Cantalice, le 6 juin 2010. Cinquante-cinq ans après les faits, les petites têtes blondes de l’époque sont revenues sur les lieux de la catastrophe du crash du DC-6 immatriculé OO-SDB survenu le 13 février 1955.
Au départ de cette initiative, Antonio Cipolloni, un journaliste qui au moment des faits, effectuait ses premières lignes de journalistes au sein de la rédaction locale du « Il Messagerio ». Déjà en 1955, Tonino (son surnom) avait déjà évoqué l’intention de marquer le lieu du drame par un petit monument. En 2004, lors de ma visite pour les besoins de mon livre, et ensuite en 2009, quand Frans Van Humbeek et Paul Van Caesbroeck s’y rendent à leur tour, Antonio était décidé à ériger un mémorial digne de ce nom sur l’emplacement du crash sur le flan meurtrier du Mont Terminillo au lieu dit « Costa dei Cavalli » (1.650 m).
 | Photo de famille lors de l’inauguration de l’exposition. De g à dr: Frans Van Humbeek, Christian Deglas, Miss Italie/Cinéma 2009, Anne Verstraeten, Michel Morin époux de Mme Vertstraeten, Mme Como journaliste italienne, Antonio Tavani comité, et Antonio Cipolloni Président de l’organisation. (Photo: Paul Van Caesbroeck) |
Ce crash qui avait fait 29 victimes, c’est-à-dire tous les passagers et hommes d’équipage, comptait aussi parmi ses passagers une certaine Marcella Mariani, Miss Italie en 1953 et reconvertie en actrice de talent. Elle remplaçait sur le tard Sophia Loren qu’elle représentait à un bal du Ministère des Affaires Etrangères à Bruxelles.
La fatalité était donc au rendez-vous dans des circonstances particulières car l’avion connut de sérieuses perturbations météorologiques durant tout son vol, et d’autre part, certains membres de l’équipage avaient été appelés en remplacement d’autres collègues malades.
Ces 4, 5 et 6 juin 2010, la Belgique avec la complicité des Italiens de Rieti, s’était donné rendez-vous pour 3 jours de célébrations. Forte d’une très grosse trentaine de personnes, la délégation belge comptait parmi ses rangs les 3 enfants du pilote Stephan Stolz, dont les 2 fils, Marc (à l’aller) et Philip (au retour) effectuèrent tour à tour le vol Bruxelles – Rieti à bord du piper de la Sabena baptisé symboliquement pour la circonstance « Vol 503 ». Les autres familles tels que les Van Cutsem dont le père travaillait pour la Sabena, Anne Verstraeten, fille de l’avocat très réputé Charles, Denise Bernaerts dont la tante Marie-Thérèse Sempels-Lannoy trouva la mort avec ses 2 enfants Pierre et Christiane, étaient aussi présents et très bien encadrés par Johan De Cock, Président de la CAA, Michel Mandl, représentant les Vieilles Tiges, Pieter Kirschen, pilote émérite de la Sabena et auteur non seulement des vols en compagnie de Mark et Philip Stolz, mais aussi d’une prestation impeccable remplie de symbole lors de son survol à basse altitude du Mont Terminillo lors de la cérémonie finale. Yvonne Poncelet, présidente et créatrice de l’AFI était représentée d’une délégation de 11 personnes, dont une Coréenne, une Egyptienne et une Palestinienne. Enfin, il fallait aussi souligner la présence d’Isabelle Meert, Ministre conseiller de son Excellence l’Ambassadeur e Belgique à Rome, Monsieur Jan De Bock.
 | Les enfants Stolz, Philip, Mark et Patricia en compagnie de Pieter Kirschen (2ème à droite) devant l’avion de la Sabena et en arrière plan le Terminillo enneigé. |
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| La délégation belge au grand complet en compagnie du comité organisateur devant la cathédrale après l’office eucharistique. |
 | Marc Stolz, déposant les fleurs de la Sabena Old Timers au pied du mémorial. |
Certaines absences belges étaient très compréhensibles en raison de l’âge de celles-ci (les familles Groetaers, Van Vlaenderen, Franckx) ou de l’indisponibilité (Depourque, Weck, Reniers). Toutefois, leur présence symbolique était concrétisée par des fleurs et autres marques de sympathie, mais unie dans toutes les pensées.
Durant ces 3 jours teintés à la fois de tristesse et de bonheur, les familles ont à de maintes reprises eu l’occasion de rencontrer les derniers témoins de cette catastrophe, dont le premier sauveteur arrivé sur place, Luigi Rossi, qui malgré une santé fragile, a tenu à rencontrer toutes les familles et répondre aux nombreuses questions, rassurant ainsi beaucoup d’ombres qui pouvaient encore subsister sur les circonstances de la tragédie.
Trois jours intenses qui comportaient l’inauguration de l’exposition en compagnie tout aussi symbolique de l’actuelle Miss Italie/Cinéma, cérémonie protocolaire au Conseil Provincial au Palazzo Dosi, visite de la Citta et notamment des points clés lors des funérailles des victimes en 1955 ainsi qu’un magistral service eucharistique en la Basilique de Santa Maria Assunta de Rieti.
Le temps le plus fort s’est bien entendu déroulé le dimanche à Cantalice, un moment à la fois redouté par les familles pour le choc à se rendre pour la première fois à l’endroit où un de leurs parents trouva la mort, mais aussi craint par une certaine difficulté d’accès qui cependant avait été fortement amenuisé par l’équipe des Italiens. C’est cette envie de voir et comprendre qui ont permis à Philip Stolz et Denise Bernaerts, à gravir jusqu’au bout de leurs forces, les pentes Nord Ouest du Terminillo et de constater que finalement la catastrophe s’est jouée à quelques mètres à peine. Mais signe du destin, au-dessus de nos tête, veillaient la mémoire des victimes, et sous un soleil de plomb, se rassuraient que dorénavant plus aucun randonneur de montagne ne passera anonymement à cet endroit sans avoir une pensée pour les passagers et membres de l’équipage du Vol 503 du DC-6 de la Sabena immatriculé OO-SDB.
 | Bénédiction du mémorial par l’un des pères Franciscains résidant en montagne. |
 | Dorénavant cet endroit sera teinté du souvenir des victimes de la catastrophe du 13 février 1955 à côté de la croix d’Yvonne Poncelet qui fut érigé depuis de nombreuses années déjà par l’AFI. |
 | A la fin de la cérémonie, lorsque tout le monde est déjà parti, Marc Stolz a bien du mal à quitter l’endroit où son père perdit la vie. |
Texte et photos: Christian Deglas
Journaliste
