Liège, le 9 mars 2020. A peine un an après avoir entamé les opérations avec un premier Boeing 747, la nouvelle compagnie aérienne cargo belge ACE-Belgium Freighters prend livraison d’un deuxième appareil plus récent et plus performant. Ce qui lui permet d’élargir son offre par l’addition de nouvelles destinations et par le développement de ses activités en charter.
Créée sous forme de société anonyme début 2017, ACE-Belgium Freighters (www.ace-freighters.com) a reçu son certificat de transport aérien (AOC – Air Operator’s Certificate) de la part des autorités belges (DGTA – Direction Générale du Transport Aérien) le 18 avril 2019. Faisant partie du groupe ACE Aviation, créé à Malte en 2016, la compagnie est basée à l’aéroport de Liège-Bierset (bâtiment 58,) important hub cargo européen et premier aéroport belge en fret aérien (avec plus de 900.000 tonnes transportées en 2019.) Elle a entamé les opérations dès l’arrivée de son premier Boeing 747, le OO-ACE, au printemps de l’année passée.
ACE-Belgium Freighters effectue à la fois des liaisons régulières en cargo commercial et des vols à la demande. Ils desservent depuis mai 2019 Tel Aviv, mais aussi Larnaca (Chypres) et ont obtenu l’été passé les accords des autorités américaines (USA OPS SPECS de la Federal Aviation Administration) pour opérer vers les Etats-Unis. New York JFK est desservi depuis à raison de trois à quatre liaisons hebdomadaires. La nouvelle compagnie aérienne cargo belge ré-introduit le Boeing 747 à la matricule aéronautique belge, et opère sous le code IATA X7 et le code OACI FRH, avec comme radio call-sign « Ace Freight ».
L’arrivée début mars 2020 d’un deuxième Boeing 747, immatriculé OO-ACF, plus récent et plus performant, va permettre d’opérer régulièrement la liaison Liège-Atlanta, avec comme objectif d’y ajouter rapidement une troisième destination américaine, Houston (Texas.)
La flotte
Le premier appareil, le OO-ACE, est un Boeing 747-412 (c/n 24227 line number 831,) livré initialement en version passagers à Singapore AL (9V-SMH) en janvier 1991. Converti en cargo dans le cadre du programme BCF (Boeing Converted Freighter) après être passé chez Cathay Pacific en juillet 2006 (B-HKH,) l’appareil est acquis par la filiale de leasing d’ACE Aviation en avril 2016 et opéré par la compagnie israélienne Cargo Air Lines, (4X-ICC) un des premiers clients de l’aéroport liégeois. Il est livré à ACE-Belgium Freighters le 10 avril 2019. Il ne dispose pas d’une porte de nez relevable, comme le second, mais d’une porte latérale de grandes dimensions.
Le deuxième avion de la nouvelle compagnie belge, le OO-ACF, est construit d’origine en version cargo (Boeing 747-400EVERF c/n 35169 line number 1391. Il effectue son premier vol le 10 août 2007 et est livré le 28 août 2007 à la compagnie chinoise Jade Cargo International. Celle-ci arrête les opérations début janvier 2012. L’avion est stocké, puis racheté par ACE Aviation comme 2-ACED fin 2018. Il passe chez Cargo Air Lines comme 4X-ICD le 27 février 2019, avant d’être transféré à ACE-Belgium Freighters début mars 2020.
Ce vrai « full-freighter » dispose de la porte de nez qui permet le chargement de fret de dimensions exceptionnelles, en plus de la « side cargo door ». Et la structure plus légère alliée à une endurance plus grande (ER, Extended Range) lui confère une charge payante supérieure (jusqu’à 120 tonnes) d’une douzaine de tonnes et un meilleur rapport charge payante-distance franchissable. Ce qui permet des liaisons vers Houston et Atlanta avec une charge payante plus conséquente.
Les avions sont loués auprès de la filiale leasing de la maison mère ACE Aviation, qui est aussi l’actionnaire principal d’ACE-Belgium Freighters, assurant ainsi une stabilité au niveau financier.
L’actionnariat commun (ACE Aviation) entre Cargo Air Lines (C.A.L.) et ACE-Belgium Freighters crée des liens et une synergie entre les deux compagnies aériennes. L’offre cargo des deux compagnies aériennes du groupe ACE Aviation au départ de Liège reste assurée par quatre Boeing 747, mais maintenant au lieu de quatre avions chez C.A.L., elle est répartie en deux C.A.L. et deux ACE-Belgium Freighters. Cette dernière possédant un AOC européen, cela facilite l’obtention des droits de trafic et de survol dans beaucoup de régions du monde.
ACE-Belgium Freighters se concentre sur son « core business », c’est-dire les activités « airline ». La nouvelle compagnie belge contracte les autres services auprès de fournisseurs tiers, dont certains font partie du groupe ACE Aviation: c’est le cas du handling à Liège, effectué par Lachs, et de la commercialisation des vols, confiée à une autre entité du groupe, Challenge Air Cargo. Ce qui permet de fonctionner avec un team de seulement vingt personnes au niveau managérial et administratif.
L’arrivée du second avion a eu pour conséquence de doubler le nombre de pilotes utilisés par la compagnie. Sous la direction de René Schumacher, Chief Operating Officer, Accountable Manager & NP Flight Operations, leur nombre est passé de vingt à quarante.
René Schumacher est un amoureux du 747. Totalisant pas moins de 17.000 heures de vol, dont près de 9.000 sur cet avion mythique, René a accumulé une expérience unique sur différents modèles de 747. Il vole toujours et est d’ailleurs instructeur sur 747, après avoir volé sur les 747 Classic, les -400, d’abord chez Martinair, et même le -8 chez Boeing.
Le recrutement des vingt pilotes supplémentaires nécessaires pour faire voler le deuxième appareil n’a pas causé trop de problème. Le marché « pilotes » s’est amélioré depuis août 2019. Le retrait du 747 par un certain nombre de compagnies a amené sur le marché des pilotes expérimentés amoureux de cet avion et souhaitant continuer à le voler encore quelques années. Et le « network » des 747 » flying crew » a fait le reste. Les avions étant immatriculés belges, les licences EASA sont plus facilement acceptées par la Belgique.
La commercialisation des vols se fait via un agent général de ventes (G.S.A. pour General Sales Agent,) Challenge Aircargo, qui fait aussi partie du groupe ACE Aviation et gère la capacité proposée au travers de ses bureaux en Belgique, Pays-Bas, France, et beaucoup d’autres pays.
Au niveau du marché du fret aérien, malgré son impact majeur sur l’économie et les échanges commerciaux mondiaux, le coronavirus a paradoxalement ramené une demande pour les compagnies « tout-cargo ». L’annulation d’un grand nombre de vols passagers pour cause de pandémie a fait que les quelques 30% de fret normalement transportés en soute des avions passagers se sont redirigés vers les « all-cargo ».
Le premier avion d’ACE-Belgium Freighters n’arbore pas les couleurs de la compagnie, mais bien le slogan « Challenge Accepted » en référence à la firme Challenge Aircargo qui les commercialise. Le second appareil est pour l’instant encore dans les couleurs de son ancien opérateur chinois, Jade Cargo, et sans nom de compagnie. Ce qui facilite les affrêtements en A.C.M.I (Aircraft Crews Maintenance Insurance) et les sous-affrètements à d’autres airlines.
ACE-Belgium Freighter, un an après ses débuts, a bien démarré et ambitionne une croissance contrôlée, malgré les aléas de la conjoncture. Outre l’accroissement du nombre de destinations régulières, la jeune compagnie belge considère de nouveaux marchés.
La Chine impose des règles d’accès très strictes avant d’autoriser de nouvelles compagnies à opérer. Au niveau des vols réguliers, il faut utiliser des avions jeunes de moins de 14 ans, et justifier d’une expérience d’au moins 1.000 secteurs volés. Dans l’attente de ce chiffre imposant pour un nouvel entrant avec au départ un seul avion, la compagnie pourrait se voir autoriser un nombre réduit de vols charter.
La nouvelle compagnie belge a bien démarré et réussit en à peine un an à doubler sa flotte. Soixante emplois directs sont générés par l’exploitation de ces deux « Jumbo » belges, qui contribuent au succès du « hub » cargo que constitue l’aéroport de Liège. Et avec des perspectives réalistes de développement.
Guy Viselé