De Sabres turcs aux PAIM

Les F-86 E Sabre du team turc lors du IXème PAIM 1958 sur la para-piste de Bierset. Le premier est le 19215, suivi du 19223 et du 19275. (SID)

Chastre, le 28 août 2020. Trouvée il y a plus de trente ans au service d‘information de la défence dans un classeur de négatifs des années 1958-1959, une photo de 5 F-86 E turcs aux gueules de requin m’intrigue depuis lors. Que font ces avions en Belgique, est-ce une patrouille acrobatique, où la photo a-t-elle été prise ? Autant de questions qui m’ont amené à « enquêter » … travail de fourmi car cela date.

Les F-86 E Sabre du team turc lors du IXème PAIM 1958 sur la para-piste de Bierset. Le premier est le 19215, suivi du 19223 et du 19275. (SID)

La photo

J’ai identifié sur la photo originale trois numéros sur les 5 avions, les 19215, 19227 et 19275. La décoration spéciale fait penser à une patrouille acrobatique mais les turcs n’en ont eu que deux sur F-86 E Sabre, les « Uçan Kuğular » (Cygnes blancs) et les « Yarasalar » (Chauves-souris). Pour ce qui concerne les premiers, leur décoration est très connue et en rien comparable. Le Sabre portant le numéro 19215 s’est écrasé le 1er avril 1959 près d’ Eskisehir soit bien avant la création à Merzifon en 1964 des « Yarasalar », moins connus. La photo a donc été prise quelque part en Belgique en 1958 ou en 1959 mais antérieurement à avril 1959 . Qu’est ce qui a pu amener la Turk Hava Kuvvetleri (THK) , la Force Aérienne turque, à envoyer des Sabres en Belgique : échange d’escadrilles, exercice OTAN, meeting aérien? Un évènement majeur de l’année 1958 vient rapidement à l’esprit : le Meeting des Nations des 27, 28 et 29 juin 1958 à la base de Bierset près de Liège. Nous avons déjà abordé ce meeting (un des plus grands et des plus beaux organisé en Belgique) dans l’article consacré aux Diables Rouges.

Les « Uçan Kuğular » sont la première patrouille turque sur F-86 E opérant depuis Eskisehir à 6 , 9 voire 12 avions partir de 1955 jusqu’au milieu des années soixante. Leur superbe décoration avec le cygne ne serait apparue que dans les années soixante. (THK coll. RV)

Des photos de ce meeting montrent un alignement des patrouilles grecque, portugaise et anglaise sur la para-piste de Bierset. Aucune ne montre des appareils turcs au sol. Les revues aéronautiques de l’époque ainsi que le programme officiel font mention d’une participation turque sur F-84G Thunderjets. « AirRevue » et « « Flight » parlent d’un survol de 12 F-84G et d’une démonstration acrobatique de 4 appareils turcs. Porte-drapeau royal lors du meeting, Claude Buisseret ( un des pilotes de la 7ème escadrille de Hawker Hunter de Chièvres qui participera au fameux looping de 16 avions le 5 juillet 1959 à Gosselies) me confirme lors d‘un entretien téléphonique que les turcs volaient en effet sur F-84G mais n’étaient pas basés à Bierset pour l’évènement. Un des pilotes turcs était un ami rencontré lors de sa formation aux USA. Une escadrille de Thunderjet avait été détachée en Hollande sur la base de Soesterberg qui organisait aussi un grand meeting OTAN les 5 et 6 juillet. La présence des Sabres en Belgique ne peut donc s’expliquer que par une participation à un autre évènement international avant ou après le Meeting des Nations, probablement à Bierset car le tarmac sur la photo ressemble beaucoup à celui sur les photos du Meeting.

Deuxième patrouille turque sur F-86 E, les « Yarasalar » ont opéré depuis Merzifon entre 1964 et 1965 régulièrement à quatre avions, parfois 9. On leur connait deux décorations , une avec le nez noir et celle-ci assez spectaculaire en rouge et blanc. (THK coll. RV)

En cherchant, je suis tombé sur un entrefilet dans la Conquête de l’ Air parlant d’un rallye aérien civil le 14 septembre 1958 organisé à la base de Bierset à l’occasion d’un « PAIM », un pentathlon aéronautique militaire international. D’après son CV dans la revue des « Vieilles Tiges », Paul « Chris » Christiaens, pilote bien connu de la patrouille « Les Manchots » sur SV-4B, a participé à 5 PAIM. Il me confirme immédiatement qu’il s’agit bien des Sabres de l’équipe turque participant au IXème PAIM organisé à Bierset du 14 au 21 septembre 1958. Mais avant de revenir à cet évènement, un peu d’histoire…

Le CISM

Après le premier conflit mondial, les premiers Jeux Interalliés à Joinville en banlieue parisienne avaient été organisés à l’initiative du général Pershing. En mai 1946, le général américain McNarmey organise à Francfort sur le Main une réunion des officiers en charge du sport militaire dans leurs pays respectifs. La Belgique y est représentée par le lieutenant Raoul Mollet, officier de cavalerie au régiment des guides et la France par le capitaine Henry Debrus, deux grands amis . Le 6 mai le « Conseil des Sports des Forces Alliées » voit le jour, mais pour peu de temps. Courant de l’année, les deuxièmes Jeux Interalliés de compétitions d’athlétisme sont organisés au stade olympique de Berlin, tout un symbole. D’autres évènements ont lieu en Allemagne et en Belgique et le premier championnat militaire de volley-ball est programmé pour le 1er mai 1947 à Moscou. Malheureusement, en raison des tensions politiques est-ouest, la Russie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Pologne se retirent successivement du Conseil des Sports des Forces Alliées. Conscient que ce grand projet est sur le point de s’effondrer, plusieurs membres sous l’impulsion d’ Henry Debrus ravivent l’idéal. A l’occasion d’un tournoi d’escrime à Nice le 18 février 1948, cinq pays, la Belgique, le Danemark, la France ,le Luxembourg et les Pays-Bas décident de créer le CISM ,Conseil International du Sport Militaire, prônant la paix et l’amitié par le sport avec à l’esprit un objectif plus global. Le commandant Debrus sera le premier président jusqu’en 1961, secondé par un secrétaire général, le capitaine aviateur Edmond Petit auquel succèdera le capitaine Raoul Mollet, membre du Comité exécutif, qui occupera la fonction à partir de 1954 jusque 1986. Au cours de ses 32 années de secrétaire général permanent, il aura marqué de manière indélébile l’expansion de l’organisation. Le siège du conseil est à Bruxelles.

Le CISM débute en 1948 par l’organisation de championnats dans six disciplines sportives : l’athlétisme, la boxe, l’escrime, le football, la natation et les pentathlons. En 1951 les USA adhèrent au CISM. Des invitations de participation à des compétitions sont régulièrement lancées par le CISM vers d’autres pays non-membres, ce qui amène au cours des années de nouvelles adhésions. De nombreux pays vont suivre chaque année notamment après la fin de la guerre froide à la suite de la disparition du SKDA (organisation du sport militaire soviétique des pays membres du Pacte de Varsovie) donnant ainsi au CISM la dimension totalement mondiale qui lui manquait. En septembre 1995 le CISM lance les 1ers Jeux Mondiaux Militaires à Rome, un événement multisports qui se tient un an avant l’année des Jeux Olympiques. Bien que moins connu que les JO, avec 140 pays, un calendrier sportif annuel mondial, continental et régional, le nombre de disciplines sportives représentées et le haut niveau de ses concurrents, le CISM est devenu l’une des plus grandes institutions sportives du monde.

Raoul Mollet, une figure marquante du sport militaire et civil

On ne peut parler du PAIM sans s’attarder sur cette figure incontournable qu’est Raoul Mollet . En 1946, il est professeur à l’IMEP ( Institut Militaire d ‘Education Physique ) basé près de Malines. En 1947, fort déçu par la délocalisation de l’ Institut à Eupen, il rejoint l’ aviation nouvellement créée après avoir été « débauché » par le Lt. Col. Mike Donnet DFC, qui recherche d’un officier capable d’organiser l’éducation physique et les sports de la nouvelle Force Aérienne. C’est un athlète de très haut niveau et de caractère qui a pris part aux JO de 1936 à Berlin où il finit 15ème du pentathlon moderne (équitation, l’escrime, tir, natation et cross-country). Aux J.O de 1948 à Londres, il fait une chute lors de l’épreuve d’équitation qui compromet toutes ses chances. Il est aussi champion du monde d’escrime militaire en 1948. Charismatique, passionné, créatif et travailleur il aura une influence déterminante sur le sport belge et international tant militaire que civil d’après-guerre. Visionnaire, il est aussi considéré comme le père spirituel du « sponsoring » en sport de haut niveau. Il deviendra en 1965 Président du Comité Olympique Belge, succédant à Victor Boin. Jamais pourtant il ne sera membre du Comité International Olympique, une place qu’il aurait bien méritée.

Raoul Mollet, ici en tenue de major d’aviation, grande figure du sport belge et international. (CISM)

Les différents pentathlons militaires

Les pentathlons militaire, aéronautique et naval tiennent une place spéciale dans le catalogue des compétitions du CISM. Leurs fondateurs respectifs, les officiers français Henry Debrus, Edmond Petit et le capitaine italien Guiseppe Vocaturo vont imaginer ces concepts, en se basant sur le pentathlon moderne, discipline olympique, afin de refléter les exigences spécifiques aux différentes branches de service et de promouvoir tant l’efficacité physique que les aptitudes techniques des compétiteurs appartenant à ces armes. Le métier de soldat a en effet bien évolué avec l’émergence du « soldat athlète »: pilotes de jet, commandos, nageurs de combat etc…sont hautement spécialisés, sélectionnés et entrainés avec des techniques particulières, les techniques de combat, qui mettent l’accent sur le facteur « homme » et le facteur « terrain ».

Qu’est-ce qu’un PAIM ?

Edmond Petit, décédé en 2000, n’est pas un inconnu car il est aussi membre fondateur de l’ Académie de l’ Air et de l’ Espace de Toulouse et l’auteur de nombreux ouvrages historiques sur l’aviation. Capitaine dans l’ Armée de l’ Air, sur base de son expérience de pilote, il développe l’idée d’un pentathlon aéronautique militaire (PAM) dès la fin du second conflit mondial, qu’il met route dans l’ Armée de l’ Air et qu’il promeut au CISM. Le PAIM est une compétition sportive, ouverte au personnel navigant des forces aériennes, qui comporte cinq épreuves physiques : l’escrime, un parcours de précision en basket-ball, la natation, le tir au pistolet et parcours d’évasion (réunissant course d’obstacles et d’orientation). Le but est de rassembler lors d’un seul évènement des disciplines incluant des exercices d ’adresse, d’endurance et de réflexion tout en développant la coordination, la force, autant que le courage, la détermination et l’esprit offensif nécessaires à un pilote militaire. La natation, le parcours d’évasion sont inclus car ils nécessitent les aptitudes sollicitées lors d’opérations de sauvetage après un atterrissage d’urgence ou une éjection. L’escrime développe les capacités de faire face à un adversaire et de prendre des décisions rapides et, comme pour le tir, demande de la concentration, de la maitrise de soi et de la précision. Le basket- Ball nécessite quant à lui de la concentration et de l’agilité.

Trophée en or, argent et marbre remis à l’équipe victorieuse du PAIM, offert par le Ministère de l’Air français au nom d’ Edmond Petit lors de la création des PAIM en 1948. (CISM)
A l’initiative du capitaine Edmond Petit, le premier PAIM est organisé à Vichy du 2 au 9 septembre 1948. (CISM)

Ben que ne comptant pas pour le classement général, le rallye aérien est bien évidemment l’épreuve phare, fort prisée des pilotes. Au début, Il s’agissait d’un parcours de navigation triangulaire de 400 kms minuté, à basse altitude, en patrouille, les compétiteurs étant aux commandes de leur avion, avec des catégories monoplaces et biplaces (avec navigateur). Après avoir été abandonnés quelques années, les rallyes aériens se font aujourd’hui sur initiative du pays organisateur. Le compétiteur n’opère plus en tant que pilote mais en tant que navigateur d’un biplace d’entrainement, pour autant que le pays organisateur en mette à disposition, tel que stipulé dans le règlement actuel.

Les premiers PAIM ont lieu en France, sous forme de journées d’étude, à Vichy, Arcachon, Nancy avant de devenir vraiment internationaux avec l’organisation du PAIM 1951 à Namur. Il aura du succès et sera organisé ensuite à Soesterberg aux Pays-Bas en 1952 et à Breda en 1960, à Florence en Italie en 1954, à Eskisehir en Turquie en 1955, à nouveau en Belgique en 1958 , en Norvège à Oslo en 1962, à Athènes en Grèce en 1964, et en Suède à Uppsala en 1956, à Göteborg en 1959 et à Ljungbyhed 1965, avant de connaitre un coup d’arrêt pour reprendre en 1968 au Danemark. Au cours de son existence, surtout lors des années quatre-vingt, le PAIM va connaitre sporadiquement d’autres essoufflements d’une ou deux années consécutives. Les raisons sont multiples, e.a budgets, disponibilité d’infrastructure sportive, intérêt et contraintes opérationnelles du PN et des avions, compétiteurs dans chaque discipline. Il sera remis sur les rails grâce aux efforts des pays nordiques (en particulier la Suède et la Finlande), l’ Espagne et le Brésil. Le rallye aérien sera délaissé pour des raisons de coûts et de logistique ou de contraintes opérationnelles mais remis à l’agenda de manière facultative. Le dernier PAIM ,le 58ème, a eu lieu à Wuhan en octobre 2019 à l’occasion des 7èmes Jeux Militaires Mondiaux d’Eté. L’édition 2020 prévue en Equateur en août a été annulée à la suite du covid 19, la prochaine est programmée en Finlande en 2021.

La Belgique organise son premier PAIM en juillet 1951 à Namur. ( Coll RV)

Les belges et les PAIM

Peu d’infos ont été trouvés sur les tous premiers PAIM. En 1952 à Soesterberg, Tino Migliavaca, athlète polyvalent remporte les épreuves du cross et avec Yves Bodart et le navigateur Raymond Pollet , l’équipe se classe troisième du rallye aérien en …. Airspeed Oxford. En 1954 à Florence, le team belge termine troisième derrière la Suède et l’Italie et devant la France.

Le VIIème PAIM a lieu à Eskisehir en Turquie du 2 au 12 septembre 1955. 6 pays participent avec 24 concurrents. L’équipe belge se compose du capitaine avi .Yves Bodart, le C.O de la 4ème escadrille du 1er Wing , du Slt avi. Michel Jacob de Beucken du 1er Wing, du Slt Pierre Gouters du 9ème Wing, du sgt.avi. Theofiel De Clippel du 2ème wing avec deux pilotes en réserve les Slt.avi. Roger Lecrenier du 7ème wing et le Slt.avi. Jean-Pierre Staner du 1er wing. 4 Meteor 8 effectuent le long trajet de 7000 kms en 11 heures via Marseille, Naples et Athènes jusque Eskisehir. Au classement général , la Suède l’emporte devant la Turquie et l’Italie. La Belgique est quatrième devant la France et la Hollande . Au classement individuel ,Gouters se classe 9ème, J. De Beucken 11ème,De Clippel 12ème et Bodart 18ème. Au retour, le 11 septembre, ils participent à un grand meeting international à Istanbul. Très certainement, les spectaculaires rase-mottes d’Yves Bodart et les acrobaties du peloton ont dû impressionner plus d’un spectateur. Ils furent appréciés de leurs hôtes car le team reçoit de la THK un trophée dénommé « Les Ailes Turques » à la suite de leur prestation.

L’équipe belge du VIIème PAIM à Eskisehir en septembre 1955 reçoit de la THK un superbe trophée représentant « Les Ailes Turques ». (JB)
Yves Bodart devant le Meteor 8 SV-A/ EG-100 / N°10 lors du VIIème PAIM. (Coll. DB)
Yves Bodart décolle avec son équipe à Eskisehir. Sur l’arrière du fuselage sont peint les numéros d’identification pour l’épreuve aérienne. (JB)

Le XIIIème PAIM a eu lieu à Uppsala en Suède du 25 au 31 août 1956. Sont en compétition les suédois (J-29 Tunan) , les belges (Meteor 8) ,les français (Mystère IVA) les italiens (F-84G ) et les turcs (T-33). Le colonel avi. Walter Müller est le chef de délégation et le Lt-col de Bueger chef de l’équipe accompagnés de l’adjudant Cyrille Garin , maitre d’arme et de L. Van Eyck manager sportif. Le team est composé de Pierre Gouters, Jacob de Beucken, Robert Gennart et Pierre Uyttenhoven. Yves Bodart., est réserve. A nouveau les Suédois dominent au classement interpays et individuel. La Belgique n’est pas classée dans les trois premiers, probablement avant-dernière ou dernière avec les français. Au classement individuel, Pierre Gouters termine en 1er belge à la 13ème place , Uyttenhoven est 18ème, Gennart 19ème et Jacob de Beucken 21ème. Elle réalise une belle performance en se classant troisième du rallye aérien derrière la Suède et la France.

Spectaculaire rase-mottes d’Yves Bodart au meeting international à l’aéroport d’ Yeşilköy (devenu en 1980 Int. Atatürk Airport) à l’ouest d’Istanbul . La hauteur peut être estimée entre 4 et 6 m. (JB)
L’équipe belge du VIIIème TAM de 1956 en Suède. Le major avi. Yves Bodart au centre est entouré de g.à dr. par les Lt. Avi. Jacob de Beucken, Uyttenhoven, Gouters et le Col. Avi Walter Müller, chef de la délégation. (AirRevue)

Le IXème PAIM de Bierset

Le IXème PAIM est organisé du 14 au 21 septembre 1958 à Liège dans le contexte de l’ Exposition Universelle qui a lieu à Bruxelles. La pression est grande, l’évènement se doit d’être parfait et l’équipe performante. Huit pays sont représentés: la Belgique, la France, la Grèce, la Norvège, Les Pays-Bas, la Turquie et la Suède. La Suisse, non encore membre du CISM (elle le sera 10 ans plus tard) participe sur invitation. Grâce à l’adjudant avi. e.r. Paul Christiaens, le colonel d’aviation e.r Roger Vanmeerbeeck et le général avi e.r Michel Mandl, nous avons pu obtenir plus de détails.

A l’époque pour participer au PAIM, deux critères sont incontournables: il faut être sportif et membre du personnel navigant (PN), pilote de chasse. Le rallye aérien semble n’avoir pour but que de vérifier si les compétiteurs sont bien des PN, selon Roland de Narbonne, journaliste aéronautique français de l’époque. Les équipes sont composées de 4 pilotes et un réserve, les résultats des trois meilleurs classés étant pris en compte lors des épreuves. La sélection de Paul Christiaens commence en 1957. Il est sergent-aviateur à la 29ème escadrille du 13ème Wing sur Meteor 8. Le C.O Paul Coucke cherche quatre volontaires pour participer à une compétition sportive inter-escadrille prévue à la base de Chièvres, sans plus de précisions. A la question « Qui est sportif ici ? » lors d’un briefing, il répond positivement et avec Paul Verbeeck, son copain de la 131ème promotion, et deux autres pilotes il se voit désigné pour une compétition inter-escadrilles à Chièvres sans savoir exactement de quoi il s’agit. La compétition, à laquelle ils ne sont absolument pas préparés, s’avère être un pentathlon. Remarqué au cours de cette compétition, le major Mollet lui propose de faire partie de l’équipe belge en vue du PAIM de 1958 . Cela implique une mutation à Florennes où un centre d’ entrainement est spécialement mis sur pied. Sous la houlette de l’adjudant maître d’armes Garin, des moniteurs et instructeurs sportifs s’occuperont du recrutement, de la sélection et de l’entrainement des athlètes-pilotes. Ce centre sera actif pour toutes les participations jusqu’en 1964. Parmi les instructeurs, Lucien De Pauw, moniteur sportif diplômé de l’ IMEP, athlète de haut niveau (présélectionné pour les JO d’ Athènes en 1956 pour le 110 m haies, Rome en 1960 et Tokyo en 1964 en escrime) sera l’artisan de la mise en place de l’infrastructure sportive et l’acquisition des équipements. Des années plus tard il sera un des promoteurs pour le retour de la Belgique aux PAIM. Avec ce soutien de haut niveau, les pilotes peuvent s’entrainer et se perfectionner aux diverses disciplines du pentathlon tout en assumant leur mission principale de pilotes de combat.

En vue de son entrainement, Paul Christiaens est affecté en 1957 à la 3ère escadrille du 2ème Wing tactique et passe du Meteor 8 au F-84F. (PC)
Le programme du PAM préparatoire organisé à Florennes en octobre 1957. (RVM)

En janvier 1956 Roger Vanmeerbeek, alors jeune sous-lieutenant, a rejoint la section Education Physique et Sport de la F.Aé, dirigée par le major Mollet. Il se souvient :« Dans le cadre de l’ Exposition Universelle, le commandant Mollet avait reçu des budgets importants permettant d’organiser le PAIM en Belgique. La ville de Liège avait proposé sa collaboration. Je me vois désigné par le commandant Mollet comme son second pour l’organisation et « deputy » au cas où… Un PAM national fut organisé du 7 au 11 octobre à Florennes qui devait être la répétition générale pour le grand évènement un an plus tard. Dès 1957 six pilotes avaient été sortis des escadrilles afin de pouvoir s’entrainer à fond à Florennes où une nouvelle salle (avec sauna!) sera inaugurée lors du PAM ».

Entrainement à l’épée avec l’adjudant maître d’armes Cyril Garin à droite. A gauche, Robert « Bob » Gennart, futur commandant du 2ème Wing qui se tuera en Mirage 5BR à Dudelange (GD Lx) le 31 juillet 1981. (PC)
Le team belge du IXème PAIM. De gauche à droite Henri « Rik » Vandegaer, Paul Christiaens, Jean Bauduin et Pierre Uyttenhoven. A leur droite Pierre Gouters. (PC)

Paul Christiaens rejoint la 3ère escadrille sur F-84F à Florennes. Il y retrouve les autres pilotes: le sergent- aviateur Jean Bauduin, le Lieutenant Henri « Rik » Vandegaer, le Lieutenant Pierre Uyttenhoven et les capitaines Robert Gennart et Pierre Gouters, deux pilotes ayant déjà participé à la compétition en 1956. Chacun a son point fort, Uyttenhoven est globalement le meilleur et vise le classement individuel, Bauduin est fort au tir et en escrime, Christiaens est adroit en basket mais pas brillant au tir ou à l’escrime. Vandegaer est le costaud fonceur qui pourrait bien réussir dans le parcours d’évasion. Les points faibles de chacun sont travaillés sous la supervision de l’adjudant et maitre d’armes Garin qui sera l’entraineur de l’équipe.

Le secrétariat de l’organisation s’installe au Palais des Congrès de Liège, ce qui donne lieu à une anecdote amusante dont se souvient Roger Vanmeerbeek : « nous avions installé notre bureau au Palais des Congrès et fait appel à une dactylo. Celle-ci ne connaissait rien en sport et tapa une note avec pour objet « Pantalon Démocratique International », ce qui provoqua l’hilarité générale et la fureur de Mollet ! ». Une semaine avant le début de la compétition , l’équipe prend ses quartiers et s’entraine à Cointe. Leur but : vaincre au classement général la favorite Suède et au classement individuel le lieutenant suédois Nilsson, athlète olympien qui a brillé lors du PAIM précédent.

Le team suédois à battre devant un de leur SAAB J-29 Tunan. Au milieu le champion olympique Nilsson. (PC)
Comme le Meeting des Nations de fin juin, le IXème PAIM s’inscrit dans le cadre de l’année de l’ Exposition Universelle 1958 et est un évènement prestigieux sous le patronage du Ministre de la défence. (PC)
Le dimanche 14 septembre 1958, ouverture du rallye aérien par un défilé des SV-4B arborant les drapeaux des pays participants. (PC)

Le rallye aérien

L’ouverture officielle au palais des Princes- Evêques de Liège a lieu le samedi 13 septembre en présence de S.A.R le Prince Albert de Liège avec une présentation des participants . La compétition proprement dite commence le dimanche 14 à la base de Bierset par l’épreuve aérienne du PAIM. Ouverte dès 8h30 la base présente au public des démonstrations de planeurs, d’acrobaties aériennes avec à 14h30 le départ du rallye aérien.

L’épreuve consiste en une navigation triangulaire de précision et de vitesse en basse altitude de 400 kms en survolant des points tournants bien précis. Chaque équipe prépare son propre plan de vol en fonction de son type d’ avion car les vitesses sont différentes. Chaque team a son timing à respecter. Les points sont attribués en fonction de la vitesse à laquelle on passe au-dessus des différents points tournants et chaque seconde d’écart au timing annoncé en plus ou en moins représente des points de pénalités. Le team belge, sans doute du fait de sa connaissance du terrain et de son entrainement à ce genre d’exercice en escadrille et lors du PAM préparatoire de 1957 ( relaté par Alphonse Degreef du 349 sqn dans la rubrique Carnets de Vol des « Ailes Militaires Belges » (https://www.ailes-militaires-belges.be/), se classe première avec 4.415 points loin devant les néerlandais (4.014 pts) et les suédois (3.377 pts).

Dernière mise au point avant de décoller. De g.à dr. « Rik » Vandegaer, Pierre Uyttenhoven, Jean Bauduin et Paul Christiaens. (PC)
Rare photo montrant les Sabres turcs à Bierset avant le départ du rallye aérien. On distingue dans le fond les F-84F Thunderstreak de l’équipe belge dont un avion non camouflé aux couleurs de la 3ème escadrille. (PC)

C’est une épreuve difficile et Paul Christiaens se souvient que le team turc s’était perdu au-dessus de l’ Allemagne, ratant l’épreuve. Les belges volent sur F-84F, les suédois sur J 29 Tunan, les néerlandais T-33 ainsi que les grecs, les turcs sur F-86 E. Les français volent sur Mystère IV, les Norvégiens sur Sabre F-86 F et K et les suisses ,sur DH 112 Venom. … Lors des PAIM les avions sont marqués d’un carré noir avec chiffre blanc pour faciliter l’identification des compétiteurs par les observateurs sur les points de virage. Ce fut le cas en Turquie en 1955, Suède en 1959 et dans les PAIM subséquents en 1960 et 1962. Cela aurait été le cas en 1958 si l’on en croit une photo de deux T-33 grecs trouvée dans le même classeur que les F-86 E turcs. Malheureusement , malgré de nombreuses recherches et contacts, autre que les grecs et turcs, aucune photo n’a pu être trouvée des avions participants ( pas même les belges ;toute photo sera donc la bienvenue si un lecteur en possède).

Paul Christiaens avant le départ dans le F-84F 3R-T/FU-26 de la 1ère escadrille. (PC)
Les deux T-33 grecs au départ du rallye aérien. (SID)

Les épreuves sportives

Le lundi 15 septembre a lieu l’épreuve de tir à Wégimont. Il s’agit de tirer au pistolet GP de calibre 9 min sur des cibles planes à 25 m apparaissant toutes les dix secondes pendant 3 secondes. 20 coups sont répartis en 4 séries de 5 coups, la note finale étant le nombre total de coups touchés. Les ex-aequo sont départagés par le nombre d’impact sur une cible. Le mardi 16 ont lieu au Palais des Congrès les épreuves d’escrime à l’épée électrique où tous les concurrents se rencontrent, avec tours éliminatoires et finale. Le mercredi 17 au matin, a lieu l’épreuve de basket-ball également au Palais des Congrès. Il s’agit d’une épreuve de basket en solo de quatre exercices : parcours de précision en dribble avec obstacles et paniers à chacun de ceux -ci, un exercice d’adresse et de vitesse avec le plus de paniers possibles en trente secondes, un exercice de coordination consistant à marquer 5 « paniers » avec 5 ballons disposés à 5m l’un de l’autre sur la ligne des coups francs, le temps mis à « passer » les ballons étant déterminant. Le dernier exercice dit de décontraction consiste à tirer 5 paniers via la « planche » et 5 en direct.

Paul Christiaens examine les résultats de l’épreuve de tir l. (PC)

Les épreuves de natation ont lieu le même jour que l’épreuve de basket dans l’après – midi aux bains de la Sauvenière, avec trois parcours différents de 50 mètres avec départ en plongée d’une hauteur de 3 m, franchissement d’obstacles de 6 m constitués par des canots de sauvetage tel qu’utilisés dans les avions et course « in-out » avec changements successifs de lignes. Ce n’est pas l’épreuve pour laquelle les belges se sont le mieux entrainé car cela a nécessité de trouver des piscines disponibles et des déplacements. Roger Vanmeerbeeck relate une autre anecdote amusante: « Pour l’épreuve de natation le lieutenant Milou Memurlin, officier d’éducation physique, avait été désigné comme responsable pour l’organisation de cette épreuve. Le départ des nageurs devait se faire en plongeant du tremplin, dont le bord devait se trouver exactement au- dessus du bord du bassin. Milou constata que le bord surplombait la piscine d’environ un mètre. L’urgence lui demanda d’agir rapidement! Il monta sur le tremplin et scia tout simplement environ un mètre du tremplin: ainsi la compétition pouvait se dérouler règlementairement…Gros problème lorsque le directeur du bassin constata les dégâts. Il exigeait bien sur un nouveau tremplin; satisfaction lui fut donnée! Heureusement notre budget permettait de faire face à cet imprévu… ». Comme en 1956, le lieutenant suédois Nilsson sort grand vainqueur de toutes ces épreuves.

Paul Christiaens et Rik Vandegaer au départ du parcours évasion. (PC)

Le jeudi 18 a lieu le « parcours évasion » qui regroupe la course d’obstacles et un parcours d’orientation. C’est l’épreuve la plus spectaculaire mais aussi la plus dure avec trois parties : un parcours de 330m, particulièrement épuisant , dans un terrain accidenté et truffé d’obstacles avec une charge de 10 kilos, un parcours d’orientation de 3 kms avec boussole et carte dans les bois et le parcours « évasion » proprement dit de près de 20 kms au départ du bois de La Neuville jusqu’au stade de Cointe. Sur le parcours, les concurrents doivent échapper à des barrages et patrouilles de commandos ou UDA. Cela amènera des situations cocasses avec 2 membres du team grec, qui furent « dénoncés » par un riverain méfiant qui les avait surpris hirsutes et en salopettes maculées de boue, tentant d’échapper à un barrage en passant dans son jardin et qui ne les comprenait pas. Un hollandais rejoignit le stade de Cointe en passant par le couvent mitoyen des vestiaires, sous le regard surpris et amusé des pensionnaires, pour échapper aux sentinelles très nombreuses aux abords du stade. Les belges remportent cette épreuve avec Uyttenhoven en 1er, Vandegaer en second. Christiaens est quatrième derrière le turc Erol et Bauduin sixième derrière le français Messain.

La remise des prix le samedi soir du 19 septembre au casino de Chaudfontaine .De g . à dr. : Uyttenhoven, Vandegaer, Christiaens, Bauduin . Le Lt Uyttenhoven porte le trophée offert par l’ Aéro-club de France au vainqueur du rallye aérien. (PC)

La Suède l’emporte au classement général avec seulement trois points d’avance sur la Belgique. La France est en troisième position loin derrière, suivie de la Turquie, la Grèce, les Pays-Bas et la Suisse. Comme en 1956 au VIIIème PAIM, le Lt Nilsson est le grand vainqueur au classement individuel devant Pierre Uyttenhoven et Paul Christiaens. Jean Bauduin termine 8ème et Henri Vandegaer 11ème. Comme le soulignait la presse, une meilleure prestation en natation aurait permis à la Belgqiue de remporter ce PAIM. Après une journée de repos, le PAIM se clôture le 21 septembre avec la cérémonie de remise des trophées au Casino de Chaudfontaine, suivi d’une soirée de gala.

Trois des cinq F-84F Thunderstreak belges participant au PAIM de 1959, survolant la Suède. Ils arborent les panneaux d’identification sur l’avant (des 2 cotés). Les 11 et 12 sont de la 3ème escadrille (YL-K /FU-32, YL-O/ FU- 27, le 15 est aux couleurs de la 2èm (UR-O/FU-?). (PC)
En Suède, le 3R-D (FU-49) de la 1ère escadrille portait le numéro 13. (PC)
L’équipe belge de 1959 en Suède. Etant donné la composition de l ’équipe belge avec Christiaens de la 1ère ; Vandegaer de la 2ème, Jean Bauduin , Michel Barthelemy (réserve) et Robert Gennart (lead) de la 3ème escadrille, nous pouvons supposer que l’avion portant le n°14 était de la 3ième. (PC)

Du 23 au 30 octobre 1959, la Belgique participe aux Xème PAIM à Göteborg en Suède en 1959. Sont à nouveau de la partie , Gennart (leader) , Vandegaer, Bauduin, Christiaens ainsi qu’un nouveau venu , le Slt Michel Barthélemi de la 3ème escadrille. Nous n’avons pas de détails sur les résultats de ce PAIM.

En 1960, le XIème PAIM à lieu à l’ Académie Militaire de Breda aux Pays-Bas du 8 au 12 août. Sont présents les belges et les français en F-84F, les hollandais en Hunter biplaces, les grecs en T-33 les suédois en Saab J-35 Draken et les norvégiens en F-86F. Les avions volent depuis la base de Gilse-Rijen toute proche. L’équipe belge sur F-84F remporte l’épreuve aérienne devant les Hollandais et la Norvège. Au classement par pays, la Suède l’emporte à nouveau devant la Grèce et les Pays-Bas. La Belgique devance la Norvège et la France. Au classement individuel P. Christiaens est 3ème (et 1er lors de l’épreuve de basket-ball), J. Bauduin 13è me et P. Vermoesen 19ème.

L’équipe belge au XIème PAIM 1960 à Breda compte un nouveau venu en la personne du toujours très souriant Piet Vermoesen remplaçant Pierre Uyttenhoven. Henri Vandegaer, qui mène l’équipe, se blessera sérieusement lors d’une épreuve. (PC)
Lors du XIème PAIM à Breda en 1960, les panneaux d’identification ont été peints à l’arrière du fuselage comme sur le 3R-P /FU-158 de la 1ère escadrille du 2ème Wing tactique de Florennes . Le 3R-U /FU-50 portait le numéro 24. (PC)

Le XIIème PAIM a lieu en Norvège à Oslo en 1962 avec huit pays représentés (Belgique, France, Grèce, Pays-Bas, Norvège et Suède) . La Suède l’emporte à nouveau et les français émergent avec une deuxième place grâce aux frères Brenner. Paul Christiaens remporte le « top score » jamais atteint dans l’épreuve de basket ball, record qu’il gardera quelques années.

Le XIV ème PAIM a lieu en Grèce du 15 au 25 août 1964 mais je n’en n’ai pas trouvé les résultats détaillés si ce n’est que la Belgique ne sera pas dans les trois premiers. L’équipe en Grèce est composée de Henri Vandegaer, Paul Christiaens, et Jean Beauduin, en compagnie de Guy Oger et Charles Rihon. L’épreuve, remportée par les Suédois, devant la Grèce est marquée par le décès du lieutenant français Gérard Bouillon Perron, chef d’équipe, qui fit une chute lors de l’épreuve d’orientation. Assommé, il ne fut retrouvé que tard le soir en contrebas d’un sentier, victime de ses blessures et de l’insolation.

Lors du XIIème PAIM de 1962 en Norvège, Paul Christiaens bat le record de l’épreuve en réussissant 9 paniers sur dix. (RV)

 En 1964, la 2ème escadrille de Florennes reprend la mission nucléaire de KB et le 2ème Wing ne peut plus assumer l’entrainement pour les PAIM qu’il assume depuis 1957. La Belgique n’ira pas en Suède en juillet 1965 et les deux années suivantes ne connaitront pas de PAIM. Il faudra l’énergie de R. Mollet pour remotiver les membres du CISM à organiser des PAIM, ce qui amènera le Danemark à se proposer en 1968, suivi de la Suède (une fois de plus) en 1969 et la France en 1970. Longtemps absente depuis 1965, la Belgique ne renoue avec le PAIM qu’en 1989 à Strasbourg. Elle y reparticipe en 1994 en Finlande. Le maître d’armes Lucien De Pauw, cité ci-avant et le général Michel Mandl , appuyés par leurs supérieurs, ne sont pas étrangers à ce regain d’intérêt. En juillet 1995, après trente années, la F.Aé organise la 39ème édition à Florennes. Si l’équipe belge ne décroche aucun podium sportif, les Slt. aviateurs Luc Viaene et Hughes Defailly remportent l’épreuve aérienne en Alpha-Jet au départ de Brustem devant les suédois en SAAB 105 et les finlandais en Hawk. Elle y reparticipe régulièrement depuis et 2003 en Espagne, le Lt aviateur Defailly remporte à nouveau l’épreuve de navigation aérienne. La section belge du CISM offrira en 2012 un nouveau trophée, la réplique numérotée d’une œuvre de Salvator Dali « La double victoire de Samothrace », pour l’équipe gagnant l’ épreuve du rallye aérien marquant ainsi un peu plus sa présence… Mais ceci est une autre histoire ….

Le F-86 E, ici le 19275, n’est autre que le Canadair CL-13 Sabre Mk2 construit sous licence pour le compte de l’ USAF. (LB)

La fin de l’histoire , la décoration turque

Tout cela presque fait oublier les Sabres turcs mais le hasard fait bien les choses quand je suis contacté par Levent Basara, un maquettiste et historien turc auteur de plusieurs monographies sur les avions utilisés par la THK. Pour un de ses livres, il recherche des infos sur une photo de F-102 prise depuis un T-33 belge au taxi sur une base turque. Je l’interroge sur ces F-86 en lui envoyant ma photo. Il en a vaguement entendu parler. Il a une autre photo mais il ne dispose d’aucune info précise sur l’occasion et la décoration.

Le Sabre n° 19275 sur la ligne à Bierset en septembre 1958. (AMB)
Pour les maquettistes, la représentation la plus plausible des couleurs sur un modèle au 1/32 du maquettiste turc H. Ufuk AYDINER. (UA/ Modelsite.com)

Au départ de la liste des participants ( les pilotes turcs s’appellent Atilla, Erol, Hayri, et Erhan, grades inconnus ) après quelques coups de téléphone, il rentre en contact avec un des membres du team turc. Pilote de F-86, Atilla Çelebi a été membre des « Cygnes Blancs » avant de passer sur F104G. Il terminera 13ème sur 32 concurrents au classement individuel du PAIM 1958. Après l’armée et une seconde carrière comme pilote de ligne, il deviendra CEO de Turkish Airlines en 1994. Aujourd’hui retraité, il se souvient :

 « Nous étions six pilotes de F-86 réunis pour l’Air Pentathlon. Le groupe n’était pas formé des pilotes de l’équipe acrobatique (ndlr : des « Cygnes Blancs ») car l’événement n’était pas un spectacle aérien mais une course de pentathlon dans son ensemble. Nous avons donc rassemblé des membres d’ escadrilles qui étaient capables d’effectuer de telles choses en tirant, en courant, etc. Il y avait aussi un pilote général parmi nous. Nous avons survolé la Grèce, l’Italie et l’Allemagne si je me souviens bien. Nous avons peint 4 F-86 juste pour cette occasion (ndlr : 5 d’après photos). Il n’appartiennent à aucune équipe ou escadrille particulière. Nous avons vu cette gueule de requin quelque part sur un autre avion dans un magazine, cela nous a plu et nous avons peint nous-mêmes nos avions ainsi. C’est tout ce dont je me souviens »

Texte: R. Verhegghen

NDLR : Tout lecteur qui pourrait compléter l’information par des documents, coupures de presse et surtout photos, en particulier les avions du PAIM de Bierset, peut contacter la rédaction (info@hangarflying.be) avec nos remerciements anticipés

Remerciements : Un grand merci à Claude Buisseret, Paul Christiaens, Roger Vanmeerbeek et Atilla Çelebi, octogénaires aux souvenirs toujours vifs et à l’enthousiasme intact, à Michel Mandl, à Jacques Bodart, à Levent Basara et à Daniel Brackx, Jean-Pierre Decock, Vincent Pécriaux, Olivier « Pappy » Van Gorp toujours disponibles, le SDH

Photos: Jacques Bodart (JB), Paul Christiaens (PC) , Roger Vanmeerbeek (RVM) , Jean-Pierre Decock (JPDC), Coll. Levent Basara (LB), Coll. Daniel Brackx (DB) et coll. Vincent Pécriaux (VC), SDH, THK.

Sources : Interviews, CISM, Flight, Air Revue, Coupures de presse, Belgian Air Force Wings -The graduates since 1946 -Jules Jacobs & Vieilles Tiges-Ed.2020, Mémoires et notes du général avi. e.r. M. Mandl, archives Fam. Bodart.

Picture of Bob Verhegghen

Bob Verhegghen

Né au Congo en janvier 1952. Passionné d’avions militaires et de maquettes dès mon plus jeune âge. Auteur de nombreux articles historiques et ou de maquettisme sur la force Aérienne dans diverses revues et dans la revue KIT de l’IPMS Belgium. J’ai un intérêt particulier pour les planeurs anciens, la Force Aérienne d’après-guerre et les T-6, (R) F-84F, et Mirage. J’ai le soucis de l’exactitude et du détail pour mes maquettes. Pilote de planeur depuis 1977, instructeur avec près de 900 heures de vol je suis l’heureux copropriétaire de l’ASK-13 ex PL-66 des Cadets de l’Air (aujourd’hui D-3438) basé à Temploux.

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