Bruxelles, 7 janvier 2013. Quelques avions belges, tant civils que militaires, connaissent une seconde carrière après être retirés du service, et sont acquis par des musées d’aviation ou des collectionneurs d’avions ayant une valeur historique. Nous en avons retrouvé et sélectionné quelques uns, répartis aux quatre coins du monde.
A tout seigneur tout honneur, nous mentionnerons tout d’abord le plus connu des Spitfire participant aux différents shows aériens en Europe, le MH434, qui a connu une double vie (militaire, puis civile) dans notre pays. Construit comme Spitfire LF.IXC par les usines Vickers à Castle Bromwich en 1943 (cn CBAF5562) il est mis en service au Squadron 222, et piloté par l’as sud africain Alex Henshaw, qui totalise pas moins de sept victoires et demi confirmées sur cet appareil. Sa carrière belge commence déjà au sein de la RAF pendant la guerre, où il sera utilisé par le 350 Squadron en 1944, puis par le 349 Squadron. Après guerre, il passe à la Koninklijke Luchtmacht hollandaise (H-105, puis H-68) en 1947 et participe aux opérations anti-guérillas dans la future Indonésie. Réparé après un crash, il revole en Hollande en 1953 et est vendu à la Force Aérienne Belge où il est utilisé sous les marques SM-41 par l’Ecole de Pilotage Avancé de Coxyde. Il est vendu à la COGEA en 1956, immatriculé OO-ARA et utilisé comme remorqueur de cible au départ de l’aéroport d’Ostende Middelkerke. Il est acheté par le pilote anglais Tim Davies et devient G-ASJV en 1963. Il est utilisé à plusieurs reprises dans des films de guerre, et notamment en 1967 par Spitfire Productions Ltd créée par le Group Captain Hamish Mahaddie pour les besoins du célèbre film « Battle of Britain ». L’avion participe encore au tournage de différents films, dont « A Bridge Too Far », et devient en avril 1984 un des premiers appareils de la future Old Flying Machine Cy (OFMC), créée par le célèbre Ray Hanna. Il vole depuis dans les couleurs authentiques du 222 Squadron avec le code ZD-B, lorsqu’il n’est pas « déguisé » pour des besoins spécifiques (films ou autres). Il est notamment repeint en 1991 aux couleurs belges à l’occasion du 50è anniversaire du 350 Squadron. Basé à Duxford, au sein de l’Imperial War Museum, il est toujours opéré par the Old Flying Machine Cy.
Quelques rares avions de la période de la première guerre mondiale sont exposés aux couleurs belges dans différents musées. Le Musée de l’Air du Bourget présente un Farman MF-7 N°15 avec nos cocardes. Le Hanriot HD-1, dont le Musée Royal de l’Armée de Bruxelles dispose d’un exemplaire dans sa section aviation, est également présent au sein du Royal Air Force Museum de Hendon où le N°75 est exposé. Cet appareil a même été immatriculé civil dans notre pays (OO-APJ) après sa carrière à l’Aéronautique Militaire Belge. Autre survivant de cette époque exposé à Hendon, le Fokker D.VII 8417-18 est lui aussi un ancien belge, ayant été récupéré à la fin du conflit et immatriculé civil comme OO-AMH.
Surprise aussi pour les visiteurs du fabuleux musée de l’US Air Force à Dayton (Ohio): le de Havilland DH-82a Tiger Moth exposé aux couleurs de la RAF avec une immatriculation civile américaine (N39DH) n’est autre que l’ancien OO-NCN de la Miss De Vleminck qui l’a utilsé de 1955 à 1972! Toujours de l’autre côté de l’Atlantique, mais au Canada cette fois, le Musée de Toronto expose un magnifique Hawker Sea Fury TT20, le C-FGAT. Livré en 1954 à la Royal Navy (VZ365), il est vendu à la société allemande DLB qui l’utilise comme remorqueur de cible avec l’immatriculation D-CACA. Il est racheté par Eric Vormezeele qui fait une réservation d’immatriculation (OO-SFY) mais l’utilise comme source de pièces de rechange de 1975 à 1985, avant de le revendre à un collectionneur américain. Il devient N1324 avant d’être acquis par Sandy Thomson en 2000 et d’être exposé depuis 2005 en ordre de vol sous immatriculation canadienne C-FGAT au sein du merveilleux Canadian Warplane & Heritage Museum à Hamilton près de Toronto.
Le très beau Musée de Kbely, près de Prague, a récemment remis à neuf le Gloster Meteor F.8 EG-247 ‘SV-D’ qu’ils avaient obtenu il y a des années en échange du Mig-15bis exposé au Musée de Bruxelles. Pas moins de 240 Meteor F.8 ont été mis en service à la Force Aérienne, succédant aux 48 Meteor F.4, avant d’être à leur tour remplacé par les Hawker Hunter F.4, dont nous avons retrouvé un exemplaire (ID-44) dans le très beau château-musée de Savigny-les-Beaunes en Bourgogne. Autre avion de chasse utilisé en grand nombre (180) chez nous à l’époque de la « Guerre Froide », le Republic F-84F Thunderstreak fut le premier supersonique (en piqué) dans nos escadrilles. Plusieurs sont visibles en France, notamment à Savigny (le FU-45), Montelimar (Musée Européen de la Chasse, le FU-123) et Toulouse (Les Ailes Anciennes, le FU-125).
L’année 2013 marque le cinquantième anniversaire de la mise en service du Lockheed F-104G Starfighter. Si plusieurs monoplaces belges ont pu être conservés tant en Belgique que dans d’autres pays, aucun biplace n’est conservé en Belgique, et le seul des douze TF-104G dans nos couleurs, le FC-08, est visible à Savigny-les-Beaunes. Les onze autres ont soit été victimes de crash, soit transférés à Taiwan comme source de pièces de rechange en 1987. La palme du F-104G belge le plus éloigné revient au FX-82 exposé à Chino en Californie. Plus près de nous, on trouve le FX-90 à Savigny-les-Beaunes en France et le FX-60 au Flugausstellung Leo Junior à Hermeskeil en Allemagne. Ce musée, très proche de la frontière luxembourgeoise (sur la route de Trèves) comporte plusieurs autres avions belges, dont le Fouga CM170 Magister peint comme « MT-31 » mais composé de l’avant du 410 français et de l’arrière du MT41 belge, et le Dassault Mirage 5BA BA-35 déguisé en Mirage 5F français. En Ecosse, nous avons trouvé
le Lockheed T-33 FT-36 au Musée Dumfras & Galloway. Curieusement, c’est en Pologne que l’on trouve pas moins de deux de nos ex-Mirage: le BA-21 fait partie de la collection historique de la base de Deblin, et le Musée de Krakow expose le BA-03.
Dans les avions de légende, le DC-3 occupe une place unique. Construit à plus de 10.000 exemplaires, il a eu un impact historique sur le développement du transport aérien tant civil que militaire. Il a permis le redémarrage de l’aviation commerciale après-guerre, et a équipé les unités de transport militaire du monde entier.Nous avons retrouvé deux appareils ayant servi en Belgique. C’est au fabuleux Fly-in de Oshkosh aux Etats-Unis que nous avons pu photographier en vol un C-47 ayant servi au 15è Wing. Immatriculé N47SJ et repeint aux couleurs de l’USAAF avec le serial 43-48608, ce C-47B cn 14424-25869 est opéré par le Gooney Bird Group (Californie) qui l’a racheté à la Force Aérienne Israelienne (ex 1416-4X-FNN-016), qui l’avait elle-même acquis de l’Armée de l’Air française (348608). Mais auparavant, il avait servi de 1946 à 1952 comme K-11 OT-CWF au sein de notre Force Aérienne. A Sabadell, l’aéroport d’aviation générale de Barcelone (Espagne), l’ancien OO-SBK de la Sabena, revendu à Spantax (EC-ASP) au début des années soixante, et utilisé ensuite par Air Mauritanie, fait partie de la collection Fundacio Parc Aeronautic de Catalunya. Cette même association fait voler sous marques françaises (F-AZDU) un ancien Harvard III belge, le H-9 (cn 88-14949 sn 41-33932), en service chez nous de 1947 à 1958.
En aviation générale, le dernier exemplaire existant du monomoteur de tourisme Zlin 22 a été donné en 1970 en échange d’un Zlin 326 par son dernier propriétaire belge, un certain Freddy Van Gaver, au Musée de Kbely qui l’expose sous ses marques belges OO-FRE.
Comme on le voit, la visite de musées et de collections aéronautiques historiques à l’étranger peut réserver d’agréables surprises aux spotters et historiens de l’aviation belge. Bonne chasse!
Texte: Guy Viselé
Photos: Guy Viselé et Paul Van Caesbroeck