Aero Vintage 2015

Saint-Hubert, le 29 août 2015. Deux ans après la précédente édition d’Aero Vintage, l’aérodrome de Saint-Hubert accueillait le dernier week-end du mois d’août une sympathique troisième édition de ce « fly-in » d’avions anciens.

Alors que fin 2013 l’incertitude régnait quant à l’avenir de l’aérodrome, les choses ont depuis évolué de façon positive. Petit rappel : suite à la régionalisation, l’aérodrome de Saint-Hubert a été transféré en 1992 de la Régie des Voies Aériennes à la Région Wallonne. Celle-ci confie en 2003 la gestion des infrastructures des trois aérodromes publics wallons (Saint-Hubert, Spa-La Sauvenière, et Cerfontaine) à la Société wallonne des aéroports (SOWAER). Dès 2004, la SOWAER crée une filiale, la Société de gestion de l’aérodrome de Saint-Hubert, chargée de l’exploitation du site. Un protocole d’accord est conclu entre la société de gestion et le Service public de Wallonie, qui continue à assurer le commandement, la gestion aéronautique et l’entretien du site. La Région wallonne négocie ensuite avec l’intercommunale Idelux qui reprend l’aérodrome au printemps 2009 et développe des projets ambitieux et démesurés mettant en péril la pérennité des activités sportives existantes. Face au mécontentement et à l’opposition des utilisateurs, Idelux jette l’éponge fin 2013.

Heureusement, au cours des premiers mois de 2014 un groupe d’utilisateurs se démène et négocie avec la commune de Saint-Hubert et la SOWAER la création d’une société coopérative pour reprendre la gestion de l’outil avec un projet plus réaliste et mieux adapté aux spécificités du site. La réouverture de l’aérodrome est effective le 12 avril 2014.

L’aérodrome dispose de nombreux atouts, mais doit être géré de façon rationnelle et viser à un équilibre budgétaire. Les utilisateurs l’ont bien compris et assurent eux-mêmes la gestion des opérations, à un coût nettement moindre que les anciennes structures. Situé dans un espace aérien non contrôlé, privilège rare dans notre pays, il permet les activités de vol à voile et d’aviation de loisirs, et bénéficie de conditions aérologiques favorables aux vols en planeurs et accueille d’ailleurs chaque année les championnats de Belgique de cette activité sportive. La société de gestion de l’aérodrome de Saint-Hubert a d’ores et déjà organisé plusieurs événements cette année, et la réédition d’Aero Vintage, a attiré un public nombreux grâce à l’entrée gratuite et la présence d’avions anciens exposés en contact avec les visiteurs.

Parmi les appareils présentés, la vedette était la réplique volante du Nieuport 28 de Thierry Roussel. Ce pilote, passionné par les avions de la grande guerre, avait déjà construit une réplique de Sopwith Pup. Acheté en kit de « Airdrome Aeroplanes », la construction du Nieuport a débuté en février 2010 et le premier vol a eu lieu en novembre 2011. Equipé originellement d’un moteur radial Rotec R-3600 de 150 cv, plusieurs incidents liés au manque de fiabilité de ce propulseur ont contraint Thierry Roussel à changer de motorisation. L’appareil est maintenant équipé d’un Lycoming de 150 cv, mais le capotage camoufle très bien cette substitution par un moteur en ligne. La réplique a été dessinée par Gustave Delage et peinte aux couleurs de la 95è Escadrille qui était basée à Château Thierry. Le Nieuport 28 a commencé à voler en France en 1917 pour l’ »American Expeditionary Force ». C’est aux commandes d’un Nieuport 28 de la 94è Escadrille qu’Eddie Rickenbacker est devenu le premier « as » (titulaire de cinq victoires) américain. La vidéo de la construction et des essais en vol est disponible sur « You Tube » (construction of a Nieuport 28).

L’exposition d’avions mêlait agréablement des machines historiques telles que les Piper Cub, DHC-1 Chipmunck, Stampe SV-4, Tipsy Nipper, Cessna « Bird Dog », Yak 52, ou Cessna 195, avec des avions plus modernes et les machines des utilisateurs locaux. La météo était de la partie et les planeurs du Centre National de Vol à Voile ont été très actifs. Les baptêmes de l’air étaient proposés en avion et en ULM. Les écoles de pilotage « avion » du New CAG, et ULM de Air Evasion (Flight Design CTSL) et de Libravia (XL8) informaient les visiteurs sur les possibilités de formation.

Un intéressant PZL 104 Wilga de construction polonaise, immatriculé à Monaco (3A-MPC) , ainsi que le Pilatus PC-12 (OO-PCI) de l’European Aircraft Private Club (EAPC) complétaient agréablement ce beau plateau. Et un tour dans les hangars nous faisait découvrir quelques perles telles que le Vans RV-9A OO-154 « Spirit of Liège » construit par des étudiants, ou le très curieux motoplaneur Pipistrel Taurus immatriculé comme ULM en France (67-BVA).

Saluons le très beau succès de cette « première » sous la nouvelle direction de la S.C.R.L. Société de gestion de l’aérodrome de Saint-Hubert (http://www.sainthubert-airport.com/ ),et remerciements à leur équipe d’enthousiastes pour leur organisation. Mêlant professionnalisme et convivialité, ils permettaient le contact entre le public et les pilotes, contribuant ainsi à une promotion sympathique des sports de l’air et du très bel aérodrome ardennais.

Texte : Guy Viselé
Photos : Kevin Cleynhens

  • OO-GEX Aero AT-3R100 059 ex SP-GEX de L’école de pilotage New CAG exploite notamment un Aero AT-3R100 à Saint-Hubert. Le OO-GEX (cn 059) est de construction polonaise.

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  • Air Evasion est une des deux écoles de pilotage ULM installée sur l’aérodrome ardennais. Elle y opère ce Flight Design CT Supralight immatriculé 08-KP/F-JRXG.

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  • Un des nombreux planeurs du Centre National de Vol à Voile, le OO-ZXK Schleicher ASK-21 21511 garé devant la tour de contrôle.

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  • Le Yak 52 F-WRUH a recueilli pas mal de succès.

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  • Pas moins de deux rares Cessna L-19E Birddog étaient presents. Le F-AYAC (cn 305C-24566) avait participé à Aero Vintage en 2013 sous marques luxembourgeoises (LX-PAC) aux couleurs de on premier utilisateur, l’ALAT française.

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  • Le planeur Schleicher ASK-13 F-CCEJ (cn 13461) en configuration double cockpit ouvert.

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  • L’autre Cessna L-19E Birddog, le F-AZMX (cn 305C-4557) était peint aux couleurs canadiennes, bien qu’étant lui aussi un ancien de l’ ALAT.

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  • L’autre école ULM ardennaise, Libravia, faisait voler son magnifique XL8 08-NL F-JVRS.

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  • La météo particulièrement favorable a permis au CNVV de faire un grand nombre de vols en planeurs pendant ce week-end festif. Le Schempp-Hirth Discuss CS D-5493 (cn 184CS) est remorqué par le Piper PA-18-150 OO-VVG (cn 18-8332-18-8619).

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  • Les nez très « warbirds » des deux Yak 52.

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  • Le Piper J3C Cub OO-YOL (cn 12949-12779) est basé à EBSH et équipé d’un moteur de 90 cv.

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  • Ce de Havilland Canada DHC-1 Chipmunk F-AZJV (cn 65) est resté aux couleurs de son premier utilisateur, la Force Aérienne Portugaise. Construit sous licence par OGMA, il porte encore son code militaire FAP-1375. Ce ‘Chip’ fait partie de la ‘collection’ du 369 Squadron (www.369sqn.be).

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  • Une pièce rare, d’origine polonaise, mais immatriculé à Monaco, le 3A-MPC est un PZL-104 Wilga 35A utilisé notamment pour le remorquage de planeurs.

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  • Le superbe mono-turbopropulseur Pilatus PC-12-47E OO-PCI (cn 1380) appartient à l’European Aircraft Private Club.

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  • La promotion des activités d’écolage du New CAG, avec leur Cessna F152 OO-ANO (cn 01745) devant la tente où tous les renseignements sur « comment devenir pilote » étaient disponibles.

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  • La réplique de Nieuport 28 immatriculée LX-NIE, et marquée comme N7634 de l’US Army Air Corps de 1917, construite par Thierry Roussel, était la vedette de l’édition 2015 d’Aero Vintage.

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  • Le Piper J3C-65 Cub OO-CEK (cn 12760-10037) de Peter Kirschen a sa casserole d’hélice peinte au sigle de la Sabena (Photo Guy Viselé)

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  • Construit en 1962, le Tipsy T.66 Nipper Mk II OO-KOC (cn 56) a passé une grande partie de sa carrière en Angleterre sous les marques G-ASXI. Equipé originellement d’un moteur Stark Stamo 1400cc, il est maintenant propulsé par un Jabiru 2200.

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  • Basé à Saint-Hubert, le Pipistrel Taurus immatriculé 67-BVA est un exemplaire de ce premier planeur motorisé ULM biplace côte-à-côte à moteur rétractable. Construit en Slovénie, il est disponible en deux versions : moteur à essence de 50 cv ou moteur électrique. Il dispose d’un train d’atterrissage escamotable à deux roues et coûte environ 50% du prix d’un motoplaneur conventionnel (Photo Guy Viselé)

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  • Vue aérienne du superbe site de l’aérodrome de Saint-Hubert, réouvert depuis avril 2014. (Photo Aérodrome de Saint-Hubert)

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Guy Viselé

Pilote privé et Lieutenant-Colonel de Réserve de la Force Aérienne Belge, mais avant tout passionné d'aviation, il débute sa carrière chez Publi Air. Il passe ensuite vingt ans chez Abelag Aviation où il termine comme Executive Vice-President. Après dix ans comme porte-parole de Belgocontrol, il devient consultant pour l’EBAA (European Business Aviation Association). Journaliste free-lance depuis toujours, il a collaboré à la plupart des revues d'aviation belges, et a rejoint Hangar Flying en 2010.

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