent leurs avions sous statut privé mais concluent des contrats de management, confiant ainsi les tâches spécialisées à des entreprises professionnelles du secteur.
En Belgique, trois grands acteurs dominent le marché dans les deux domaines de l’exploitation commerciale d’avions d’affaires sous couvert d’un AOC, et dans le management d’avions privés. Leurs flottes sont composées à la fois d’avions dont ils sont propriétaires et exploitants, et d’avions « corporate » gérés par eux dans le respect des règles aéronautiques pour une exploitation non commerciale.
ASL, Luxaviation (née Abelag) et FlyingGroup se partagent un marché qui a grandi au fil des ans. NextGen Aviation et EAPC se concentrent plus dans la gestion d’avions privés. Ils opèrent respectivement quatre et cinq mono-turbopropulseurs Pilatus PC-12 et ont en commande respectivement un et deux biréacteurs PC-24.
85,3 % des mouvements d’avions d’affaires de et vers la Belgique sont vers des destinations européennes, et 5,1% sont extra-européennes. Les quelques 9% restants sont des vol « domestiques » entre aéroports belges, principalement des mises en place entre les différentes bases et ateliers de maintenance des opérateurs belges. Tant Luxaviation (EBBR et EBKT), qu’ASL (EBAW, EBBR, EBCI et EBKT), FlyingGroup (EBAW, EBBR et EBKT) et NextGen (EBAW et EBOS) ont des bases sur au moins deux aéroports belges, et opèrent des vols au départ des autres aéroports en fonction de la demande.
Paris-Le Bourget est la destination la plus opérée au départ de nos aéroports, avec 1.068 mouvements annuels. Si l’on totalise les deux destinations de Farnborough (469) et Biggin Hill (334), Londres arrive en deuxième position avec 803 vols, et cela sans tenir compte des autres aéroports proches de la capitale britannique (Heathrow, London-City, Luton, Southend, Stansted…). Genève occupe la troisième position de ce classement. On retrouve ce même résultat au classement par pays de destination: la France est en tête avec 5.577 vols annuels, suivi de la Grande-Bretagne avec 5.077 vols. La troisième position est détenue par l’Allemagne avec 2.716 vols.
Dans le classement des aéroports européens enregistrant le plus de mouvements d’aviation d’affaires, le premier aéroport belge est Brussels Airport, classé 25ème avec 9.142 mouvements « bizav » en 2018. A comparer avec le premier du classement européen, Paris-Le Bourget, qui totalise 53.686 mouvements. Anvers se classe 42ème avec 6.302 mouvements. Kortrijk-Wevelgem enregistre 2.781 mouvements, Charleroi 2.628 et Liège 1.711.
Au niveau des flottes, sur un total de 75 avions d’affaires à turbine immatriculés en Belgique (OO-…), on compte en 2018 22 mono-turbopropulseurs, 7 bi-turbopropulseurs, 15 « light-jets », 11 « mid-size jets », 19 « heavy jets » et 1 « bizliner ».
Ces catégories se chevauchent parfois mais l’on peut schématiser en considérant les catégories par types d’appareils. Les « light-jets » comprennent les Cessna Citation Mustang , CJ-1 à CJ-4, les Embraer Phenom 100 et 300 et les HondaJet. On y inclut aussi les « super light jets » que sont les Cessna Citation Excel, XLS, et Embraer Legacy 450. Dans la catégorie « mid-size jets » sont inclus les Cessna 680 Sovereign et 750 Citation X, et les « super midsize » que sont notamment les Bombardier Challenger 350, Dassault Falcon 2000, Gulfstream G280. Les « heavy jets » sont représentés principalement par les Dassault Falcon 900, 7X et 8X, Bombardier Challenger 650 et les Gulfstream 450, 500, 550, 650. Le seul « bizliner » immatriculé belge est l’Embraer Lineage 1000, une version « affaires » dérivée de l’avion de ligne régionale Embraer EMB-190, et est opéré par FlyingGroup pour compte d’un client privé.
Les turbopropulseurs représentent 43% de la flotte, les jets 57%. Si l’on tient compte des avions basés en Belgique, donc aussi ceux sous immatriculations étrangères, la flotte totale (belges et étrangers) d’avions d’affaires opérant au départ de notre pays totalise 104 unités.
En mono-turbopropulseur, c’est le Pilatus PC-12 qui domine, avec pas moins de huit exemplaires immatriculés dans notre pays en 2018. Au sein de la flotte d’avions d’affaire à turbine immatriculés belges, la famille des Cessna 525 Citation, dans ses différentes versions (CJ-1 à CJ-4), totalise pas moins de onze unités, et les Cessna 560XL sept unités. Même domination de Cessna dans les « mid-size jets » avec six exemplaires du Cessna 680 Sovereign et une présence dans les flottes des trois principaux opérateurs. Dans le haut de gamme, Dassault domine avec quatre Falcon 2000, quatre Falcon 900, quatre F7X et deux F8X, largement présents tant chez FlyingGroup que chez Luxaviation.
Le secteur de l’aviation d’affaires en Belgique représente un chiffre d’affaires de 1.840.000.000 euros et 6.650 emplois. Au niveau européen, une étude EBAA-Booz Allen Hamilton-DLR Economic Value & Business Benefits de mars 2018 estime que le secteur représente pas moins de 374.000 emplois directs et indirects, et un chiffre d’affaires de 87 milliards d’euros. Au niveau macro-économique, l’aviation d’affaires offre des bénéfices tangibles en gains de temps et de productivité. Plus de 1.400 aéroports européens peuvent accueillir des avions d’affaires, soit trois fois plus que ceux desservis par avions de lignes. Et sans contrainte d’horaires. En termes de connectivité, l’aviation d’affaires permet des liaisons directes de ville à ville (plus de 25.000 city pairs) non desservies en vols directs par les compagnies aériennes régulières.
L’expérience et les compétences de nos spécialistes belges sont reconnues à l’international, et leur dynamisme leur assure une dimension européenne de plus en plus importante.
Outre les avions opérés sous OO-…, les trois opérateurs principaux du secteur ont dans leur flotte plusieurs avions d’affaires immatriculés à l’étranger, et exploitent aussi certains de leurs avions « belges » au départ de bases étrangères.
FlyingGroup opère ainsi trois HondaJet immatriculés luxembourgeois pour le compte de Wijet au départ du Bourget, et dispose aussi d’une filiale titulaire d’un AOC maltais.
Guy Viselé
Photos: Guy Viselé & Kevin Cleynhens